Marre d’être positif?
Par Rédaction
Je LÜV la vie
par Annie duranceau et Nathalie prud’homme
Vous êtes en burnout et vous avez perdu vos repères : « Ressaisissez-vous! Vous êtes fort, vous allez vite vous remettre sur pied et retourner au boulot. » Soyez positif!
Votre copine vous largue sans préavis et vous êtes anéanti : « Ne faites pas cette tête! Une de perdue, dix de retrouvées… » Soyez positif!
Incendiée, votre maison est une perte totale et vous êtes découragé : « Vous en avez de la chance! Tout le monde est sain et sauf, c’est ce qui compte, non? » Soyez positif !
On vous annonce que vous souffrez d’un cancer : « Pas de panique, vous allez guérir!
Vous avez tellement de volonté, vous ne pouvez pas mourir. » Soyez positif !
Positif pour éviter de sombrer. Positif pour tenir le coup. Positif pour se raccrocher à ce qui nous reste de courage : moi je veux bien, mais à quel prix ?
Lorsque le « positif » nous glisse entre les doigts, et que l’on a cette impression qu’il nous fuit… À ce moment, il pèse lourd le poids du sentiment d’incompétence et de la culpabilité qui nous accable.
Qu’à cela ne tienne, j’en ai marre d’être « positive! » en toutes situations !
Je revendique le droit d’être honnête envers moi-même, quitte à devoir adresser, sans honte, publiquement, mes peurs, mon découragement, mes questionnements et mes doutes !
Moi aussi, j’aimerais croire qu’il suffit de « relativiser » pour qu’une situation
« éprouvante » s’évapore à coup « d’ondes positives » ! Je préfère assumer en toute lucidité que l’on est souvent le miroir de l’autre, de son besoin de se faire refléter l’assurance de son contrôle absolu en toutes circonstances…
Or, ce culte du « positivisme », n’est-il pas issu du protecteur naturel « déni » ? Je vous pose la question !
Force est de constater que l’« Univers » n’est peut-être pas aussi volubile en messages qu’on le voudrait bien… Notre incapacité à encaisser les cruels « non-sens » de certaines épreuves est proportionnelle à notre dévotion pour le « positif » lorsqu’aucune explication ne tient la route, et que nous sommes à court de matière pour remplir le vide-silence de la réalité…
Remarquez que le « Sois positif » nous est souvent balancé au moment où l’on se sent en perte de contrôle, si toutefois nous l’avons réellement déjà possédé, et que « l’autre » se sent impuissant devant notre mine ! Un « Sois positif » prêt-à-servir, c’est pratique dans ces cas-là.
Un jour où tout me semblait noir, alors que j’en avais soupé des « positifs » acharnés de mon entourage, mon amie Nathalie m’a donné un conseil! « Lâche prise, prends les gens aux mots et souris consciemment ! »
OK, j’en conviens, la première fois, je n’ai pas gagné de prix à la Soirée des Masques, mais étonnamment, ça m’a fait du bien!
C’est que, selon certaines études scientifiques, notre mimique (notre expression
faciale, même forcée…) activerait des « hormones du bonheur » qui, comme une chaîne, agirait sur le système nerveux qui, à son tour, aurait un impact sur notre état d’esprit. Comme les « négatifs » carburent généralement aux faits et aux preuves, sourire, c’est parfait pour eux !
Vous n’avez pas besoin d’y croire et ce n’est ni de la magie ni de l’ordre du divin. C’est biologique !
Depuis ce jour, j’ai cessé de perdre de l’énergie à m’efforcer de convaincre mon « mental » d’être « positif ».
Profiter de la vie aussi « négative » puisse-telle être à certains moments, n’est-ce pas là le seul contrôle que nous ayons vraiment ? Prenons plaisir à sourire malgré tout.
Et si l’on commence à observer que nous sommes séduits à l’idée de « relativiser » ce qui nous arrive et que nous sommes de plus en plus confortables, entourés de gens à tendance « positive », n’ayons aucune crainte… Les gens qui prennent la vie du « bon côté » sont habituellement inoffensifs. 😉