(Photo : SphMédia-B. Calmeau)
L'acteur Jean-Carl Bourcher et le réalisateur Ricardo Trogi.

Sortie du film 1995 : Le réalisateur Ricardo Trogi en toute sincérité

Par France Poirier

Avec la sortie de son film 1995, quatrième film de la tétralogie sur sa vie, le réalisateur Ricardo Trogi nous a accordé une entrevue.

On arrive au quatrième film sur ta vie, est-ce qu’au départ tu savais que tu allais faire plus d’un film?

Non, je ne savais pas du tout quand ça a commencé. Puis, les gens ont aimé et j’ai parlé avec l’acteur et on en a fait un autre, puis un autre !

Pourquoi as-tu décidé d’écrire sur ta vie ?

Je trouvais que j’avais beaucoup d’anecdotes à raconter.

Pour écrire sur soi ça demande de la vulnérabilité, de l’exhibitionnisme ou de l’égocentrisme ?

Ça demande un certain courage, je dirais.

Quand tu as choisi celui qui allait t’incarner, tu l’as choisi parce qu’il te ressemblait ?

Vraiment et même quand mon père est venu sur le plateau de tournage et qu’il a vu Jean-Carl habillé avec mes vêtements de l’époque, il n’en revenait pas de la ressemblance.

Jusqu’où tu voulais que ce soit le reflet de la réalité ? Quelle part de fiction y a-t-il dans tes films ?

Je voulais que ce soit la réalité, mais il ne m’arrive pas autant de gaffe que dans les films. Ce serait affreux ! Ce n’est pas un ramassis des artéfacts et d’objets de l’époque. Assez rapidement au début du film, il faut embarquer dans l’histoire. Que ce soit l’histoire qui devient la vedette du film.

Et les membres de ta famille ? Comment vivent-ils le fait d’être exposés ? Les personnages reflètent-t-ils bien la réalité de ta vie familiale ?

Oui ! Ma mère a moins d’énergie que Sandrine, mais jeune, elle était assez « rentre dedans » aussi. Ça ne me gêne pas de la montrer comme ça. Quand elle voit que les gens trouvent ça drôle, elle est fière. Tant que le monde rit, elle est contente. La plupart des gens sont flattés d’être dans le récit. Il y a des gens qui ne sont pas dans ma famille qui ont trouvé difficile de se retrouver dans un de mes films. D’autres m’ont carrément dit qu’ils ne voulaient pas être dans le prochain film quand ils sentaient que je parlais de leur époque.

Est-ce que tu te censures ?

Oui, il y des choses que je garde pour moi. Il y a des zones qui m’intéressent moins et que je choisis de ne pas aborder. Comme la violence, je ne vais pas là-dedans; je ne suis pas un violent et ma vie non plus. La sexualité, je demeure sur la ligne, je garde ça de bon goût, je dirais. Je suis une personne assez pudique et je pense que dans ce genre de comédie, ça ne se prête pas non plus.

Est-ce plus facile de faire rire ou de faire pleurer ?

[Hésitation] Je ne sais plus, les deux sont aussi difficiles. Faire pleurer, c’est plus précis, plus tangible. Des fois, tu penses être touchant et ça passe dans le beurre, même chose avec une blague. J’ai l’impression que c’est plus facile faire pleurer que rire. Par contre, après toutes ces années, je pense que c’est presque pareil.

Pour 1995, c’est l’époque de tes premiers pas dans le monde du cinéma. Raconte-nous comment tu as décidé de participer à la Course destination monde ?

Je regardais ça à la télévision et je pensais pouvoir le faire. Je croyais être capable de divertir. Ça cadrait bien avec qui j’étais. Je me sentais aventurier et je n’avais pas peur des défis. Je voyais ça comme ma porte d’entrée pour le monde de la réalisation. Je me disais que je pourrais m’installer dans ce monde et ne plus bouger de là et c’est ce qui est arrivé !

Tu es retourné en Égypte où tu as fait le tournage de la Course. Comment c’était de te retrouver là-bas, 30 ans plus tard ?

Nous avons tourné l’Égypte, mais au Maroc. Parce qu’en Égypte, ils doivent avoir un regard sur le scénario et c’est compliqué alors qu’au Maroc, l’industrie du cinéma est très grosse et ils s’en foutent du film que tu fais.

Qu’est-ce que ça a évoqué de retourner à cette époque ?

Ça me fait apprécier où j’en suis aujourd’hui. J’apprécie le standard et le niveau où je suis rendu aujourd’hui comparativement à où j’étais quand j’avais 24 ans. Il y a eu une belle évolution et je suis content de ça. Mais je réalise que c’était le moment où j’étais le plus libre et je ne le savais pas vraiment. Si c’était à recommencer demain, je me paierais la traite !

Est-ce qu’il y aura une suite ? Si oui, on parlerait de quoi ?

Je ne pense pas. À chaque film, je suis surpris de l’accueil. Pour l’instant, je n’ai pas idée pour la suite. Le film se termine en ne fermant pas la porte, mais elle n’est pas ouverte non plus. En même temps, je ne voudrais pas écrire un film sur un film parce que 1995 représente mes débuts comme réalisateur.


Pop quiz cinéma

Jean-Marc Vallée ou Denis Villeneuve ?

Et mon Dieu, je ne peux pas répondre à celle-ci. Je les connais trop ! C’est trop gênant, je ne le dis pas, je vais garder ça pour moi.

Denys Arcand ou Pierre Falardeau ?

Cris… pas facile ton quiz. Je dirais Denys Arcand.

Ton film québécois préféré de tous les temps ?

Les Plouffe.

Un film québécois qui mérite d’être plus connu ?

Histoires d’hiver.

Le film que tu as vu le plus souvent ?

Je crois que c’est Back to the Future.

Un film que tout le monde aime et que toi tu n’aimes pas ?

Grease : les comédies musicales, ça ne m’intéresse pas.

Le film que tu aurais voulu écrire ?

Cinéma Paradisio. De loin le meilleur pour moi.

Le meilleur film que tu as vu cette année ?

La zone d’intérêt.

Comédie ou drame ?

Je suis attiré par la comédie en premier.

Plaisir coupable dans les films ?

Rocky 4. Pas le 1, pas le 2, pas le 3… le 4 !

Popcorn avec ou sans beurre ?

Sans beurre, mais avec des M&M’s. C’est pour ça que je ne mets pas de beurre.

Le film sera à l’affiche à compter du 31 juillet et un visionnement spécial aura lieu le 7 août à 19 h 30 au Cinéma du Carrefour du Nord en compagnie du réalisateur Ricardo Trogi et de l’acteur Jean-Carl Boucher.

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