Soins infirmiers : « Pas de diplôme à rabais, surtout en santé »
Par France Poirier
« C’est inacceptable d’entendre qu’on leur met des bâtons dans les roues. Elles ont le droit de ne pas être d’accord, mais il ne faut pas colporter des faussetés. Nous avons toujours eu un dialogue, on leur expliquait. On a toujours pris le temps d’expliquer pourquoi on fait les choses », souligne la directrice du Cégep de Saint-Jérôme, Nadine Le Gal.
Ce commentaire fait suite à la réception d’une lettre envoyée aux médias. « La lettre a été envoyée partout avant même de nous parler. Dès qu’on a pris connaissance de celle-ci, on les a interpellés », ajoute la directrice. Quatre finissantes en soins infirmiers dénonçaient que le Cégep leur imposait l’Épreuve synthèse de programme prétextant que des étudiants provenant d’autres cégeps auraient été exemptés de cet examen. Le Cégep soutient que c’est une exigence du ministère et l’un des cégeps mentionnés dans la lettre, le Collège Maisonneuve a confirmé au journal que leurs étudiantes ont fait cette épreuve. Le journal a interpellé plusieurs cégeps mentionnés, mais nous n’avons eu que le retour de Maisonneuve. La direction du Cégep Saint-Jérôme souligne avoir parlé aux autres cégeps et que nul ne peut retirer cette épreuve.
Diplômer les finissants
« Notre obsession est de les amener à diplômer et terminer leur session et de les accompagner pédagogiquement, mais aussi leur fournir des outils comme des ordinateurs etc. Même chose avec nos enseignants. On a réussi un tour de force. Il y a des choses positives qui se sont passés au cours des dernières semaines, il faut le dire », soulignait la directrice général Nadine Le Gal.
Elle estime que le personnel et les étudiants ont fait un travail inimaginable. « On est tout prêt de notre fin d’année qui est le 4 juin. On est confiant de tous les amener dans cette direction », souligne la directrice.
La Crise et le domaine de la santé
Le Cégep de Saint-Jérôme est très sollicité en santé avec ses techniques de soins infirmiers, d’analyse biomédicale et tous les programmes de services sociaux. « Depuis le premier jour, on travaille avec le CISSS des Laurentides. Dans un premier temps, on a fourni du matériel pour les aider, masques, gants, jaquettes tout ce qu’on avait a été envoyé dans toute la région pour les équipes médicales », ajoute madame Le Gal.
Lorsque le décret est sorti, il y a eu un appel à tous. La direction du Cégep a rencontré quotidiennement pour savoir comment aider le CISSS tout en diplômant les étudiants en soins infirmiers et idéalement en ne repoussant pas la session. « Ce qui nous a guidé ça été de diplômer et d’amener nos futures infirmières à devenir des infirmières pour ne pas repousser pour ne pas qu’il y ait d’abandon et le CISSS était en accord avec ça. Beaucoup de nos étudiantes de première, deuxième et troisième année travaillent déjà à temps partiel », a précisé la directrice.
Avoir du temps plein
Puis, le gouvernement a demandé d’avoir du monde à temps plein. Le Cégep a mentionné au CISSS que ça causait un problème parce que pour obtenir leur diplôme, les étudiants doivent continuer de suivre leurs cours. « Nous avons eu une proposition de libérer les étudiantes finissantes à temps plein, mais elles devaient faire des tâches pour que l’on puisse les reconnaître à titre de candidates de CEPI (candidate à l’examen de la profession infirmière). La semaine dernière, un premier groupe de 20 étudiantes formées par le CISSS vont exercer comme candidate.»
« Pas de diplôme à rabais »
Pour exercer à temps plein comme CEPI, il y a des règles dont l’Épreuve synthèse de programme qui est contesté par les signataires de la lettre. « Le ministère nous a permis d’assouplir certaines règles notamment, nos calendriers. La seule obligation que tous les cégeps doivent maintenir c’est l’Épreuve synthèse de programme. C’est une épreuve qui témoigne du parcours de trois ans. On comprend l’urgence mais l’épreuve de synthèse doit être maintenue. Nous leur avons souligné. On peut les libérer de tous les examens. On ne donnera jamais de diplôme à rabais surtout en santé. On a une réputation impeccable par rapport à nos étudiantes. Nous sommes dans le top 3 des cégeps à l’examen de l’Ordre des infirmiers et infirmières du Québec. Pourquoi? Parce que l’on ne donnera jamais de diplôme à rabais », ajoute Nadine Le Gal.
Cégep de Maisonneuve
La responsable des communications au Cégep Maisonneuve nous explique que dans leur cas, aucune mention d’équivalence n’a été octroyée en soins infirmiers et que l’Épreuve synthèse de programme a été réalisée par les étudiants. « Les enseignants ont évalué les notes de chacun des candidats à ce jour pour voir s’ils atteignaient les compétences ou non. S’il manquait des choses, les professeurs pouvaient leur demander de faire un travail pour compléter et c’est à partir de ça qu’ils leur ont donné des notes. »
En date du 1er mai, lors de l’échange, la responsable des communications affirmait que les étudiantes et étudiants en soins infirmiers avaient complété leur session et leur diplôme depuis une semaine environ et qu’ils pouvaient donc travailler à temps plein dans des services de la santé. Normalement, la session devait se terminer le 29 mai. Ainsi, vous avez accéléré le processus de réussite? « Tout à fait », affirme-t-elle, en soulignant toutefois qu’aucune mention d’équivalence n’a été accordée et que l’Épreuve synthèse de programme a été complétée.