Il relate les souvenirs de ses années en prison
Par France Poirier
À 85 ans, Gilles David a décidé de coucher sur papier les confidences reçues alors qu’il était travailleur social et psychothérapeute dans les pénitenciers. Ce projet de livre, il le doit à la pandémie. Il voulait un projet pour passer le temps. Le livre Souvenir de mes années en prison est sorti en juillet.
L’auteur a travaillé pour les services sociaux à la DPJ pendant 18 ans et comme psychothérapeute de 1991 à 2012 au Service correctionnel. Il a oeuvré auprès des adolescents, par la suite avec des prisonniers.
Pourquoi avoir écrit ce livre?
« Je trouvais que la population en général connaissait mal le milieu carcéral et les détenus. C’est quoi vivre en prison? Qu’est-ce qui nous rend durs et indifférents envers ces hommes ? Pendant les 22 ans où j’ai travaillé auprès des détenus, j’ai souvent entendu des témoignages touchants, vrais, révélateurs par ces hommes qui m’ont fait comprendre pourquoi ces gars-là s’étaient retrouvés en dedans et comment ils devaient travailler pour réparer et changer leur vie. C’est ce que j’ai voulu dévoiler. »
Il ajoute que la population ne sait pas ce qui se passe en milieu carcéral. On ignore que beaucoup d’activités sont accessibles et que les détenus ont accès à beaucoup de services. « Un détenu qui refuse des services de thérapie, par exemple, qui pourraient l’aider dans sa réhabilitation, aura des conséquences sur la durée de sa sentence. Peu de gens savent ça. L’entraide entre eux c’est extraordinaire. J’en ai vus qui s’en sont sortis. J’ai travaillé dans des pénitenciers à sécurité minimum, je n’ai jamais travaillé au maximum, je ne pourrais pas comparer. Plus la sentence est longue, plus c’est difficile, c’est certain. »
Il explique que le rôle du personnel, tant les agents de correction que les thérapeutes, est important auprès des détenus.
Que peut nous apporter ce livre?
« Ce livre nous invite à apprécier combien la vie nous a choyés, tout ce que la vie nous a donné. Entre autres, le privilège de vivre librement. Pourquoi nous et pas eux autres ? »
« Je souhaite que les gens adoptent une certaine nuance envers ces personnes. Il y a des mesures d’aide relationnelles qui peuvent les aider grandement à s’en sortir. »
Est-ce qu’on devrait mieux travailler auprès des enfants qui subissent des sévices? Selon lui, on ne réglera jamais les problèmes complètement. « Améliorer le système scolaire, le système de la DPJ, le système sportif, ça pourra aider. Mais malheureusement je crois qu’on n’aura jamais un système parfait. »
À qui s’adresse le livre?
« Aux hommes actuellement en prison, pour qu’en lisant les témoignages décrits dans celui-ci, ils réalisent que c’est possible de s’en sortir et qu’ils trouvent le courage et la force de travailler à leur réhabilitation. Par ce livre je m’adresse aussi aux familles des détenus et à tous ceux qui les aident pour qu’ils gardent espoir, patience et compassion envers ceux qui sont en prison. Enfin, je m’adresse à la population en général pour faire connaître ces hommes et nous aider à mieux comprendre plutôt que de juger. »