John Brett grimpant une dalle en 1969. Source : Histoires de chez nous, collection Claude Lavallée.

John Brett : pionnier de l’escalade dans les Laurentides

Par Simon Cordeau

Saviez-vous que c’est à Val-David qu’est né le sport de l’escalade ? Ayant toujours fait partie de l’alpiniste, l’escalade de parois rocheuses devient une activité en soi dans les années 1930, à l’initiative d’un ingénieur suisse : John Brett.

La découverte

Né en Suisse en 1894, John Brett apprend la varappe, c’est-à-dire l’escalade de parois rocheuses en montagne, au mont Salève en France, tout près de Genève. Lorsqu’il s’installe dans les Laurentides, Brett fait des randonnées de ski et se lie d’amitié avec Jackrabbit.

En 1928, Brett fait une randonnée dans le coin de Val-David lorsqu’il découvre tout le potentiel qu’offrent les lieux pour l’escalade. Il faut savoir que le sentier Maple Leaf, tracé par Jackrabbit, passe près des monts Condor, King et Césaire, entre le Far Hills Inn et la Sapinière.

On peut s’imaginer le grimpeur s’émerveiller devant les grandes parois rocheuses de ces montagnes. Certaines font près de 100 mètres de hauteur ! John Brett ne le sait pas encore, mais ces parois sont composées d’une roche cristalline d’une qualité rare, qui est solide et stable. Cela rend les parois particulièrement propices à l’escalade.

L’invention d’un sport

Elizabeth et John Brett en 1947. Source : Histoires de chez nous, collection Claude Lavallée.

En 1932, John Brett revient sur les lieux avec ses fils pour explorer les collines et leur potentiel. Le mont Césaire retient particulièrement leur attention. Ils y réalisent la première ascension complète d’une voie d’escalade. Cette voie, surnommée la Valse, deviendra un classique.

Pour monter au sommet d’une paroi rocheuse, les grimpeurs doivent trouver une fissure ou des marches qui serviront de sentier vertical, c’est-à-dire une voie. Une même paroi peut ainsi avoir plusieurs voies qui permettent de l’escalader.

À travers les années, John Brett développera avec sa femme Elizabeth et ses fils de nombreuses voies d’escalade dans ce qui est aujourd’hui le parc régional Val-David-Val-Morin, dont l’Arabesque en 1943. D’avril à octobre, la famille invite leurs amis à grimper avec eux, et créent ainsi de nouveaux adeptes.

Sans s’en rendre compte, les Brett créent un nouveau sport, ici dans les Laurentides : l’escalade de rocher. Celui-ci se distingue de l’alpinisme, qui implique la longue ascension d’une montagne, souvent sur plusieurs jours. L’escalade, elle, se concentre seulement sur la montée d’une paroi rocheuse et peut se pratiquer en seulement quelques heures.

Démocratiser

La Chico en 1968. Source : Histoires de chez nous, collection Claude Lavallée.

Pour donner de la popularité à ce nouveau sport, John et Elizabeth Brett font appelle aux clubs de plein air qui existent déjà dans les Laurentides et leur demandent d’amener leurs membres grimper à Val-David.

Le McGill Outing Club (MOC) est le premier a intégrer l’escalade à ses activités. Ses membres créent en 1936 la voie mythique Fatman’s Misery, à l’Aiguille du mont Condor. En 1943, Pete Coro, membre originaire du Mexique, aménage la Chico : la voie d’initiation la plus fréquemment grimpée au Québec !

En 1941, John Brett met sur pied la section de Montréal du Club alpin du Canada (CAC). En attirant des Montréalais à Val-David, cela permet d’internationaliser ce sport encore naissant.

Ce n’est que le 23 mai 1947 que l’Aiguille du mont Condor est enfin conquise, par l’Américain Granville Austin. Cet exploit attire alors de nombreux adeptes, dont le grimpeur de renommée mondiale Fritz Wiessner. Celui-ci ouvrira d’ailleurs plusieurs voies d’escalade à Val-David. En 1948, le Français Julien Labedan, sa femme Marinette et leur ami Jacques Royer feront la première ascension franco-québécoise de l’Aiguille.

Toujours grimper

Depuis, le village de Val-David est devenu la capitale de l’escalade. Aujourd’hui, plusieurs voies d’escalade ouvertes dans les années 1930 et 1940 sont tombées dans l’oubli. Mais on peut toujours voir de nombreux adeptes grimper les parois du parc régional Val-David-Val-Morin, été comme hiver.

Au pied de l’Aiguille du mont Condor, les grands rochers servent d’école et de pratique pour les grimpeurs. Ceux-ci mettent des matelas au pied des rochers, testent leurs prises et laissent une poudre blanche sur les coins et les fissures.

Source des informations : Histoires de chez nous


À voir

Le documentaire Les Rochassiers de 1969 est le premier à s’intéresser à l’escalade au Québec. On y trouve des images en couleurs de Val-David et de Weir, entre autres, et on y suit des membres du Club de montagne canadien, ainsi que John Brett. D’une durée de 57 minutes, le film est disponible sur le site web de l’Office national du film (ONF).

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *