Réseau Hommes Québec : Parler, écouter et briser l’isolement
Par France Poirier
Fondé par le psychanalyste Guy Corneau, Hommes Québec est un organisme à but non lucratif (OBNL) qui se spécialise dans le développement de soi. Il permet aux hommes de participer à des groupes de parole et d’écoute, des conférences et des fins de semaine thématiques afin de briser l’isolement. Entrevue avec Christian-Marc Gendron, l’un des porte-parole.
Auteur-compositeur-interprète, pianiste émérite, multi-instrumentiste, réalisateur et producteur, Christian-Marc Gendron a parcouru la planète en se produisant dans plusieurs spectacles d’envergure. C’est un gars de la région qui est aussi l’un des propriétaires de l’équipe de baseball les Cardinaux des Laurentides.
Comment as-tu connu Hommes Québec ?
C’est grâce à une amie que j’ai découvert Hommes Québec. En lisant les informations, j’ai été intéressé. Elle m’a offert d’être porte-parole avec deux autres hommes, mon ami Richard Turcotte et Martin Léon.
Qu’est-ce qui t’a incité à t’impliquer ?
C’est la première chose que j’ai dit à ma femme : que je voulais m’inscrire sur les sites de discussions du jeudi soir quand mon horaire me le permet. Je fais partie des donateurs parce que je crois beaucoup en cette cause. On a tous connu quelqu’un qui a dépassé les bornes, qui est allé trop loin. Avec la violence conjugale, Hommes Québec est là pour travailler en amont pour éviter qu’un homme pète un plomb dans la société. Cette société où tout le monde est isolé, tout le monde est sur son cellulaire, ça ne se parle plus. Il faut alimenter la discussion entre hommes sans jugement. Dans les cas plus lourds, on réfère les hommes aux bonnes ressources. C’est important de mettre en lumière les groupes de discussions.
Les femmes semblent se mobiliser plus que les hommes. Qu’est-ce que tu en penses ?
Je pense que c’est plus difficile d’attirer l’attention médiatique pour cette cause. Par contre, il y a beaucoup d’hommes qui utilisent les services d’Hommes Québec, plus qu’on pense. La vocation est d’aider le plus d’hommes possibles à parler, à écouter, à évoluer. Pour l’intelligence émotionnelle, c’est une bonne organisation avec du personnel incroyable.
Un homme ne parle pas beaucoup, mais au bout du compte, ça n’écoute pas beaucoup non plus.
Est-ce que tu invites tes confrères masculins à aller chercher de l’aide ?
Absolument. Il faut que les hommes sachent que ça existe. C’est une porte d’entrée. Par la suite, si les besoins sont plus grands, on les redirige vers les services appropriés.
Pour Christian-Marc Gendron, il ne fait aucun doute qu’une ressource comme Hommes Québec est essentielle pour aider les hommes à échanger entre eux, se confier et écouter ce que vivent les autres hommes. C’est une façon de briser l’isolement et de s’ouvrir aux autres.
Études et statistiques
- Le taux de suicide est trois fois plus élevé chez les hommes, particulièrement ceux âgés entre 50 et 64 ans. (INSPQ, 2024)
- Il y a beaucoup de cas de violence conjugale. En 2022, au Québec, 25 401 personnes, dont 19 126 femmes et 6 275 hommes, en ont été victimes. Le nombre de victimes a augmenté entre 2005 et 2022, tant chez les femmes que chez les hommes. Même si la hausse est plus marquée chez les hommes (118 % contre 31 %), les femmes sont néanmoins les principales victimes de violence en contexte conjugal. En 2022, les femmes représentent un peu plus de trois victimes sur quatre (75 %) (Statistique Québec, 2022).
- Les hommes célibataires, séparés, divorcés ou veufs sont nettement plus à risque de dépression et d’un haut niveau de détresse psychologique que les hommes qui vivent en couple (CRIVIFF, 2007, p. 23)
- Les hommes tardent souvent à consulter. Plus de 80 % tentent de résoudre seuls leur problème. Près de 70 % préfèrent garder pour eux leur problème.
- Près de la moitié se disent agacés quand quelqu’un tente de les aider lorsqu’ils sont tristes ou préoccupés (Fonds de recherche du Québec, 2016, p. 30).