Les aînés peuvent sortir sans chaperon
Par France Poirier
Résidences privées pour aînés
Le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA) a salué la décision du gouvernement pour l’assouplissement des mesures annoncé en début de semaine dernière.
Cette démarche apporte un baume qui fait le plus grand bien aux 130 000 personnes qui étaient confinées de façon stricte depuis déjà huit semaines dans les résidences pour aînés où elles habitent.
« Les résidents en avaient besoin. Ils sont capables de prendre leurs propres décisions et ne méritent pas qu’on les infantilise. En leur donnant les outils nécessaires, ils seront en mesure d’appliquer les différentes consignes sanitaires. Les propriétaires et gestionnaires de résidences pour aînés connaissent très bien leur environnement et leur clientèle. Il faut également leur faire confiance », a souligné Yves Desjardins, président-directeur général du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA).
Un juste équilibre à atteindre
Pour la RQRA, cet assouplissement des mesures sera bénéfique, tant pour la santé physique que mentale des résidents qui peuvent dorénavant aller prendre une marche sans supervision et qui peuvent voir leurs proches en respectant les règles de la santé publique, soit la distanciation physique de deux mètres. Même si les règles sont assouplies, il ne faut pas minimiser les risques, le virus est toujours en circulation et les gens âgés de 70 ans et plus demeurent la tranche de population la plus susceptible de développer de graves complications de la maladie.
« La prudence reste donc de mise et il n’est pas exclu que l’on doive reculer sur les assouplissements annoncés, si nécessaire, a précisé Yves Desjardins. Le tout doit se faire de façon graduelle, en tenant compte de la réalité propre de chaque résidence pour aînés et de la région où elle est située », a-t-il conclu.
Des dirigeants heureux mais inquiets
Pour la direction du Manoir les Retrouvailles de Saint-Jérôme, une résidence privée pour aînés qui compte 110 résidents, où aucun cas de COVID-19 n’a été répertorié, on a accueilli cette mesure avec joie pour les résidents. « C’est une bonne nouvelle pour nos résidents qui ont été confinés durant plusieurs semaines. Pour nous, ça devient une autre forme de gestion. Il est certain que ça nous inquiète. Lors du confinement nous avions une forme de contrôle, mais maintenant qu’ils peuvent sortir, ce sera moins facile. Mais nous comptons sur eux pour suivre les consignes sécuritaires », souligne le directeur de l’établissement M. Gary O’Brien.
Mylène Dupéré, v.p. communication et Affaires publiques et corporatives chez Groupe Sélection nous parle de la réalité chez Vice-Versa à Saint-Jérôme. « Nous sommes très heureux ainsi que nos résidents du plan de déconfinement progressif du gouvernement. Nos aînés sont dynamiques et actifs. Ils nous disaient souvent comment ils voulaient sortir dehors sans être accompagnés. On leur a rappelé les consignes, le port du masque lorsqu’ils iront dans les magasins, de se laver les mains régulièrement et de garder la distanciation à deux mètres ».
Valérie Pilon de La Grive du petit bonheur à Saint-Jérôme a tenu le virus loin de son hébergement de 22 résidents ( autonomes et semi-autonomes). Dès le départ, elle a établi des règles strictes pour assurer la sécurité et la santé de tous, d’autant plus que les résidents vivent dans des aires communes et partagent les salles de bain. « Dès le début, nous les avons renseignés et nous leur avons enseigné les mesures préventives, autant chez les employés qui devaient être irréprochables dans leur façon de faire en dehors de la résidence que chez les résidents. Si nos employés n’apportent pas le problème, ça ira bien. Une personne est mandatée pour les commissions et on s’assure que tous suivent les règles », souligne Valérie Pilon qui estime tout de même que le déconfinement a été trop rapide et cette situation l’inquiète. « J’accompagne mes résidents à la pharmacie, par exemple, pour leur montrer comment ça fonctionne. C’est important de demeurer vigilants », ajoute la propriétaire.