Denise Brouillard

Par Journal-le-nord

Une femme dévouée à contrer la violence conjugale

Le premier crime conjugal de l’année a tristement eu lieu le 17 janvier dernier à Mascouche et a privé une mère à ses six enfants. Selon les plus récents chiffres de Statistique Canada sur les homicides au pays, les meurtres liés à la violence conjugale ont augmenté de neuf en 2018.  Il s’agit malheureusement d’un sujet qui est d’actualité en ce début d’année et qui suscite beaucoup de débats, d’incompréhension et de frustration.

Denise Brouillard est une femme qui a dédié une grande partie de sa vie à défendre les droits de personnes parfois plus vulnérables. En 1985, elle a co-fondé la Maison d’Ariane située à Saint-Jérôme. Il s’agit d’une maison d’aide et d’hébergement pour les femmes et les enfants victimes de violence conjugale. On s’entretient donc avec cette figure inspirante sur le délicat sujet de la violence conjugale afin d’essayer de mieux la comprendre et la prévenir.

Protéger les femmes

« On était une petite équipe qui a mis sur pied la Maison d’Ariane. Ce n’était pas néces-sairement facile de mettre des ressources en place. Les femmes étaient hébergées, étaient accompagnées, il y avait beaucoup d’entraide entre elles pendant leur séjour en maison d’hébergement. » Malgré que la mission d’un tel établissement visait plus précisément les femmes victimes de violence conjugale, Denise Brouillard souligne qu’il était aussi question des droits des femmes en général. « Même si l’égalité était dite, elle n’était pas toujours respectée. C’est le grand défi aujourd’hui aussi. C’est ça qui m’a beaucoup interpellé. »

Bien que fondée en 1985, la Maison d’Ariane a encore toute sa raison d’être surtout si on se fie, une fois de plus, à Statistique Canada qui révélait que la seule catégorie d’homicide en hausse en 2018 était ceux liés à la violence conjugale. « Un des problèmes, c’est toute la question de la protection des femmes et de leurs enfants. La violence conjugale, c’est une prise de contrôle d’un conjoint sur sa conjointe. Ce n’est pas parce qu’elle se sépare que le danger décroit. Même que souvent, il augmente. C’est terrible. C’est pour ça qu’il faut qu’on s’attarde à comment mieux protéger les femmes. »

La défense collective des droits

Quelles pourraient-être les solutions? Selon Denise Brouillard, tout d’abord, il y a une nécessité de revenir à la source, c’est à-dire à l’éducation. « Il doit avoir beaucoup plus d’éducation dans les écoles. La violence, elle commence aussi très tôt dans les relations entre les jeunes hommes et les jeunes femmes. Il faut travailler le plus rapidement possible au niveau de l’éducation des enfants. » Aussi, elle affirme que lorsqu’une femme dénonce, elle droit être prise au sérieux. « Il faut qu’il y ait une réponse immédiate. »

Malgré tout, elle affirme qu’il y a eu de nombreuses victoires au cours des dernières années. « La réception est meilleure qu’auparavant. » Il reste tout de même à démystifier certaines croyances, dont celle selon laquelle les femmes victimes de violence conjugale n’ont qu’à partir. « Les femmes n’ont pas juste à partir, car quand elles partent, elles sont encore en danger. On a fait des pas, mais il en reste encore beaucoup à faire. »

Et justement, à travers toutes ces petites victoires, quelle serait sa plus grande fierté tout au long de son impressionnante feuille de route? « Ce serait d’avoir collectivement participé à une mise sur pied comme la Maison d’Ariane qui est encore bien utile aujourd’hui, comme d’avoir participé avec d’autres personnes à la mise sur pied de l’organisme Droits et Recours Laurentides. Que les ressources demeurent après nous, cela révèle que c’était des ressources essentielles à ce moment-là, et qui le sont toujours aujourd’hui. » Pour la co-fondatrice de la Maison d’Ariane, c’est la défense collective des droits, qu’il est primordial de souligner. « Quand on se réunit plusieurs, ensemble autour d’une même cause, c’est là qu’on a de belles réussites. Je ne pourrais pas dire moi, Denise Brouillard, j’ai fondé la Maison d’Ariane. Ce ne serait absolument pas vrai. Ce ne serait pas reconnaitre tout l’apport des équipes qui ont travaillé fort pour mettre sur pied des ressources. »

Le souhait DE Denise Brouillard

« Ce serait une société égalitaire. C’est fondamental. Où les droits de chacun et chacune soient respectés et qu’il y ait des mesures prises pour ça. Une société égalitaire travaillerait pour abolir la violence faite aux femmes, mais aussi les autres formes de discriminations qu’elles vivent, en lien avec la situation générale des femmes. »

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