Pénurie de main-d’œuvre : Les Pays-d’en-Haut épargnés?
Par Ève Ménard
Le propriétaire du Spago à Sainte-Adèle, Louis Desjardins, s’étonne de l’achalandage à son restaurant. « La clientèle est vraiment au rendez-vous. Il y a du monde, ça n’a pas d’allure », confie-t-il. Même les soirs de semaine, c’est très occupé : la semaine, les résidents sortent et les fins de semaine, ce sont les touristes, remarque monsieur Desjardins. Le boom démographique se fait sentir à Sainte-Adèle et dans les Laurentides.
Le propriétaire du Spago craignait pourtant une baisse de l’achalandage, avec ce qui circulait dans les médias, concernant le coût de la vie et la facture du restaurant. Il a l’impression que les Laurentides seraient moins touchées par cette réalité « C’est un peu aisé et les gens sont à la retraite », constate-t-il. Également, le propriétaire a fait attention dans sa hausse de prix.
Au niveau de sa main-d’œuvre, tout se passe bien aussi. Ses 32 employés sont présents. Monsieur Desjardins compte d’ailleurs sur une équipe fidèle, qui cumule plusieurs années d’expérience. « Ce sont des gens du coin, des anciens qui sont là avec moi depuis des années. J’ai eu beaucoup d’applications aussi », se réjouit Louis Desjardins. Pendant l’été, il a eu un ou deux postes à combler seulement.
« Le boom immobilier est venu donner un coup de main »
Les Sommets est le plus gros employeur de la MRC des Pays-d’en-Haut. En période de pointe, l’entreprise compte sur 1 900 employés. Christian Dufour, directeur marketing pour Les Sommets, reconnait que le recrutement est un défi, surtout depuis le début de la pandémie. « Mais on réussit à trouver notre compte », assure-t-il. « Cette saison, on n’a pas eu d’enjeu majeur au parc aquatique. On avait réussi à combler l’ensemble de nos postes et offrir 100 % de nos services. »
En vue de l’hiver, l’entreprise s’attarde présentement au retour au travail. « On regarde qui de l’an passé revient. Il y a des années où le retour au travail est très positif, des années dans la moyenne ou un peu en-dessous », explique monsieur Dufour. Le recrutement est ensuite orienté en conséquence. Les Sommets comptent d’ailleurs être très actifs au niveau du recrutement dans les prochains mois. « On met les efforts nécessaires. On a modifié les procédures de recrutement et on travaille plus fort dans la mise en marché des postes, pour que les gens comprennent bien ce qui est offert », explique le directeur marketing. Un des défis aux Sommets, c’est la diversité des postes offerts : électriciens, cuisiniers, mécaniciens, moniteurs de ski, etc. Chaque année, on ne sait pas dans quel secteur il sera plus difficile de trouver de la main-d’œuvre, souligne Christian Dufour. « Le boom immobilier est venu donner un coup de main. Il y a du monde de Montréal par exemple qui ont un chalet et qui viennent enseigner les fins de semaine », ajoute-t-il.
Les freins : manque de logements et de garderies
Le CJE des Pays-d’en-Haut accueille et accompagne les jeunes âgés de 15 à 35 ans pour s’installer sur son territoire, trouver un emploi ou favoriser un retour aux études, selon les besoins. Au cours de l’année 2022-2023, l’organisme a accompagné 111 jeunes de 18 à 35 ans, via son programme Place aux jeunes en région, qui facilite les démarches d’établissement, de vie et de travail dans les Pays-d’en-Haut. De ce nombre, seulement 11 migrations ont été réussies.
Selon Mireille Simard, agente aux communications et au développement au CJE, la région est pourtant attractive. Ces chiffres s’expliquent surtout par le manque de logements et de places en garderie. Il s’agit des principaux freins à l’établissement de jeunes qualifiés et prêts à travailler sur le territoire des Pays-d’en-Haut. « Le coût des loyers est très élevé. Mais même si les gens avaient les moyens de se le payer, il n’y a juste pas de logements. Il y a aussi des jeunes familles qui veulent venir s’installer ici. Mais il n’y a pas de garderies », détaille madame Simard.