Entrevue avec Yannick Nézet-Séguin et Guillaume Côté
La fin d’une expérience unique et enrichissante
En mars dernier, Guillaume Côté, directeur artistique du Festival des Arts de Saint-Sauveur, a eu cette idée de faire un festival entière-ment en ligne pour l’édition 2020, un concept qui a pris de l’ampleur et qui a dépassé ses attentes. Arrivés maintenant au dernier tournage qui se déroulait le 16 juillet, le danseur ainsi que son collaborateur et ami, Yannick Nézet-Séguin, chef de l’orchestre métropolitain de Montréal, commentent cette expérience unique.
Nous en sommes maintenant à la fin des tournages des films, comment s’est déroulée cette édition du festival ?
Yannick : L’idée était formidable, mais j’ai l’impression que ça a vraiment grandi, c’est devenu super ambitieux ! Dès le début, lorsque nous avons filmé avec Marie Chouinard, nous avons vu le ton que ce projet allait suivre – assez grand ! Pour moi, c’est une des choses les plus intéressantes que j’ai eu à faire dans ma vie. C’est rare d’avoir dans une période aussi concentrée, 10 chorégraphes qui se font commander des chorégraphies et 10 compositeurs des œuvres, tout cela réuni dans un film avec la nature. En plus, j’ai pu réaliser mon petit bonheur : jouer au lieu de diriger !
Guillaume : Ça a créé un effet boule de neige, tout le monde a embarqué et c’est devenu de plus en plus complexe. En fait, au début, on pensait avoir 2 ou 3 scènes, puis on s’est rendu à 10 scènes différentes ! On pensait aussi que tous les chorégraphes danseraient leur propre œuvre, mais finalement, certains ont choisi des danseurs pour les interpréter.
Il y a longtemps que vous collaborez pour le festival, comment avez-vous aimé travailler sur ce projet ensemble ?
Guillaume : J’ai vraiment aimé la réaction de Yannick la première fois qu’il a vu ma chorégraphie : il croyait qu’on allait plus créer chacun notre œuvre de notre côté, mais il a été très surpris de voir comment la chorégraphie et la musique allaient tellement ensemble.
Yannick : En effet, la chorégraphie était vraiment détaillée sur la musique et il fallait vraiment le sentir en même temps, mais on a seulement eu une répétition ensemble, ce qui est assez extraordinaire ! Au final, nous avons un résultat incroyable, je crois.
Yannick, vous êtes très présent à l’international, qu’est-ce que vous aimez du festival à Saint-Sauveur ?
Yannick : En tant que musicien classique, participer à un festival qui a comme vocation première la danse est quelque chose qui nous attire parce que ce sont deux types d’art qui vont ensemble. Il y a pourtant très peu de festivals qui offrent cet équilibre entre les deux. Il y a aussi la qualité de la programmation qui est très élevée, notamment depuis l’arrivée de Guillaume et Étienne Lavigne à la direction. Pour tous les musiciens également, faire des concerts en nature, c’est vraiment unique et inspirant. Surtout aujourd’hui : avoir un piano à queue à côté de la forêt et un plancher de danse sur le sommet d’une montagne, c’est tout simplement formidable ! Même si le public nous manque cette année, il faut voir les bons côtés.
Depuis le 5 juillet dernier, le Festival des Arts de Saint-Sauveur a présenté chaque dimanche une création commune d’un chorégraphe et d’un compositeur sous la forme d’un court film. Ce dimanche 6 septembre est la dernière présentation dans laquelle on pourra y voir Guillaume Côté et Yannick Nézet-Séguin performer ensemble sur la composition d’Éric Champagne, un rendez-vous à ne pas manquer sur le site web du festival.