Roman d’aventure : Lucy Bird, chasseuse de plantes
Par Simon Cordeau
Dans le roman d’aventure Lucy Bird à la recherche du jardin d’Éden, on suit une chasseuse de plantes qui, pour la Couronne britannique, parcourt la forêt boréale du Québec en 1861 pour découvrir de nouvelles épices, fleurs ou végétaux rares.
L’auteur Benjamin Alix, qui habite à Harrington dans les Laurentides, prévoit déjà deux autres tomes de cette série après le premier, La forêt boréale.
Chasser les plantes
« L’idée de départ vient de ma copine, qui a travaillé aux Jardins de Métis. Il y a une dame, Elsie Reford, qui a créé ces jardins [en 1926]. Et c’était un acte contre nature de les fonder en Gaspésie, où il n’est pas supposé pousser autre chose que du sapinage. Pour choisir ses plantes, elle faisait donc affaires avec des chasseurs de plantes », raconte l’auteur.
Cette histoire pique sa curiosité. En faisant des recherches et en lisant les récits de ces personnes, il découvre un métier passionnant. « À l’époque [au 19e siècle] en Angleterre, il y avait de l’espionnage industriel pour le thé. Les épices, comme le poivre de Cayenne, ont une histoire fascinante », s’émerveille l’auteur.
Il s’en inspire pour créer le personnage de Lucy Bird. « J’aime beaucoup qu’elle cherche des fleurs, pas des minéraux. Ses trésors à elle, ce sont des végétaux. »
« Le drame vient avec des blessures »
On apprend au fil des pages que Lucy a un passé difficile, voire tragique. « Je viens du monde du cinéma. J’ai fait mon bac en littérature et j’ai étudié à l’inis. Ça prend une complexité au personnage quand on veut du drame. Le drame vient avec des blessures », explique M. Alix.
Par exemple, Lucy grandit orpheline dans le quartier de Whitechapel, à Londres : un clin d’oeil à Jack l’Éventreur, indique l’auteur. « Quand j’ai lu sur ce quartier-là… c’est sordide. C’est une pauvreté qu’on ne connait plus aujourd’hui, et c’est assez trash. Ça fait un contraste avec l’Angleterre, qui est un empire. »
Ainsi, Lucy est débrouillarde et ne se laisse pas impressionner. Mais elle est aussi « très orgueilleuse », voire arrogante. « C’est ce qui m’intéresse vraiment dans un roman d’action et d’aventure : un personnage qui a du front », illustre M. Alix.
L’héroïsme du coureur des bois
Depuis toujours, Benjamin Alix est fasciné par les récits d’aventure et de dépassement de soi. « Mon enfance a vraiment été marquée par Indiana Jones. Ç’a frappé mon imaginaire. Après, il y a toute la culture américaine, comme Les Goonies. Puis j’ai vieilli. J’ai lu l’Odyssée d’Homère et Jules Verne au complet. »
Pour l’auteur, ces héros épiques trouvent leur représentation ici, dans le coureur des bois. « Le coureur des bois, pour moi, est un personnage fascinant et héroïque de l’histoire québécoise et canadienne même. Ils parlaient plein de l’intelligence, servaient de guide, et avaient une intelligence et des savoirs pour survivre dans le bois », illustre-t-il.
Par exemple, M. Alix fait du canot-camping avec sa copine. Il part toujours bien préparé, avec des réserves et de l’équipement. « Mais mettons que je n’ai pas ça. Qu’est-ce que je fais ? La nature, on a réussi à la dompter pas mal. Mais c’est hostile quand même. Les coureurs des bois, ce sont des forces de la nature. » Ainsi, c’est l’un d’eux, Étienne, qui guide Lucy à travers la forêt boréale et ses dangers.
Les Laurentides
Benjamin Alix habite dans « la belle vallée d’Harrington » dans les Laurentides. « C’est quand même dans le bois. Ça va avec mon tempérament. Avec ma copine, on est en train de bâtir notre maison. C’est vraiment magnifique : c’est comme un coin de pays figé dans le temps. »
« J’ai toujours été un gars de bois. Ça faisait du sens de faire naître une chasseuse de plantes », indique l’auteur. Le deuxième tome de Lucy Bird est « presque terminé » et devrait paraître en février 2025. « On va entrer en phase d’édition et de correction. » Il prévoit trois tomes au total.