(Photo : Emmanuel Monette (Archives))
L'hiver 2022-2023 est le troisième hiver le plus neigeux des 23 dernières années dans les Laurentides.

Tendances météo : moins de froid, mais plus de neige

Par Ève Ménard

L’hiver 2022-2023 est le troisième hiver le plus neigeux des 23 dernières années dans les Laurentides. En date de la mi-avril, il est tombé 390 cm de neige. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’accumulation de neige ne diminue pas. Au contraire, elle tend à augmenter. Mais d’autres défis météorologiques guettent notre région et ses skieurs. On en discute avec le météorologue amateur, Éric Chatigny.

Passionné de météorologie, Éric Chatigny compile des données dans la région des Laurentides depuis 2000. En plus de l’accumulation totale de neige dans un hiver, le météorologue compile une autre donnée fort intéressante : l’accumulation maximale au sol. Ce nombre varie au cours de l’hiver et permet de voir si la neige fond beaucoup, ou pas. Au début du mois de mars, l’hiver 2022-2023 se situait au quatrième rang des hivers depuis 2000 en termes d’accumulation maximale, avec 128 cm de neige au sol. Les données sont toujours récoltées à Sainte-Agathe-des-Monts.

Hivers plus doux, précipitations plus abondantes 

Éric Chatigny, météorologue amateur, compile des données depuis 2000 dans les Laurentides.

Contrairement à la première décennie des années 2000, les années 2010 à 2023 conservent davantage de neige au sol. « Jusqu’en 2010, mis à part l’hiver 2007-2008, on ne dépasse pas très souvent 110 cm ». Dans les tableaux du météorologue, on retrouve des accumulations maximales plutôt basses : 50 cm, 90 cm, 75 cm, 40 cm, énumère Éric Chatigny. Depuis 2010, une nouvelle tendance se fait ressentir : « on garde plus de neige au sol, comme si on en perdait moins », explique-t-il.

Cette réalité s’explique notamment par les températures : il fait moins froid. Dans la première décennie des années 2000, on avait souvent des périodes d’une dizaine ou d’une quinzaine de jour de temps très froid, en janvier ou en février. « C’est un temps sec où on n’accumule peu ou à peu près pas de neige », souligne Éric Chatigny.  « Mais depuis une douzaine d’années, on a moins de grandes périodes de froid. Alors pendant ces périodes où normalement c’est plus sec, on continue d’accumuler de la neige. » Ça expliquerait donc les hivers très enneigés et l’accumulation maximale au sol plutôt élevée. « Nos hivers sont de plus en plus doux, mais ça amène aussi plus de précipitations », résume le météorologue.

L’impact sur le ski

Les temps plus doux amènent des précipitations de neige significatives pour les stations de ski. Mais normalement, on devrait aussi aller chercher un peu plus de précipitations en pluie. Les journées pluvieuses ou verglaçantes peuvent jouer sur les conditions de glisse et nécessiter davantage de travail d’entretien qu’il y a une vingtaine d’années, indique M. Chatigny.

Un autre phénomène notable pour les stations de ski est celui du décalage des saisons. Éric Chatigny compile aussi des données sur la date de la première neige. Au début des années 2000, c’était plus souvent en octobre, alors que plus on avance, plus la première neige tarde. Elle arrive plus souvent en novembre. « On le remarque de plus en plus. Presque à chaque année, on se demande si on va avoir un Noël blanc, alors qu’avant, c’était garanti », mentionne le météorologue.

Le décalage qu’on observe est donc le suivant : non seulement l’hiver tarde à arriver, mais il se termine un peu plus tard aussi. Cette année en est un bon exemple. « Tout l’hiver, on a eu des températures au-dessus de la normale et depuis le 15 mars, on est sous les normales. On n’a pas eu beaucoup de fonte de neige », explique M. Chatigny. Pour le ski, cette réalité engendre notamment des besoins au niveau de l’enneigement artificiel, souligne le météorologue. Avec des températures plus douces et une arrivée du froid plus tardive en début de saison, il faut pouvoir enneiger artificiellement les montagnes.

Plus de risque d’inondations

Cette fonte tardive et ce décalage des saisons peut aussi avoir des impacts sur les inondations. Les années 2018-2019, lors desquelles il y avait eu des inondations importantes, sont un bon exemple.

« Pendant l’année, on avait accumulé beaucoup de neige. Avec le décalage des saisons, la fonte avait commencé plus tard et ensuite, ç’a fondu vite, » explique Éric Chatigny.

Cette année, le météorologue craint pour les inondations. « On est passé de températures sous zéro où la fonte est très limitée à des températures entre 15 et 20 où on va perdre de la neige », dit-il. Normalement, dans les Laurentides, il ne reste plus de neige à partir du 30 avril. En 2018 et en 2019, où les inondations avaient été nombreuses, on mesurait encore une vingtaine de cm au sol. Cette année pourrait être une autre exception. À la fin mars, en 2019, il y avait 118 cm au sol. En 2023, il y en avait 112. Il y a donc de bonnes chances qu’il reste encore de la neige au sol à la fin du mois d’avril.


TOP 3 Les hivers les plus neigeux

  • 2007-2008 : 450 cm
  • 2018-2019 : 414 cm
  • 2022-2023 : 390 cm

TOP 4 Accumulation maximale au sol au début de mars

  • 2019 : 162 cm
  • 2008 : 148 cm
  • 2016 : 132 cm
  • 2023 : 128 cm

 

 

 

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