District 31, les plateaux de tournage et le confinement

Par Journal-le-nord

Discussion avec Fabienne Larouche

En raison de la Covid-19, les adeptes de District 31 ont dû vivre un certain deuil dans l’attente des prochains épisodes. À cet effet, on s’est questionné à savoir comment la crise transforme et impacte le milieu de la télévision. Qui de mieux pour nous en parler que la productrice de cette émission quotidienne regardée par près de 2 millions de Québécois chaque soir, Fabienne Larouche. Résidente des Laurentides et confinée chez elle à Saint-Sauveur, elle répond à nos questions!

Comment vivez-vous personnellement le confinement?

Il faut dire que je suis d’abord scénariste et que ceux dont le métier c’est d’écrire ont l’habitude d’être seuls, reclus chez eux, dans leur bureau. Être auteur c’est accepter la solitude, je dirais même que c’est une nécessité. Sans tranquillité, on ne peut pas écrire. De ce côté-là, la pandémie n’a pas changé grand-chose. Et comme mon travail de productrice m’impose de suivre le travail d’autres auteurs, je consacre mes journées à cet aspect du travail qui est préalable aux tournages.

En tant que productrice, comment s’est adapté votre rôle?

Le printemps est dédié surtout aux textes, aux auteurs, donc je n’ai pas cessé de travailler. Ce qui a changé c’est le travail de planification et d’organisation pour la production et la post-production, de même que pour la diffusion éventuelle. Reste qu’une grande part d’incertitude flotte sur notre univers, comme sur beaucoup d’autres. Nous faisons donc beaucoup de plans en fonction du moment où l’activité reprendra réellement.

Quelles sont les conséquences sur l’industrie de la télévision?

Ça dépend des secteurs. Dans le milieu de la télévision nous disposons d’une certaine marge parce que notre travail s’échelonne sur des années, que nos séries peuvent être programmées à différents moments. Le projet le plus complexe pour nous c’est bien entendu le tournage et la diffusion de District 31, parce que c’est une quotidienne et que nous n’avons pas de marge avec le temps. Nous avons besoin de toute une année pour produire la série, de l’écriture à la livraison des épisodes.

Quels sont les impacts plus précisément sur le développement des séries télévisées ou des films que vous produisez? Risquons-nous de vivre éventuellement un « vide » sur nos écrans?

Tout dépend de la durée du confinement et des contraintes associées à la pandémie. Par exemple, tant que la nécessité du « 2 mètres » de distanciation perdure, nous ne pouvons pas tourner puisque les comédiens se touchent, s’embrassent, mettent en action les diverses situations de la vie quotidienne « normale ». Mais si nous ne pouvons pas tourner cet été, les saisons de télévision seront grandement perturbées. Il y a peut-être des solutions, comme « tester » à chaque jour, ou le confinement des membres de l’équipe pendant les tournages. C’est possible pour les productions courtes, mais pas pour District 31. Cela dit on ne sait pas, tant que l’avenir ne sera pas un peu plus précis.

L’industrie pourrait-elle être transformée à court, moyen ou long terme par la crise actuelle?

Non, impossible. On ne refera pas la roue. Pas dans le domaine des séries télévisées. Ni au cinéma. Dans des temps comme ceux que nous vivons présentement, on pense que tout sera bien différent après, mais ce n’est pas mon impression. Une fois la Covid-19 contrôlée, tout le monde reviendra à ses habitudes et pratiques parce que ce sont elles qui sont éprouvées et les plus commodes. Mais nos problèmes sont si peu de choses comparés à ceux des CHSLD, de leur clientèle et des familles. Pas besoin non plus d’insister sur le climat « de guerre » dans le milieu de la santé. C’est terrible.

Auriez-vous une primeur à nous offrir au sujet de District 31?

La seule primeur que je peux donner, c’est que les 4 derniers épisodes vont transformer le District 31 pour toujours. Nous espérons pouvoir les tourner cet été et les offrir au début de l’automne prochain.

Comment rêvez-vous le monde d’après?

Je rêve peu, ça me fait peur. Je préfère la réalité. Elle est souvent jolie et pleine d’espoir. L’humanité est belle, malgré la laideur passagère. Il faut lui faire confiance.

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