La BMW M760Li xDrive 2018 est la plus puissante, la plus volumineuse et la plus dispendieuse des BMW Série 7. Elle existe pour le consommateur bien nanti qui entre dans un concessionnaire BMW et exige qu’on lui prépare une belle grosse berline confortable dans laquelle il pourra se faire trimbaler par son chauffeur privé, et quand on lui demandera s’il désire des sièges avec la fonction de massage, il répondra tout simplement : « Je la veux toute équipée, et faites ça vite, je suis pressé! »
Voilà pourquoi BMW fabrique une grande berline superpuissante peinte en noir mat, pour satisfaire les millionnaires, pour que lorsque la présidente de l’autre compagnie nous demande lors du dîner d’affaires « t’as acheté quelle version de la Série 7, Joanne? » on puisse lui répondre : « Celle qui a le V12».
Oh. On ne rit plus.
Enfin la lettre M sur une sept
La M60Li est un peu plus qu’un amalgame de gros chiffres vantards. Elle est, pour la première fois depuis l’existence de la Série 7, la première déclinaison à avoir été mise à point par la division haute performance M. Par le passé, BMW tenait sa grosse berline loin des M5 et M3, car aux yeux du constructeur, sa clientèle cible se foutait des performances, mais misait plutôt sur un habitacle hautement luxueux, confortable et silencieux.
En réalité, l’apparition soudaine d’une M760Li, qui n’est pas une M7, mais pas loin, est de la faute d’Alpina, le spécialiste allemand qui s’est fait un nom à modifier des BMW. Alpina est désormais officiellement reconnu par BMW et fait assembler ses bolides sur la même chaîne de montage. Une des deux Alpina disponibles sur notre marché est l’Alpina B7, une Série 7 superpuissante, et jusqu’à récemment, cette déclinaison était la plus dispendieuse de la gamme. Plus maintenant.
Dans l’optique de remettre le nom BMW au top de la chaîne alimentaire, la grosse bavaroise fut largement modifiée par les ingénieurs M, et le résultat n’est rien de moins qu’extraordinaire.
Contrairement à l’Alpina B7, qui fait recours au même V8 biturbo de 4,4 litres que la M5, la M760Li est propulsée par un V12 biturbo de 6,6 litres, un moteur non seulement fascinant, mais qui est exclusif à la Série 7 chez BMW. Pour la M760Li, il développe une impressionnante cavalerie de 600 chevaux et un monstrueux couple de 590 lb-pi, des chiffres étrangement identiques à ce qu’affiche l’Alpina B7 avec son V8. Toutefois, le couple du V12 apparait plus tôt dans les régimes et le moteur est beaucoup plus doux en général.
Toutes les M760Li sont munies de la transmission intégrale xDrive ainsi que de quatre roues directionnelles. La seule boîte de vitesses offerte est une automatique à huit rapports. Au Canada, la bagnole n’est disponible qu’avec l’empattement long (désigné par la lettre L dans son nom). La M est dotée d’une suspension adaptative et de freins à haute performance. BMW déclare une accélération de 0 à 100 km/h en 3,7 secondes. Je répète, trois virgule sept secondes.
Un massage du fessier avec ça?
Certes, elle est rapide la M760Li et en mode Sport+, sa direction se durcit, sa suspension se raffermit, et sa boîte de vitesses répond plus promptement, créant une illusion de légèreté. On a l’impression qu’elle est beaucoup plus petite dans les courbes qu’elle ne l’est en réalité.
Les accélérations sont violentes, le freinage l’est aussi et à haute vitesse, la berline est stable comme un madrier. Il y a toujours un surplus de puissance, peu importe dans quel rapport on se trouve, et on n’a jamais vraiment l’impression d’aller vite, même si le tableau de bord indique le contraire.
Cependant, il n’y a pas que les performances à couper le souffle qui nous épatent dans cette bagnole, il y a également son habitacle. C’est de là qu’on la contrôle véritablement. Nommez la technologie et vous l’avez dans une M760Li. Le passager prioritaire, soit celui derrière le passager avant, a le luxe de pouvoir s’allonger les pieds en appuyant sur un petit bouton, qui transforme le siège avant en pouf. L’empattement allongé de la Série 7 octroie énormément de dégagement pour les jambes des passagers arrière, et les sièges – ajustables de toutes les manières possibles, chauffants, climatisés et avec fonction de massage – sont d’un confort exquis. Toutefois, le dégagement pour la tête s’avère un tantinet serré, surtout pour les grandes personnes.
Trois écrans sont à la portée des passagers arrière, dont un dans la console centrale et qui se présente sous forme de tablette amovible. Celle-ci est le poste de commande principal de l’auto, où un duplicata de l’interface iDrive permet d’ajuster musique, climatisation et éclairage de l’habitacle. On peut projeter une vidéo sur les écrans devant nous, parfumer le « salon », fermer les rideaux, et même sortir une tablette pour travailler.
Un verre de vin? Pas de problème, il y a une bouteille de blanc cachée ici, dans le compartiment central, et des coupes rangées derrière, entre les deux sièges.
Simplement dit, dans une BMW M760Li xDrive 2018, il n’a rien de trop beau. Tout est à notre portée, tout est possible, et si l’on est pressé de se rendre à l’aéroport où nous attend notre jet privé, il est carrément amusant d’exiger de notre chauffeur qu’il se dépêche. Pendant ce temps, vous pourriez visionner votre émission préférée sur Netflix.
Impressionnante, cette magistrale « Béhème » coûtant près de 200 000 $, une bagnole pour les 1%, ceux qui n’ouvriront sûrement jamais le capot ni ne porteront attention aux exorbitantes factures d’entretien, car toutes ces bébelles, elles vont un jour lâcher, et croyez-moi, le concessionnaire du coin vous accueillera avec le sourire, surtout si la bagnole n’est plus sous garantie...
Mais ça, le client ciblé s’en fout, car il va sans doute la louer, sa M760Li, et l’ajouter à ses paiements d’avion ou d’hypothèques d’immeuble. Au moins, un jeune conducteur moins nanti pourra un jour aussi en profiter, car sur le marché des voitures usagées, cette superberline allemande vaudra beaucoup moins cher.