« Ghost » : Vivre le moment présent
Par Daniel Calvé
Au Théâtre Gilles-Vigneault
Le 26 février prochain, l’œuvre de danse intitulée Ghost sera de passage au Théâtre Gilles-Vigneault. Il s’agit de la toute dernière création de la compagnie Tentacle Tribe fondée en 2012 par Emmanuelle Lê Phan et Elon Höglund. On s’entretient avec Emmanuelle, aussi chorégraphe et interprète de la pièce.
Cette création met en vedette ce que qualifie la chorégraphe de six des meilleurs danseurs de rue de Montréal. « Ghost, à la base c’est un sextuor qui a été inspiré par certaines techniques de respiration », explique-t-elle.
« Catching the ghost »
À travers la pièce, Emmanuelle m’explique que les danseurs tentent de découvrir l’état ils peuvent atteindre grâce à la respiration. « On danse en symbiose ce qui signifie que si on enlève une personne, la machine s’écroule. On est tous dépendants un de l’autre, interconnectés », ajoute-elle. Le titre fait référence à l’expression utilisée en danse de rue, « catching the ghost », qui signifie d’être dans la zone. « Tu es connecté à tes mouvements, tu ne penses plus et tu laisses couler ta créativité par le lieu de ton corps », définit l’interprète.
L’œuvre est aussi caractérisée par un mélange de plusieurs styles: breakdance, pop, contemporain, contact, Capoeira. Emmanuelle Lê Phan est elle-même très polyvalente. À la base, elle faisait de la danse contemporaine, mais elle est aussi b-girl, terme faisant référence à un style de danse de rue et souvent associé à celui de breakdancer. « J’ai fait beaucoup de battle et beaucoup de compétitions », affirme l’artiste.
Tous ensemble
Emmanuelle m’explique que dans le style urbain, il s’agit à 100% d’improvisation à travers de laquelle des concepts sont utilisés. Souvent, c’est en solo. « Notre but est de transmettre ces concepts-là à plusieurs corps pour que l’on puisse former un organisme, tous ensemble. »
Pourquoi avoir choisi comme nombre, six danseurs? « On voulait continuer à danser, Elon et moi. Alors si on choisit deux hommes et deux femmes, il y a un équilibre. C’est un bon numéro pour faire des trios ou des quatuors. Aussi, on trouve que c’est important d’avoir le ballant entre l’énergie féminine et masculine. »
Emmanuelle et Elon ont longtemps fait des duos. C’est dans les dernières années, qu’ils ont transigé vers une compagnie de groupe. En 2017, tout juste avant Ghost, la compagnie a mis sur pied leur première pièce de groupe, Threesixnine. « On l’a fait vraiment rapidement. Elle est moins développée que Ghost où on est réellement entré dans la recherche et la création. » En effet, ça été un long processus pour cette création qui a débuté dès 2017 et dont les tournées devraient s’échelonner jusqu’en 2022.
La danse, un langage universel
« C’est drôle parce qu’on revient d’une tournée des maritimes et le feedback du public, c’est qu’ils ont toujours des interprétations vraiment intéressantes et diverses. C’est ça qui est beau avec la danse, de voir toute sorte de messages », raconte la chorégraphe. La danse est en effet un langage universel libre à toutes les interprétations.
« Nous à la base, ce qu’on voulait, c’est d’amener le public à respirer avec nous. Être dans le moment. Je pense que c’est ça qui est beau avec la danse, c’est qu’il n’y a pas de mots, il n’y a pas d’histoire. On est souvent cérébral dans notre vie de tous les jours, et juste de voir du mouvement et d’apprécier quelque chose qui est plus corporel, c’est magnifique », conclut Emmanuelle Lê Phan.