Ricardo vous apprend (encore) à cuisiner

Par Simon Cordeau

Le chef cuisinier Ricardo publie Mon premier livre de recettes, tome 2. « C’est le même public [que le premier tome] : les 6 à 15 ans, grosso modo. Tu continues ton apprentissage, avec d’autres recettes », explique-t-il. Au menu : nouilles ramen au fromage, banana split déjeuner, tacos-burger, poké bowls, etc.

Ricardo souhaitait garder la même formule que le tome 1, paru en 2015, souligne-t-il. « C’est notre plus gros succès à vie. Les gens ont aimé travailler avec ce livre. » Entrevue avec le chef le plus connu au Québec.

Des recettes « jeunes et actuelles »

Photo : Maude Chauvin

Le nouveau tome est encore plus près des jeunes, croit Ricardo. « Depuis les 10 dernières années, avec les réseaux sociaux, on est capable de savoir ce qu’ils aiment et ce qu’ils cherchent. On sait quelles recettes ils trouvent sur notre site web. Je discute avec eux dans les écoles et je leur pose des questions. Donc les chapitres, c’est ce qui revenait le plus souvent. »

On retrouve donc dans le livre des recettes « très jeunes et très actuelles » : nouilles ramen au fromage, banana split déjeuner, boules d’énergie, tacos-burger… « Il y a aussi les smoothies et les poké bowls qui sont à mode. Les jeunes aiment le poisson cru. Ç’a énormément évolué dans les 10 dernières années. »

L’objectif est aussi d’offrir aux jeunes des recettes « pas trop chères et pas compliquées » pour recevoir leurs amis, et de les responsabiliser. À travers l’ouvrage, le personnage de Jay Une-Question offre aussi des conseils, avec de courts textes faciles à lire, qui permettent au lecteur d’en apprendre plus sur la nourriture.

Donner le goût de cuisiner

En plus de développer l’autonomie, apprendre à cuisiner aide dans d’autres dimensions du développement, ajoute Ricardo. « Le décrochage scolaire, le manque d’estime de soi, l’acceptation de l’autre, ce sont des enjeux qui m’ont toujours touché. Moi aussi, j’ai souffert de ça. On a envie d’être respecté, écouté, aimé. Et la cuisine, ça provoque ça aussi. Si quelqu’un te reçoit chez lui, et il a cuisiné quelque chose, même si c’est juste une trempette pour vos chips, déjà tu te sens privilégié. C’est un signe de générosité. »

Il donne aussi l’exemple d’un enfant de 8 ans qui manque d’estime de soi et qui ne se trouve pas bon à l’école. Préparer une soupe ou des biscuits pour ses amis ou ses parents peut devenir une réussite concrète, qui lui vaudra des félicitations, illustre le chef cuisinier.

Cuisiner demande également d’appliquer des notions de mathématiques, pour mesurer les ingrédients, de chimie et même de géographie. « Quand tu prépares un Tex-Mex, tu vas ailleurs. On le fait comme adultes. Est-ce qu’on mange du viet ou du thai ce soir ? Il y a une notion culturelle là-dedans. Et c’est notre job d’adultes, d’ouvrir nos enfants sur la différence à travers la nourriture. »

Aussi pour les « moins jeunes »

Cependant, les plus vieux y trouveront aussi leur compte, souligne Ricardo. « Même pour un adulte, quand tu ne sais pas trop quoi te faire, la recette du meilleur grilled cheese, ça fait passer du fromage », illustre-t-il.

Le chef cuisinier rappelle que, peu importe l’âge, le plaisir de cuisiner et de la bonne bouffe reste le même : tout est dans la façon de l’expliquer. « Beaucoup de jeunes et de moins jeunes me disent : « Moi, ça ne m’a jamais intéressé. » Mais ils regardent le livre et ils se sentent compétents. »

Il donne l’exemple d’un monsieur devenu veuf qu’il a rencontré, et qui a utilisé le livre pour apprendre à cuisiner. « Il m’a dit : « Je me suis découvert une vraie passion ! Ma femme serait fière. J’aurais aimé qu’elle goûte ce que je fais » », raconte Ricardo, encore touché.

Le chef cuisinier admet qu’il est toujours plus difficile de cuisiner quand on mange seul, qu’on soit un jeune étudiant ou un grand-parent. « Il y a la question des portions, et on n’a pas toujours le goût ou l’entrain. » C’est pourquoi certaines recettes misent sur la simplicité, comme le dessert dans une tasse ou l’omelette facile au micro-ondes.


Pop-quiz culinaire

Un plat simple et rapide à préparer un soir de semaine, quand on n’a pas l’énergie pour cuisiner ?

J’aime jouer aux cartes. Si des amis viennent, je leur fais des nachos. J’ajoute une protéine dessus : du poulet, un reste de saucisse, des crevettes, etc.

J’aime aussi beaucoup le dessert dans une tasse. Il y en a quatre différents dans le livre. Quand on reçoit un couple d’amis, je fais quatre tasses, et chacun a la sienne. C’est même quelque chose de chic et de l’fun.

La meilleure collation que les jeunes peuvent se préparer ?

Les fruits et les légumes, on n’en mange pas beaucoup, parce qu’on n’en a pas beaucoup sous la main. Donc j’ai des fruits déjà prêts, coupés, pelés : des mangues, des morceaux d’ananas, etc. Je picosse là-dedans. Même chose pour les légumes. Tu peux préparer des trempettes, aussi. Je mange beaucoup moins de cochonneries depuis que j’ai ça.

Et quand ils sont moins beaux, je les passe dans une salade ou des smoothies.

Un outil que chaque cuisinier devrait maîtriser ?

Le couteau. Tu fais tout avec un couteau. Il doit être affuté, mais il n’a pas besoin d’être cher.

Un aliment déjà prêt à garder dans son frigo pour se dépanner ?

Du riz cuit. Tu peux faire un pudding au riz, du riz frit, l’ajouter dans une soupe. C’est très versatile.

Un plat pour impressionner sa blonde ou son chum ?

Un beau plat au gratin. Tu le prépares d’avance, et il te reste juste à le mettre au four. Devant ta blonde, tu fais juste la petite salade verte. Tu as l’air de cuisiner sans réfléchir.

Un dessert plus difficile à préparer, mais qui nous apprend plein de choses ?

Faire de la guimauve. C’est niaiseux, mais il faut que tu maîtrises plein de choses. Il y a juste 3-4 ingrédients, mais tout est dans la technique. La première fois, elle n’aura peut-être pas la forme que tu voulais. Mais c’est assez unique, et il n’y a personne qui pense à faire sa propre guimauve. C’est impressionnant : tu as l’air du gars qui cuisine tout.

Un conseil pour devenir un meilleur cuisinier ?

À chaque fois que tu fais quelque chose, tu prends confiance en toi. Il n’y a rien dans le vie qui est bon instantanément. Ça prend du temps où tu répètes, répètes, répètes…

Par exemple, dans le temps des Fêtes, tu te fais un menu, et tu le fais à tout le monde que tu reçois. Comme ça, tu apprends qu’il faut chauffer plus ci, ajuster les portions de ça, etc.

Et prends des notes ! Comme ça, la prochaine fois, quand tu sors ta feuille, tu te souviens. « C’est vrai, j’avais doublé la recette. » C’est comme une chorégraphie.

Et souviens-toi que ce n’est pas une job. On reçoit des amis ou de la famille. Si on stresse pour ça aussi, on ne s’en sortira pas !

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