Alfred Kelly: Pour l’amour des oiseaux
Par Simon Cordeau
La Réserve naturelle Alfred-Kelly, à Piedmont et Prévost, protège 471 hectares de milieux naturels. Mais que sait-on sur l’homme qui lui a donné son nom?
« Il y a très peu d’archives à Piedmont, et même à la Société d’histoire et de généalogie des Pays-d’en-Haut », explique Diane Jeannotte, membre du comité Patrimoine de Piedmont, qui organise les festivités autour du centenaire de la municipalité. Pour rendre hommage à Alfred William Buchanan Kelly, le comité a dû rencontrer des familles et des aînés qui sont à Piedmont depuis toujours, raconte Mme Jeannotte.
Elle me réfère à Gilbert Aubin, qui a été directeur général de la Municipalité pendant 50 ans et qui est natif de Piedmont. « D’abord, c’était un ingénieur à Bell Canada. Mais sa passion, c’était les oiseaux », confie M. Aubin, qui a connu M. Kelly de son vivant.
Un gentleman écolo
« Il venait de Montréal. Il a acheté un terrain à Piedmont et y a bâti un petit chalet », continue M. Aubin. M. Kelly venait l’été, de mai à novembre environ, et voyageait seulement en autobus, jamais en auto. M. Aubin parle d’un type discret et solitaire, d’une grande politesse, « un gentleman ».
À l’époque, il y avait beaucoup d’agriculteurs dans la région. Ceux-ci installaient des nichoirs sur leur terrain pour attirer les oiseaux. « Il en reste encore quelques-uns », poursuit M. Aubin. Pour un ornithologue passionné comme Alfred Kelly, c’était l’endroit parfait pour observer les oiseaux. « Quand on le voyait, en vacances ou la fin de semaine, il avait toujours ses jumelles avec lui. »
Léguer sa passion
Alfred Kelly décède en 1983, on ne sait pas à quel âge. Il lègue sa fortune et sa modeste propriété à l’organisme Protection des oiseaux du Québec (POQ). Durant les 25 premières années, POQ ne peut utiliser que les intérêts, explique M. Aubin.
Une fois ces 25 années écoulées, l’idée de créer un parc en l’honneur d’Alfred Kelly est explorée. Des représentants de Piedmont, de POQ et de l’organisme Conservation de la nature Canada (CNC) s’unissent pour trouver du financement. Ils amassent près de 700 000 $ auprès de la communauté. Un investissement de 5 M$ des gouvernements provincial et fédéral permet d’acheter, en 2008 et en 2010, des terrains au Centre de la jeunesse et de la famille Batshaw (autrefois le Boys’ Farm).
Du petit héritage d’Alfred Kelly est né la Réserve naturelle Alfred-Kelly, grande de 471 hectares. « C’est une réserve immense qui assure la protection de tous les animaux », se réjouit M. Aubin. Les falaises qui s’y trouvent sont d’ailleurs un endroit unique où nichent plusieurs espèces d’oiseaux. Parmi les 27 espèces d’oiseaux de proie présentes au Québec, 22 y sont observées. « Ce que M. Kelly aurait fait, on l’a fait », raconte fièrement M. Aubin.
Préserver le patrimoine
En plus de protéger la nature, la réserve préserve aussi quelques sentiers patrimoniaux de la région, explique Fanny Lanoix, coordonnatrice de projets de CNC. La MOC, tracée et entretenue par les étudiants du McGill Outdoors Club, la Johannsen Est (JE), nommée en l’honneur du traceur Jackrabbit, et la Wizzard forment les principaux sentiers de la réserve.
D’ailleurs, certains sentiers seront fermés cet automne pour permettre la réfection de leurs passerelles. « Les travaux commenceront cet automne. On attend les dernières autorisations. On espère avoir terminé pour le printemps prochain. Il faut s’assurer que le site reste sécuritaire », indique Mme Lanoix. Présentement, plusieurs passerelles sont pourries ou endommagées.
Le territoire de la Réserve naturelle Alfred-Kelly est protégé à perpétuité par Conservation de la nature Canada (CNC).
Le saviez-vous ?
Le lac Paradis, au cœur de la réserve, est un lac artificiel. « Il provient de l’élargissement d’un ruisseau par un barrage artificiel », nous apprend Fanny Lanoix de CNC. L’étendue d’eau met en valeur les escarpements derrière, ainsi que la faune et la flore qui l’entourent. Durant une randonnée, on peut souvent y observer des castors à l’ouvrage.