(Photo : Office national du film)

Travailler autrement : Un documentaire axé sur télétravail

Par France Poirier

Comment le télétravail a-t-il changé notre milieu professionnel et nos vies ? C’est la question qu’aborde le documentaire Travailler autrement du réalisateur Julien Capraro. Celui-ci sera lancé gratuitement en ligne sur le site web de l’Office national du film, onf.ca, le vendredi 1er mars. « La pandémie a créé un engouement. C’est la révolution du monde du travail, un privilège que tous n’ont pas », souligne le réalisateur Julien Capraro.

La manière soudaine dont le télétravail s’est imposé à nous laisse croire que c’est une nouvelle approche. Pourtant ce mode d’organisation du travail n’est pas une nouveauté. Le film propose une réflexion globale qui recadrent plusieurs enjeux de société grâce à des spécialistes de la question répertoriés un peu partout au Canada et ailleurs dans le monde. Entrevue avec le réalisateur Julien Capraro. 

Qu’est ce qui vous a incité à parler de ce sujet ?

Ça part d’une pensée. Comme des millions de personnes j’étais dans la brume au début de la pandémie. Ma conjointe m’a fait remarquer que c’était bien de ne pas avoir à sortir tôt le matin. Et j’ai commencé à réfléchir sur ce sujet. Puis, l’ONF a fait un appel à proposition. Je leur ai suggéré de travailler là-dessus.

Quel éclairage nouveau nous apporte votre documentaire ?

Je propose un voyage dans le temps avec humour. Même si on a découvert le télétravail avec la pandémie, celui-ci existe depuis plus de 50 ans. Il y a un inventeur du télétravail et qu’on découvre dans le film qui est encore vivant. Il est arrivé à Los Angeles dans les années 70. En effet, Jack Nilles qui était ingénieur à la NASA est cet inventeur. Il prend la parole dans le documentaire. Il parle de la situation des gens qui prennent leur voiture, vont au travail et se retrouvent seuls dans leur bureau à faire des appels toute la journée. Un éclairage nouveau sur un élément central dans nos vies. C’est quelque chose d’extrêmement complexe. C’est un enjeu majeur de société. Ç’a été un parcours fascinant avec de nombreux spécialistes.

Quel angle vous avez choisi d’aborder ?

On aurait pu faire cinq épisodes. On doit parcourir le sujet. On essaie de comprendre pourquoi, les enjeux, les avantages ou les désavantages, etc. C’était passionnant et tout le monde avait son avis. Qui a droit au télétravail ? Qui ne l’a pas ? On termine sur la portée environnementale. On voyait les images en pandémie et il n’y avait presque plus de pollution. On réfléchit à son propre impact. Tout est bousculé par rapport à ça.

Est-ce que le télétravail apporte le danger qu’il n’y ait pas de coupure entre le travail et la vie familiale ?

Absolument et c’est très contrasté. Il y a des avantages et des inconvénients. On en parle beaucoup, du fait de pouvoir faire une coupure entre le travail et la vie sociale. On essaie de survoler la performance, la façon d’être évalué. Qu’est-ce qu’on évalue réellement ? L’apparence du travail ? Les gens qui arrivent avant le patron et qui repartent tout de suite après ? On réfléchit à la valeur ajoutée. Il y a tellement d’éléments que la vraie difficulté pour moi comme réalisateur a été de décider où on mettait la barrière et de trouver les éléments les plus pertinents. On s’est appuyé sur des spécialistes de longue date, qui avaient un recul et qui étaient documentés depuis des décennies. Comment on distingue le travail et la maison. Comment on les évalue. Ça ne veut pas dire que, parce qu’on est au bureau, on est plus productif.

Qui en bénéficie le plus ? L’employeur ou l’employé ?

Ça va dépendre de la façon dont ce sera implanté. Si l’entreprise le subit et continue de surveiller à distance avec une mentalité disons dépassée, ça va être plus difficile. En 2024, on voit qu’il y a une mobilité. Les jeunes travailleurs veulent changer d’entreprise, veulent plus de plaisir. Donc si un employeur reste sur une ancienne garde comme ça, ce ne sera pas bénéfique. Jack Nilles le dit : « Si c’est implanté dans la confiance, si on ne traite pas les employés comme des enfants de garderie. Les personnes sont des adultes, le marché du travail est fluide. Si c’est réfléchi et implanté de façon à quantifier le travail. Si c’est bien fait, ça peut être bénéfique pour tout le monde. Le contraire peut causer beaucoup de dégâts. »

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