Des bribes d’histoire sur les murs de l’ancienne caserne
Les 25 portes et fenêtres de l’ancienne caserne d’incendie à Saint-Jérôme, qui étaient placardées, sont maintenant ornées de photographies d’archives depuis la fin septembre. Ces souvenirs de la ville ont été retravaillées par l’artiste Isabelle Gagné.
L’œuvre Marché des confluences est le fruit d’une collaboration enrichissante avec Histoire et Archives Laurentides, qui a aidé l’artiste à trouver des images de la ville au début du 20e siècle. « Histoire et Archives Laurentides tiennent des petits trésors sur l’histoire de notre région », souligne Mme Gagné. Lors de ses recherches, des gens étaient sur place pour lui raconter qui était sur les photos et l’histoire autour de celles-ci. « J’ai été extrêmement surprise, émue et inspirée. »
Parmi les images que l’on peut observer, il y a le premier policier de la Ville de Saint-Jérôme ou encore la première équipe de pompiers qui a travaillé à la caserne. On retrouve aussi des images des gens au quotidien à l’époque, ce que l’artiste a voulu recréer. « Il y a une collection particulière où j’avais vraiment l’impression que je me promenais sur la rue », explique l’artiste. À l’époque, il y avait aussi un marché public à cet endroit.
Souvenirs effrités
Dans son travail, Isabelle Gagné déconstruit l’image de base pour y ajouter d’autres éléments qui proviennent du web. Ses œuvres sont travaillées à l’aide d’un dispositif qu’elle a créé et qui donne un résultat unique. « Pour cet œuvre, je me suis plutôt concentrée sur la détérioration du souvenir et de la mémoire », illustre-t-elle.
Quand on regarde l’image, il manque certains éléments et des parties de la photographie. « C’est comme si je te demandais de te rappeler d’un souvenir quand tu avais 4 ans. Tu t’en souviens, mais il manque des éléments. » C’est cette mémoire partielle qu’elle a voulu transposer dans l’œuvre. « Ça se rapproche aussi des photographies prises au début du siècle. Les photos sont floues et manquent de détails. »
À travers chaque image, on retrouve des bandes sur lesquelles on voit apparaître d’autres détails. « Je voulais ajouter des bouts d’histoire avec une bande qui vient préciser le souvenir », explique-t-elle. Par exemple, sur une image d’un homme barbu, une bande laisse apparaître un cheval. À l’époque, les chevaux étaient gardés au premier étage de la caserne.
Devoir de mémoire
L’artiste s’intéresse depuis longtemps aux archives. Dans ses débuts, elle travaillait et documentait beaucoup le paysage autour d’elle à Mirabel, où elle habite. « Mais le paysage a disparu, pour devenir des tours de condos ou des grands magasins. J’ai réalisé qu’on avait peut-être un devoir d’archiver ces paysages qui n’existent plus. » Selon elle, il y a trop d’archives qui sont en dormance et auxquelles nous n’avons pas accès. « Je trouve ça intéressant de puiser là-dedans et de les remettre sur le web avec un regard plus actuel », conclut-elle.
Rendez-vous au 337, rue Saint-Georges à Saint-Jérôme pour contempler l’œuvre !