2 juin 2020 à 4h20

Site d’enfouissement de Sainte-Sophie: Le BAPE recommande l’agrandissement

Par France Poirier

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement ( BAPE ) a déposé, le 27 mai, son rapport recommandant le projet d’agrandissement du lieu d’enfouissement technique de Sainte-Sophie.

Dans le projet d’agrandissement, Waste Management veut doubler la capacité de son site, et ajouter 18 millions de tonnes de déchets. Le site reçoit les matières résiduelles des municipalités, des industries, des commerces et des institutions de la région des Laurentides, mais aussi celles des régions voisines, telles que Lanaudière, l’Outaouais, l’île de Montréal et la ville de Laval. WM Québec inc.  vise la poursuite de ses activités, ce qui lui permettrait d’enfouir 18,6 Mm3 de matières résiduelles supplémentaires. Son plan d’exploitation prévoit une quantité maximale de 1 Mt/an à enfouir pour une durée de vie active du projet d’environ 18,6 années, à raison d’un volume annuel projeté de 1 Mm3. La période d’exploitation serait de 2022 à 2040.

Collecte de biogaz

Le projet prévoit la mise en place d’un système d’imperméabilisation à double niveau de protection, construit à l’aide de matériaux naturels et de géomembranes installées au fond des cellules d’enfouissement et sur ses parois. L’eau de lixiviation serait captée et dirigée vers un système de traitement. Un système de collecte du biogaz serait mis en place au fur et à mesure de l’exploitation des cellules et serait raccordé au réseau existant. Le biogaz capté serait acheminé vers l’usine des Entreprises Rolland inc. de Saint-Jérôme ou brûlé dans des torchères. On envisage aussi de vendre du biogaz capté par l’entremise d’une entente avec Énergir, afin qu’il soit entièrement valorisé.

Constats et avis de la commission

La commission conclut que le projet est justifié car, à moins d’une baisse importante et rapide de la quantité de matières résiduelles à enfouir dans le marché couvert, un refus pourrait créer un déficit de capacité en l’absence de nouvelles infrastructures d’élimination.

La quantité de matières résiduelles éliminées a augmenté au Québec ces dernières années, compte tenu de la stabilité du taux d’élimination par habitant et de l’augmentation de la population. Les projections établies par l’initiateur en 2019 ne tiennent toutefois pas compte de la possibilité d’une baisse marquée à moyen et long terme, si les mesures de détournement annoncées récemment par le gouvernement du Québec, la Communauté métropolitaine de Montréal et la Ville de Montréal se réalisaient. Le marché couvert par l’initiateur pourrait cependant con-naître une croissance démographique importante qui limiterait l’effet d’une baisse du taux de matières éliminées par habitant. Par ailleurs, bien qu’il soit souhaitable, dans une perspective d’utilisation optimale des ressources et de réduction des émissions de GES, de valoriser le biogaz plutôt que de le détruire, il demeure préférable de détourner la matière organique de l’enfouissement.

Travaux du BAPE

Le projet d’agrandissement du lieu d’enfouissement technique de Sainte-Sophie a été soumis à la procédure d’évaluation et d’examen des impacts sur l’environnement de la Loi sur la qualité de l’environnement. Le 29 novembre 2019, le BAPE a reçu le mandat d’enquête et d’audiences publiques du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charrette. Une commission d’enquête a été formée et a débuté ses travaux le 13 janvier 2020 qui se sont échelonnés sur 4 mois.

Trois séances ont été tenues, les 14 et 15 janvier 2020, afin de répondre aux interrogations du public et de la commission. Les 11 et 12 février 2020, la commission a reçu 38 mémoires, dont 18 ont été présentés, et auxquels se sont ajoutées 6 présentations verbales.