Une brève histoire de l’érable et de son sirop
Par Simon Cordeau
Symbole de l’arrivée du printemps et du drapeau canadien, peuplant nos forêts laurentiennes, l’érable et son sirop font partie intégrante de notre identité. En voici une brève histoire.
La colonisation

La récolte de l’eau d’érable et sa transformation en sirop ou en sucre était déjà maîtrisées par les Premières Nations avant l’arrivée des colons européens. Dès les voyages de Jacques Cartier en Nouvelle-France, de 1534 à 1542, celui-ci et ses compagnons sont intrigués par un érable à sucre qu’ils coupent. Il en jaillit de l’eau d’érable. Ce qu’ils goûtent leur rappellent du bon vin.
Au 17e siècle, plusieurs colons décriront la production du sirop et du sucre d’érable par évaporation. À coups de hache, on formait une incision de quatre pouces de largeur, dans laquelle on insérait un morceau de bois en forme d’auge. Celui-ci dirigeait l’eau d’érable dans un récipient, le plus souvent un saut en écorce de bouleau. On évapore ensuite le liquide dans un chaudron en fer.
On l’utilise alors comme aliment tonique, c’est-à-dire pour redonner du tonus, de la force et la santé.
Popularité du sucre
Au 18e siècle, la culture grandissante de la canne à sucre, au Brésil et dans les Antilles par exemple, rend le sucre plus disponible et moins coûteux, alors qu’il était réservé jusque là aux nobles et aux bien nantis. La population générale y prend goût, et la demande pour le sucre érable augmente. En 1749, sa consommation est généralisée en Nouvelle-France.
À l’époque, Agathe de Repentigny, une femme d’affaires de Montréal, produit du sucre d’érable en dragée : une confiserie affectionnée par… le roi Louis XIV !
Avec le siècle des Lumières, l’érable, son eau et son sucre gagnent leurs lettres de noblesse. Dans l’Encyclopédie de Denis Diderot (la première en français), éditée de 1751 à 1772, on y décrit le fabrication du sucre d’érable et ses effets bénéfiques sur la santé.
Modernisation
Peu à peu, on remplace la hache par le vilebrequin, le seau de bois par la chaudière en métal avec couvercle, et l’abri en branchages par la cabane en planches.
Dans les années 1920, on commence à utiliser cinq catégories pour décrire la qualité du sirop d’érable.
Au début des années 1950, on invente la canne de conserve ainsi que le beurre d’érable. Tranquillement, le sirop d’érable devient plus populaire que le sucre d’érable. C’est aussi à cette époque que le ministère de l’Agriculture lance un concours de dessin pour orner ces cannes. Le dessin gagnant apparaît toujours sur les conserves de sirop d’érable aujourd’hui.
En 1966, des producteurs de sirop d’érable se regroupent pour former la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ). Pour répondre à la demande à l’année longue et réguler les prix, la FPAQ forme la « réserve stratégique mondiale » de sirop d’érable (c’est son vrai nom !), formée par plusieurs entrepôts à travers le Québec.
Entre 2011 et 2012, près de 3 000 tonnes de sirop d’érable ont été subtilisés de la réserve. Ce vol, d’une valeur de 18,7 M$, serait le vol de plus grande valeur de l’histoire du Québec.
Sources : Wikipédia et Érable du Québec