Projet pilote controversé de chenilles pour VTT

Par Luc Robert

L’adoption d’un décret par le Gouvernement du Québec, sous la recommandation du Ministre délégué aux Transports, M. Norman MacMillan, permettra aux adeptes du VTT de pouvoir utiliser des chenilles sur les sentiers hivernaux à compter du 11 mars prochain.

Or, c’est que cette décision était attendue par les quadistes depuis le mois de novembre 2009, de sorte que ce projet pilote ne pourra être mis en application dans les Laurentides avant l’hiver 2010, puisque le temps clément a forcé la fermeture prématurée de la majorité des tracés fédérés de la région. Rappelons que l’utilisation des chenilles l’été n’est pas légale.

Malgré le lancement du projet pilote hivernal provincial, chaque club quad local aura le dernier mot à savoir s’il implante la directive localement. «L’acceptation du projet pilote est laissée à la discrétion des clubs locaux. Nous allons observer les données du MTQ de plus près, lors de notre assemblée régulière d’avril prochain, ce qui nous permettra ensuite de statuer, par le biais d’un vote, de la suite de cette démarche en vue de la saison hivernale 2010-2011. Pour le moment, je dirais que les opinions sont partagées, à 50-50, au sein du club», a laissé savoir M. Normand Charrette, président du club de VTT des Montagnards du Nord, dont les tracés se concentrent principalement à l’Ouest de Saint-Jérôme (Bellefeuille, Saint-Colomban, etc.).

Du côté du club de 4 roues des Hautes-Laurentides (Sainte-Sophie, Saint-Hippolyte), il n’a pas été possible d’obtenir l’opinion du président Michel Desrochers. Par contre, à titre personnel, le directeur du secteur Nord du club et membre du C.-A., M. Michel Collins, ne s’est pas dit contre l’idée d’inclure les VTT à chenilles dans les sentiers. «Je parle pour moi-même, en disant que je ne vois pas d’objection à leur venue. Les quatre chenilles des VTT vont tamiser les pistes et éliminer les roulières. En plus, avec un empattement total de 60 pouces, incluant les chenilles, je crois que cela sera sécuritaire dans les sentiers. Mais ce n’est que mon opinion personnelle», a-t-il rappelé.

Permis du 15 novembre au 1er avril (hiver seulement), le projet pilote limitera en effet la largeur «hors tout» à un maximum de 60 pouces. Des amendes de 100 $ à 200 $ sont prévues pour ceux qui se promèneront dans les sentiers hors-dates, ou encore avec des chenilles hors-normes. Une amende salée de 250 $ à 500 $ sera aussi infligée à un conducteur de VTT qui circulera sur une terre ou un domaine privé. Le projet pilote est établis pour une durée maximale de trois ans, que le ministre MacMillan peut, s’il le juge nécessaire, prolonger d’au plus deux ans, en modifier la teneur, ou carrément y mettre fin. «Certains craignent que des conducteurs à chenilles sortent des sentiers et nous causent des problèmes de négociations pour les droits de passages, qui sont déjà sensibles. Certains autres membres craignent que ce projet pilote ouvre la porte aux populaires véhicules «côte à côte», des genres de «dombuggies» modernes. Ils sont très appréciés par les gens et de nombreuses représentations sont faites au gouvernement pour les autoriser un jour sur les sentiers», a repris M. Charrette.

Ces craintes sont partagées par M. Collins, qui est aussi développeur (traceur) de sentiers et patrouilleur au club de 4 roues des Hautes-Laurentides. «Pour le moment, ils sont interdits sur nos sentiers, comme partout ailleurs. Certains comiques profitent de la nuit pour venir en «side by side» faire des pirouettes dans nos pistes, ce qui les abime. S’ils sont interceptés à faire du grabuge, les véhicules peuvent être saisis sur le champ», a précisé M. Collins.

L’engouement des véhicules «côte à côte» ne se dément pas chez les concessionnaires. «Les chenilles sont surtout achetées par les proprios de VTT qui veulent sortir du bois de foyer, ou par les chasseurs. Cela devient alors un véhicule d’utilité. Toutefois, le jour où les «côte à côte» seront autorisés, un impact majeur surviendra au niveau des ventes, car la demande est gigantesque parmi notre clientèle», a constaté M. Stéphane Goulet, de Goulet Motosports, qui possède deux concessionnaires Honda.

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