L’inspiration des zones bleues : Créer des villes favorables à la longévité et au bien-être
Par France Poirier
Les villes façonnent des environnements physiques, socioculturels, économiques et politiques où il fait bon vivre, influençant nos choix et comportements. Elles ont le pouvoir d’agir, mais en ont-elles la volonté ?
Les zones bleues, telles que la Sardaigne, Okinawa, Nicoya ou Loma Linda, sont réputées pour la longévité et la santé exceptionnelles de leurs habitants. Elles partagent un mode de vie actif, une alimentation saine, une forte cohésion sociale et des environnements propices au bien-être, soulignant l’importance d’un cadre favorable à la santé et à la longévité.
Selon l’Institut national de santé publique du Québec, on constate que l’organisation sociale actuelle comporte plusieurs obstacles à l’adoption d’une saine alimentation et d’un mode de vie actif. Par exemple, l’accessibilité et l’exposition aux aliments hautement transformés et de faible valeur nutritive (comme les croustilles et les boissons sucrées) dans certains lieux compliquent le choix de consommer des aliments sains. La restauration rapide, le prêt-à-manger ainsi que le mode de vie sédentaire ont des effets sur la santé et favorisent le développement de maladies chroniques.
À l’inverse, la mise en place d’infrastructures favorables à l’adoption d’un mode de vie sain, telles que la présence de pistes cyclables, d’installations sportives en milieu de travail et de politiques alimentaires scolaires, facilitent les choix sains pour la population.
Ainsi, la modification des environnements physique, socioculturel, économique et politique est cruciale pour encourager l’adoption de comportement sains au détriment des moins sains.
L’urbanisation des territoires
Au Québec et partout dans le monde, l’urbanisation croissante et les enjeux démographiques, socioéconomiques, culturels, environnementaux et sanitaires ont des impacts significatifs sur la santé et la qualité de vie des populations. La crise climatique, la dégradation des écosystèmes, la pauvreté, l’exclusion sociale et plus récemment la pandémie ne sont que quelques exemples de défis complexes qui exigent une combinaison d’interventions de tous les paliers de gouvernement et de divers secteurs, en particulier du palier municipal.
Les municipalités détiennent plusieurs compétences, pouvoirs et leviers conférés par des lois du gouvernement du Québec pour modifier ces environnements afin de les rendre plus favorables à la santé et à la qualité de vie. Par exemple, selon l’article 2 de la Loi sur les compétences municipales (LCM), une Municipalité a le pouvoir d’adopter des règlements pour assurer le bien-être général de sa population et pour répondre aux besoins municipaux, divers et évolutifs, dans l’intérêt des citoyens.
La mise en œuvre de certaines politiques municipales et l’action des services municipaux (ex. : culture, loisirs et vie communautaire, urbanisme, environnement, sécurité publique, travaux publics, sécurité civile) représentent des leviers pour agir sur les facteurs influençant la santé et le bien-être des populations.
Cependant, les municipalités ne peuvent pas agir seules. Selon plusieurs experts en santé publique, la collaboration interne et externe avec divers partenaires à chaque étape des interventions est essentielle pour assurer le succès et la pérennité des actions entreprises.
Saint-Jérôme : un exemple à suivre
Régénérer la nature de la ville verte et bleue, un projet à la fois : c’est le défi que s’est donné la Ville de Saint-Jérôme. Pour le réaliser, dans son nouveau plan d’urbanisme, elle mise sur les atouts naturels de son territoire afin de promouvoir un mode de vie écoresponsable. La rivière du Nord en est l’un d’eux. Elle est un levier économique, environnemental et social depuis la fondation de la ville. On veut revitaliser la ville autour de celle-ci.
« La rivière alimente un vaste réseau naturel qui traverse tous les quartiers et rejoint les grandes forêts qui entourent la ville. Une transition vers un meilleur équilibre entre vie urbaine et nature est en cours. Saint-Jérôme ouvre la voie avec son approche régénérative. En 2040, les milieux naturels interconnectés sont accessibles à tous et ils s’intègrent harmonieusement dans des quartiers végétalisés et perméables. » (Plan d’urbanisme de la Ville de Saint-Jérôme 2025-2040)
Dans son plan d’urbanisme, Saint-Jérôme prévoit des rues avec des réseaux cyclables, du verdissement et des règlements pour favoriser des commerces de proximité permettant aux gens de marcher davantage. De plus, les nouveaux bâtiments devront inclure des espaces pour le rangement des vélos afin d’encourager leur usage.
Des milieux de vie bienveillants pour tous
Saint-Jérôme mise sur la solidarité et l’engagement communautaire pour créer un aménagement inclusif du territoire. Les quartiers doivent être conçus pour l’ensemble des citoyens, y compris les plus vulnérables. « Cette approche innovante d’urbanisme bienveillant place le bien-être, la qualité de vie et la santé au cœur des décisions. L’implication des citoyens, la mobilisation collective et les actions réalisées dans les quartiers contribuent à une nouvelle image du territoire, marquée par la fierté, un fort sentiment d’appartenance et l’esprit de communauté », peut-on lire dans le nouveau plan d’urbanisme.
Grâce à la densification, la mixité et le design urbain, Saint-Jérôme compte déployer un virage santé avec une approche humaine. La capitale régionale agit comme un leader sensible pour construire la ville bienveillante de demain. En 2040, les différents quartiers de la ville constitueront des milieux de vie inclusifs et de qualité.
Les Laurentides bénéficient d’environnements exceptionnels. D’autres villes suivront-elles l’exemple de la capitale régionale pour aménager des milieux de vie propices à la mobilité durable et à la santé ?