J’ai de la musique pour toi : Folle naïveté

Par Simon Cordeau

Chère Marie-Catherine,

Ta dernière liste de lecture m’a fait un bien fou. Il est bon parfois de se sortir du maelström de l’actualité, pour se ressourcer dans un espace calme et serein. Cette semaine, je l’ai trouvé dans la musique duveteuse que tu m’as recommandée.

J’ai dû écouter les deux albums d’Alexandra Stréliski, Pianoscope (2010) et INSCAPE (2018), des dizaines de fois. C’est tellement facile et doux de les faire jouer en boucle, comme trame de fond, et de se laisser habiter par ce piano. On sent sa présence, comme si Stréliski jouait juste à côté de nous.

Je connaissais peu Matt Holubowski. Love, the Impossible Ghost est un morceau très touchant, sans être larmoyant. Eyes Wider est plus rythmé et pop, sans être trop énergique. Ils nous transportent doucement. Ils me rendent nostalgique de ces conversations à voix basse sous les étoiles, à la fin d’une soirée d’été, quand les autres sont partis ou couchés.

Tu m’écris : « Choisir des morceaux dans le répertoire de Daniel Bélanger est une tâche ardue. » Voilà qui est trop vrai! Toute sa musique est emmêlée à mes souvenirs, qu’ils soient doux ou amers, intimes ou partagés avec des centaines d’inconnus. Te souviens-tu de cette époque révolue, où il y avait encore… des spectacles? N’empêche, les « six milliards de solitudes » de Dans Un Spoutnik (qui précède Tu Tombes sur l’album Rêver Mieux (2001)) prennent aujourd’hui un sens encore plus poignant.

Je ne sais pas, par contre, comment j’ai manqué la sortie de Travelling l’année dernière. Mes excuses, Daniel! J’ai adoré Froide était la gâchette, qui a un aspect fantomatique, une atmosphère presque hantée, avec les résonances d’un saloon qui rappellent Ennio Morricone. Belle surprise!

J’ai… apprécié Charlotte Cardin. Sa version de Fous N’importe Où est moderne et actuelle, avec des percussions un peu sèches. Mais pour moi, la version originale demeurera éternellement indétrônable.

Enfin, Geoffroy est passé un peu inaperçu à ma première écoute, je dois avouer. Il y a bien quelque chose d’hypnotique et d’accrocheur, d’intime aussi, lorsqu’on s’y attarde. Mais il n’est pas parvenu à faire sa marque en moi, après les morceaux célestes qui le précède dans ta liste de lecture.

Liste de lecture de Marie-Catherine

  1. Alexandra Stréliski – The Quiet Voice
  2. Alexandra Stréliski – Blind Vision
  3. Matt Holubowski – Love, the Impossible Ghost
  4. Matt Holubowski – Eyes Wider
  5. Daniel Bélanger – Tu Tombes
  6. Daniel Bélanger – Froide était la gâchette
  7. Charlotte Cardin – Fou N’importe Où (avec CRi)
  8. Charlotte Cardin – Sad Girl
  9. Geoffroy – When Everything Is Gone
  10. Geoffroy – 21 Days

Durée : 41 minutes

Écoutez la liste de lecture de Marie-Catherine sur notre compte Spotify du journal, en cliquant ici !

Quant à moi, après tout ce velours, j’ai envie de folie. J’ai envie d’exaltation et d’enthousiasme débridé. Je te propose donc une compilation naïve, jouissive et tonitruante. Nous en avons grandement besoin. Après tous ces mois de noirceur et d’attente, nous y avons droit.

Je commence avec Attention mesdames et messieurs, de Michel Fugain & Le Big Bazar. Cette ouverture symbolise toute l’anticipation joyeuse que j’ai ressentie lorsque Dubé a, enfin, annoncé la vaccination pour tous. Comme le début d’un prodigieux spectacle à venir.

Je poursuis avec quelques morceaux habités d’un bonheur débordant. L’amour aveugle et passionné de Les Deux Printemps me fait toujours l’effet d’un coup de foudre. L’admiration juvénile et l’enthousiasme de Cavalière me font sourire à tout coup. J’ai un amour invétéré pour les BB, et ceux qui les trouvent quétaines ne savent pas s’amuser. Pareil pour la candeur de Damien Robitaille, en particulier sur Mot De Passe.

En fait, je suis même prêt à plonger dans l’absurde avec Turbo sympathique, un classique des Trois Accords que je dois connaître par cœur. Et pourquoi ne pas tomber dans le pur délire, avec Fantastique des Denis Drolet? Quoique… je crois enfin comprendre leur euphorie que « les magasins sont ouverts très tard ce soir »! Parfois, j’ai l’impression que la réanimation de nos rues, après la pandémie, ne sera pas moins étrange que ce mythique morceau.

Peut-être que j’ai juste besoin de me sentir de nouveau comme un adolescent. Il faut dire que depuis un an, j’écoute les conférences de Legault-Arruda-Dubé comme Brel qui attend désespérément, semaine après semaine, sa Madeleine « qui n’arrive pas ». Trop souvent mon optimisme s’est retrouvé mêlé à l’amertume, comme le tonitruant Dans les yeux d’Émilie de Joe Dassin. Et c’est parfois difficile de garder la même insouciance gaie que Joe, qui va Siffler sur la colline.

Mais cette semaine, j’ai sifflé. J’ai rempli mes oreilles avec la joie contagieuse de Dixie. Ce morceau d’Harmonium est un incontournable du printemps, qui ensoleille même les jours pluvieux.

Je termine ma liste avec quelques morceaux cathartiques, explosifs et remplis d’énergie brute. D’abord, La transe d’Au gré des saisons de Dumas. Ensuite, la guitare abrasive et l’électro lumineux de Piste 1 du groupe méconnu Galaxie. Enfin, le hurlant Magique de We Are Wolves. Tout pour fêter et lâcher son fou!

Bientôt. L’été est tout près. Il nous attend depuis si longtemps.

J’espère que mon enthousiasme sera contagieux, et j’attends avec impatience ta prochaine lettre.

Liste de lecture de Simon

  1. Michel Fugain & Le Big Bazar – Attention mesdames et messieurs
  2. Daniel Bélanger – Les Deux Printemps
  3. Les BB – Cavalière
  4. Damien Robitaille – Mot De Passe
  5. Les Trois Accords – Turbo sympathique
  6. Les Denis Drolet – Fantastique
  7. Jacques Brel – Madeleine
  8. Joe Dassin – Dans les yeux d’Émilie
  9. Joe Dassin – Siffler sur la colline
  10. Harmonium – Dixie
  11. Dumas – Au gré des saisons
  12. Galaxie – Piste 1
  13. We Are Wolves – Magique

Durée : 41 minutes

Écoutez la liste de lecture de Simon sur notre compte Spotify du journal, en cliquant ici !

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