Burn Baby Burn : La flamme qui nous habite
Par Simon Cordeau
Le spectacle Burn Baby Burn sera présenté en première au Festival des Arts de Saint-Sauveur (FASS) le 2 août. « C’est à propos de la flamme qu’on a en soi. Si on ne contrôle pas cette énergie-là, on peut en perdre le contrôle, comme c’est le cas pour l’environnement ou la consommation. C’est quelque chose qui me fait peur. Mais en même temps, on a l’ambition de changer les choses. Cette flamme peut nous motiver à réconcilier notre relation avec la nature », explique Guillaume Côté, créateur du spectacle et directeur artistique du FASS et de la compagnie Côté Danse.
« Mal utilisée, notre flamme peut faire de grands dommages, tant à l’environnement qu’aux gens autour de soi. Mais bien gérée, elle peut devenir magnifique. » Il en va de même dans les relations personnelles, ajoute M. Côté. « Quand la flamme est allumée, il ne faut pas s’y perdre. »
Les danseurs sont neuf sur scène, avec des costumes d’Yso South. « Iel est fantastique, avec une approche minimaliste », souligne M. Côté. Des cendres pleuvront sur la scène, avec un éclairage travaillé et beaucoup de déplacements. « Le spectacle sera plein de danse et extrêmement physique. Avec le titre Burn Baby Burn, il y aura un peu de Disco Inferno, avec le côté satirique de ça. Et en même temps, ce sera tragique. […] On promet que ça va être une soirée chaude et complète. »
La planète surchauffe
La pièce abordera aussi les changements climatiques et notre déni face à eux. « On a tendance à repousser cette idée. Des fois, on se laisse emporter par cette flamme-là. »
C’est pourquoi le chorégraphe veut aborder le sujet de façon positive. « Il faut parler des solutions qui fonctionnent. C’est tellement important de se concentrer sur la puissance humaine, sur son ambition. Notre flamme à nous, comme individus, peut avoir un gros impact sur le monde entier, si on la nourrit », illustre-t-il.
Selon M. Côté, on est en train de perdre « la beauté sublime de l’humain » alors que notre rapport à la nature se détériore. « Il y a une simplicité animale de l’humain, qui se distancie de plus en plus d’avec la nature, alors qu’elle devient de plus en plus hostile. »
L’art qui embrase
Avec Burn Baby Burn, le chorégraphe souhaite faire de « l’artivisme », mot-valise pour « art » et « activisme ». « C’est vraiment à propos d’allumer la flamme, de montrer sa beauté extrême sur scène, et d’inspirer les gens à contribuer à des causes, à s’impliquer. »
Pour Guillaume Côté, l’art est d’abord une façon de communiquer et de discuter. « Il y a quelque chose dans les arts qui montre que la beauté, des fois, c’est assez. Juste de voir quelque chose de magnifique va t’inspirer à t’impliquer, à prendre soin de toi, de ta communauté, de tout. » Il souligne aussi qu’il est plus intéressant d’aborder l’art comme une expérience, plutôt que tenter de le comprendre. « C’est de connecter entre humains. Et la danse, il n’y a rien de mieux que ça. »
L’artiste ajoute que l’art provoque quelque chose d’introspectif dans l’auditoire. « Je suis là. Il y a un moment qui me touche, qui me rend inconfortable, qui me fait me questionner. Je regarde en-dedans de moi. Je cherche ce que ça veut dire pour moi. Il y a un cheminement personnel. […] Et il faut se laisse emporter. Si on essaie de critiquer, de voir, de comprendre, d’expliquer, c’est là qu’on tombe dans la frustration », soutient-il.
Enfin, M. Côté rappelle l’importance de sortir de sa zone de confort et de se laisser surprendre. « Tu ne peux pas juste écouter du Netflix et laisser l’algorithme choisir la prochaine affaire. Il faut que tu te challenges, que l’art vienne te chercher de différentes façons. »
Un mois pour créer
Guillaume Côté a présenté plusieurs autres spectacles en première à Saint-Sauveur durant le FASS avant de les faire voyager à travers le monde, dont +(DIX) et Hamlet. Comme pour ses autres projets, le chorégraphe créera Burn Baby Burn environ un mois avant sa présentation. « En janvier, on a fait deux petites semaines. On commence la création en juillet, sur quatre semaines et demi. Il y a des coûts, et on paie bien les danseurs », indique-t-il.
En présentant une première ébauche à Saint-Sauveur, cela permet non seulement de faire rayonner le nom de la ville à l’international, mais également de profiter d’un « contact intime avec le public », explique le chorégraphe. « On est toujours dans le minimalisme à cause du chapiteau. Il y a aussi la relation avec le public qui est fantastique. Le public s’y connaît bien en danse, mais en même temps, il n’est pas prétentieux. Quand les troupes viennent à Saint-Sauveur, ils aiment tous ça. Tu entends tout de suite le retour des gens. Il y a un bel amour, une appréciation, un respect et une honnêteté. »