Crédit photo : Peter Mueller

FASS : Le pouvoir dans toute sa délicatesse

Par Simon Cordeau

Dans le cadre du Festival des Arts de Saint-Sauveur (FASS), la chorégraphe québécoise Hélène Simoneau présentera la pièce Delicate Power, le 3 août à 20 h. Elle y explore les différentes facettes du pouvoir, et comment celui-ci peut aussi être délicat. Entrevue.

« Le mot « délicat » a peut-être une connotation de faiblesse ou de fragilité. […] Des personnes me disent que ces deux mots sont un peu en conflit. Je réponds que non : on doit plutôt réexaminer notre façon de percevoir le pouvoir », explique Mme Simoneau. En créant sa pièce, la chorégraphe s’est intéressée aux « autres façons d’habiter le pouvoir », dont celles qui sont plus subtiles ou introverties.

Exprimer et reconnaître

Delicate Power est une oeuvre pour sept interprètes, toutes des femmes. « C’est un spectre d’exploration sur le pouvoir dans le corps féminin. Il y a des parties très intenses, où la musique est forte. Mais il y en a d’autres qui montrent c’est quoi avoir du pouvoir, mais de manière plus restreinte avec le corps », explique Mme Simoneau.

Cependant, cette exploration ne se limite pas à la féminité, souligne la chorégraphe. « En général, on reconnaît moins le côté féminin du pouvoir. Mais ça pourrait facilement être des personnes non-binaires ou des hommes. » C’est pourquoi il était important pour elle non seulement d’exprimer les différentes formes de pouvoir, mais aussi que celles-ci soient reconnues. « Souvent dans la société, on reconnaît les gens qui parlent plus fort, plutôt que ceux qui choisissent leurs mots et qui attendent le bon moment, qui ont de la délicatesse. C’est pourtant un grand pouvoir, mais on le reconnaît peut-être un peu moins », illustre Mme Simoneau.

Aussi, durant la pandémie, elle connaissait beaucoup d’interprètes féminines sans travail. « Il y a beaucoup plus de compétition pour les femmes que pour les hommes, dans la danse. Et créer une pièce est un processus assez long. Avec la pandémie, on répétait, on arrêtait, on répétait, on arrêtait. Ça me prenait des collaboratrices qui étaient libres et qui voulaient s’engager à plus long terme », raconte la chorégraphe.

Être soi parmi les autres

Hélène Simoneau FASS
La chorégraphe québécoise Hélène Simoneau fera sa première performance au Québec en 10 ans. Crédit photo : Whitney Browne

Par ses oeuvres et son style, Hélène Simoneau explore la proximité, l’intimité et les frontières de l’espace corporel. Comment on entre en relation les uns avec les autres est aussi un thème récurrent, qu’elle adore explorer. « Je viens d’une grande famille. J’ai huit frères et soeurs. Ç’a toujours été un besoin pour moi, d’exprimer mon individualité et en même temps d’être généreuse dans un groupe », illustre la chorégraphe.

Cette dualité, entre individualité et collectivité, est également représentée dans Delicate Power. « On peut être un membre actif d’un groupe, qui tient au bien-être du groupe, mais sans s’effacer soi-même, être homogène ou pareille aux autres. » Mme Simoneau donne l’exemple du design des costumes, qui se complémentent. « On a parlé avec chaque danseuse individuellement. « Toi, dans quoi te sens-tu bien ? Qu’est-ce qui te fait sentir puissante ? » »

Revenir chez soi

Pour Hélène Simoneau, il s’agira de sa première performance au Québec depuis 10 ans. « Ce sera la première fois que je partage mon travail avec un public québécois. Je suis très reconnaissante à Guillaume [Côté, directeur artistique du FASS] de m’avoir invitée. Ça arrive à un moment de transition dans ma carrière », se réjouit-elle.

« Je suis revenue à Montréal depuis la pandémie. Ma vie personnelle est à Montréal, mais mon travail est encore à New York. » Travailler aux États-Unis lui a permis de trouver des contrats et des projets, et de « gagner [s]a vie à temps plein comme chorégraphe », raconte-elle. « Pour travailler et avoir du succès, un moment donné dans sa carrière, il faut passer par New York. » Mais la vie à New York est plus difficile, confie-t-elle. « Je voulais retrouver ma famille, parler français tous les jours, me retrouver dans ma culture. Et il y a vraiment une meilleure qualité de vie à Montréal. »

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