Avec très peu de nouveaux produits et entièrement privé de développement, le constructeur nippon Mitsubishi Motors, désormais en partenariat avec le groupe Nissan Renault, doit mettre les bouchées doubles afin de rattraper une concurrence qui n’a jamais été aussi féroce.
L’Outlander — VUS qui se situe entre la catégorie des compacts et des intermédiaires, et qui est en train de se faire manger la laine sur le dos par les Honda CR-V, Toyota RAV4 et Nissan Rogue au palmarès des ventes — demeure le cheval de guerre de Mitsubishi Motors. Afin de se rapprocher de ses rivaux, le constructeur l’équipe de la technologie hybride rechargeable, faisant de lui, pour le moment, le seul et unique VUS de cette taille à offrir une telle option. Enfin, Mitsubishi prend de l’avance.
Mais pendant combien de temps?
C’était à Vancouver, en Colombie-Britannique, où Mitsubishi Motors avait invité journalistes et membres des médias pour voir son nouveau bébé. Le PHEV, qui signifie en anglais « Plug-in Hybrid Electric Vehicle », donne la possibilité de rouler en mode 100% électrique, jusqu’à 35 km. Ses batteries peuvent être rechargées soit par une prise de 110 volts conventionnelle (temps de recharge de 8 h), soit par une borne publique rapide (25 minutes pour 80% de charge).
Un VUS hybride rechargeable propose une formule gagnante, et Mitsubishi Motors le comprend. Les consommateurs achètent des utilitaires à la pelletée et les véhicules électriques, eh bien, c’est l’avenir. Pour le moment, le seul VUS du genre à concurrencer l’Outlander, c’est le Volvo XC60 T8, plus dispendieux et qui n’atteint que 27 km une fois sa batterie pleine. Pour l’instant, le PHEV est unique chez nous.
Lorsque ses batteries se déchargent, le véhicule devient hybride, ayant recours à un quatre cylindres à essence de 2,0 litres de 117 chevaux et à deux petits moteurs électriques, un à l’avant, l’autre à l’arrière. La seule boîte de vitesses proposée est une automatique à variation continue (CVT). Les gens de Mitsubishi Motors n’ont pas voulu dévoiler la puissance totale de ce VUS, mais on l’estime à environ 200 chevaux.
Deux modes hybrides sont possibles : Series Hybrid, qui utilise le moteur à essence comme génératrice pour fournir de l’électricité au moteur électrique, permettant également de recharger les batteries jusqu’à environ 80%, et Parallel Hybrid, un mode qui met le moteur à essence en priorité, se servant du moteur électrique pour réduire la consommation. Dans ce mode, Mitsubishi parle d’une consommation moyenne combinée de 9,2 L/100 km, un chiffre que nous n’avons pas eu de difficulté à enregistrer, même sur les inclinaisons abruptes de la Colombie-Britannique. Pour un véhicule à transmission intégrale, c’est bien, mais sans plus. Un Mazda CX-5 ou un Honda CR-V à essence peut en faire autant, et même mieux!
Un hybride à multiples personnalités
Par contre, cet Outlander à batterie offre beaucoup plus qu’une simple prise de courant. Son système hybride multimode permet de tirer le maximum de la technologie afin de consommer un minimum de pétrole. Et ça fonctionne pour vrai!
Prenons le système de freinage régénératif, par exemple. Le PHEV intègre cinq niveaux de freinage, avec une intensité modulable par des palettes montées sur le volant. Lors de notre essai, nous avons fait le test en descendant Cypress Bowl, centre de ski juste au nord de Vancouver. En se servant des palettes au volant, il était possible non seulement de ralentir le véhicule sans toucher à la pédale de frein, mais aussi de recharger les batteries. En arrivant en bas, nous avions une demi-charge, chose qui nous a permis de revenir en ville sans utiliser le moteur à essence.
Autre point intéressant : le rouage intégral S-AWC de Mitsubishi demeure présent, peu importe le mode de conduite choisi. De plus, avec la fonctionnalité Lock, on peut activer un véritable rouage à quatre roues motrices en mode 100% électrique, une première dans le segment. Mitsubishi Motors, qui est chef de file en matière de garantie, protège la batterie du PHEV pendant 10 ans comme le reste du véhicule!
Le troisième point fort du véhicule, c’est son espace d’habitacle et de chargement. En aucun cas le volume de chargement n’est sacrifié à cause des batteries. Une fois sa banquette arrière rabaissée, le Outlander propose 2 208 litres d’espace, ce qui est supérieur à un Honda CR-V ou un Toyota RAV4. En fait, dans le segment des VUS compacts, l’Outlander figure parmi les plus spacieux.
Il y a cependant un gros « mais »
Bien que l’Outlander PHEV soit révolutionnaire par sa technologie, il traîne un peu de la patte. Rappelons-le, l’Outlander actuel est essentiellement le même qu’en 2014. Certes, le constructeur lui a apporté plusieurs modifications afin d’augmenter son niveau de raffinement — notre modèle d’essai était muni de magnifiques sièges en cuir bourgogne et d’une cabine deux tons, jolie — mais la qualité des matériaux utilisés, l’insonorisation de l’habitacle et la qualité de roulement en général font penser à un véhicule d’une autre génération. Le moteur de 2,0 litres, quant à lui, manque souvent de souffle lors d’ascension, se lamentant davantage lorsque sollicité.
C’est pareil au niveau du système d’infodivertissement. Bien que celui-ci se montre facile à utiliser et incorpore les plus récentes technologies en matière de connectivité, telles qu’Android Auto et Apple CarPlay, l’interface est désuète, l’écran est petit et il fait plus penser à un système tiers plutôt qu’à un système conçu et développé par le constructeur lui-même.
Finalement, l’élément le plus décevant de l’Outlander PHEV est son prix de vente. Commençant à 42 998 $ et pouvant aller jusqu’à 49 998 $ bien équipé, il est loin d’être abordable, surtout en considérant que l’on peut se procurer un Toyota RAV4 hybride qui offrira une consommation d’essence plus intéressante pour moins cher. Certes, le Toyota ne peut pas se brancher, chose qui permet au moins à l’Outlander PHEV de se démarquer. Au Québec, il est éligible à un crédit gouvernemental de 4 000 $ — c’est déjà ça! — mais ça ne fait pas de lui un véhicule atteignable pour autant. En Colombie-Britannique, les acheteurs ont droit à un rabais de 2 500 $ avant d’appliquer les taxes. En Ontario, le rabais s’élève à près de 10 000 $, c’est mieux.
Pour conclure, le Mitsubishi Outlander PHEV 2018 demeure néanmoins un produit alléchant et pour le moment, il profite d’une motorisation exclusive dans son segment. Malgré son prix élevé, il est tout de même possible de ne pas consommer une goutte d’essence si on s’en sert intelligemment. Pour un VUS compact, c’est une première!
Mais cette avance durera combien de temps? Lorsque les autres constructeurs sortiront inévitablement leur VUS compact hybride rechargeable, est-ce que l’Outlander pourra suivre? Seul le temps nous le dira. Au moins, pour le moment, ça fait du bien de disposer du savoir-faire de Mitsubishi. Maintenant, il est temps d’intégrer cette technologie dans de nouveaux produits!