(Photo : William Arcand)

Écouter le lever du jour

Par Marie-Catherine Goudreau

De douces notes de piano se font entendre. Lentement, l’orchestre se réveille. Quelques violons percent comme les premiers rayons du soleil. Les flûtes rappellent l’air frais du matin. Avant qu’on s’en rende compte, la musique habite tout l’espace. Je me lèverais tous les matins avec le dernier album de Jean-Michel Blais, aubades.

Le pianiste présentera son nouveau spectacle au Théâtre Gilles-Vigneault le 28 février prochain. aubades est le premier album de Jean-Michel Blais en tant que compositeur. Après ses trois derniers albums solo (II, Dans ma main et Matthias & Maxime), le pianiste nous amène dans un univers instrumental empreint de sensibilité et de douceur.

« Je pense que l’album arrive à un bon moment. On déconfine, il y a de l’espoir et ça commence à sentir le printemps. Les gens en ont besoin, je crois », souligne Jean- Michel Blais, en entrevue avec le Journal.

Célébration du matin

« Aubade » est un terme qui réfère au MoyenÂge et à la musique du matin. C’est une célébration du jour qui se lève, alors que les amants se séparent. aubades représente aussi « toute l’énergie et la puissance du matin », explique le compositeur.

L’idée de renaissance et d’espoir est présente tout au long de l’album. Dans la pièce nina, qui porte sur un bébé naissant, Jean- Michel Blais souligne le début de la vie. Dans absinthe, il voulait plutôt rappeler les nuits blanches qui se terminent au lever du soleil.

« C’est une autre façon de voir un lever du soleil. J’ai joué avec ces notions-là. Je pense que les pièces reflètent cette énergie du matin, quand ça fourmille. »

Un rêve enfoui

Si la composition pour un orchestre était dans les rêves de Jean-Michel Blais depuis longtemps, il n’avait pas prévu le faire avec cet album. C’est quelque chose qui prend du temps, selon lui. Il a d’abord demandé à d’autres d’arranger des pièces, mais finalement il a préféré prendre le temps et le faire lui-même. « J’ai réveillé un vieux rêve », dit-il.

« Je m’en allais vers un autre type d’album. Mais je me suis retrouvé seul chez moi, avec une rupture, la fin d’une tournée, la pandémie. J’avais été évincé de mon appartement et je me suis retrouvé dans un autre, trop grand », explique-t-il. Il a donc transformé une pièce en studio.

Le confinement, et surtout le fait d’avoir du temps, a été le moment parfait pour le pianiste de se plonger dans la composition. « J’avais envie d’explorer d’autres avenues avant de retourner à un album solo au piano. »

Il a donc écouté plus de 500 extraits de chansons qu’il avait créés durant les deux dernières années. Puis, c’est l’orchestre qui est ressorti. « Au début, j’écrivais pour un orchestre de 60 à 120 musiciens. Je me suis dit que je voulais quelque chose de réaliste à l’échelle humaine. J’ai pris chacun de mes instruments favoris et j’ai créé cette espèce d’ensemble imaginaire, qui est devenu réalité », souligne-t-il.

Au final, c’est donc 12 musiciens, dirigés par Nicolas Ellis, assistant de Yannick Nézet- Séguin à l’Orchestre métropolitain, qui ont participé à l’album. « Ç’a été un énorme travail d’équipe. Je n’ai fait que la base. »

Jean-Michel Blais a appris les bases de l’orchestration par lui-même, avec l’aide de livres et d’amis. « C’est vraiment de rencontrer les musiciens – chacun maitre de son instrument – qui a nourri ma composition. Ils m’envoyaient des conseils, on s’échangeait des idées. »

À mi-chemin

Depuis la sortie de l’album le 4 février dernier, le compositeur est surpris par l’enthousiasme du public. « Je me disais que les gens allaient être réfractaires, comme c’est un peu plus classique. Pourtant, je n’ai jamais eu autant de couverture et d’engouement ! »

L’opus est une rencontre entre la pop et le classique, croit Jean-Michel Blais. « On est à la mi-chemin entre les deux. » La présence de plusieurs instruments permet d’entrer dans un langage plus large et subtil, explique-t-il. Pour chacun de ceux-ci, il a voulu leur « donner une place, une couleur, des textures ».

Un baume pour le coeur

« Il y a toujours de l’espoir dans mes trucs, mais là il y a de la joie, de la lumière. C’est brillant et solaire », constate l’artiste. Avant tout, c’est pour lui-même qu’il a composé cette musique, alors que le confinement pesait sur lui. « C’est la musique qui m’a accompagné pour me sortir de l’ennui et de la solitude. »

« Si ça peut permettre aux gens de croire en eux, de relever des défis et d’être optimistes par rapport à leur propre situation, je suis hyper content », souligne Jean-Michel Blais.

Aubades dans les détails

Sur la pochette de l’album, on peut voir la forêt qui se réveille au printemps. L’illustration est comme une tapisserie, explique Jean-Michel Blais. « La musique classique est devenue une forme de tapisserie avec le temps. C’est quelque chose à l’arrière-plan, qu’on ne voit pas trop et qu’on ne comprend pas trop. » Puis, en prenant le temps d’observer, on découvre toutes ses subtilités. Les papillons rappellent la transformation du pianiste en compositeur, les boutons d’or juste avant d’ouvrir représentent l’épanouissement et les fougères rappellent les têtes de violon.

Jean-Michel Blais sera en spectacle au Théâtre Gilles -Vigneault à Saint-Jérôme le 28 février prochain. Le spectacle est présenté à pleine capacité. Billets disponibles en ligne : theatregillesvigneault.com

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