Le Mont Habitant aujourd'hui. Courtoisie

Mont Habitant : 65 ans à skier en famille

Par Simon Cordeau

La station de ski Mont Habitant, à Saint-Sauveur, fête cette année ses 65 ans. C’est à l’hiver 1958-1959 qu’elle ouvre ses portes. Et en 1960, Joan Goodwin Wilson Stein devient la directrice de l’École sur neige. Accompagnée de Shane Booth, directeur général de la station, elle nous raconte son expérience comme toute première femme à occuper un tel poste au pays.

« À l’époque, j’avais 50 instructeurs », se souvient Joan. « Aujourd’hui aussi, nous en avons autant », ajoute Shane. Le samedi, il pouvait y avoir jusqu’à 400 enfants venus pour les cours de ski, et il y en avait environ 200 le dimanche, raconte Joan.

Enseigner tout l’hiver

Joan Stein et ses instructeurs. Courtoisie

Joan met en place un programme de 12 fins de semaine que les familles suivent durant l’hiver. Maintenant, ce type de programme existe dans plusieurs stations de ski des Laurentides et même à travers le pays. « C’est Joan qui a commencé ça », souligne Shane. « J’engageais des skieurs de niveau 4, le plus haut niveau, pour qu’ils donnent une leçon à mes instructeurs », raconte Joan. Pour elle, il était aussi important que l’enseignement se fasse dans le plaisir.

Depuis ce temps, l’enseignement a peu changé. Les compétences de base sont les mêmes. Mais les techniques et l’équipement, eux, ont évolué, rendant l’apprentissage plus facile, rapide et sécuritaire. « Peux-tu t’imaginer : on skiait avec des longs skis et des bottes en cuir ! », illustre Shane, ce qui fait rire Joan. Elle a pris sa retraite en 1995.

Une affaire de famille

Mont Habitant fête ses 65 ans cet hiver. Courtoisie

Les skieurs venaient au Mont Habitant pour la journée. « C’était un centre de jour. Ce l’est encore ! », explique Shane. Il y avait même un autobus qui partait de Beaconsfield, à Montréal, pour amener les familles ici le temps d’un samedi ou d’un dimanche. Alors que les autres stations, comme Mont-Tremblant, misaient sur des forfaits d’une semaine qui attiraient les Américains, Mont Habitant se concentre sur les familles de la région qui reviennent chaque week-end de l’hiver. « C’est la même tradition aujourd’hui. »

Avec son programme, Joan et ses instructeurs ont ainsi formé des milliers de familles au ski. « J’ai eu des instructeurs qui ont appris à skier à l’école ici », raconte-t-elle. La passion du ski s’est même transmise dans sa famille. Parmi ses cinq enfants, quatre ont été instructeurs. Et aujourd’hui, deux de ses petits-enfants enseignent à la montagne. « Le ski, c’est le seul sport qu’on peut pratiquer en famille, ensemble », souligne Shane.

Surtout, Mont Habitant est une entreprise familiale depuis ses débuts. « Mon mari, Marvin « Mickey » Stein, est mort en 1985. À l’époque, la station de ski était un « one-man show ». Quelques années plus tard, Dean Booth a repris l’entreprise. Et maintenant, c’est Shane, son fils », raconte Joan. Shane est directeur de l’école de ski depuis 19 ans, et directeur général de Mont Habitant depuis déjà 4 ans. « Mais ce sont les gens qui travaillent ici qui rendent ça possible », s’empresse-t-il de préciser. « On ne peut rien faire seul. Tout le monde fait partie de la famille. »

La nuit et la neige

Mont Habitant a été parmi les premiers à éclairer ses pistes le soir et à fabriquer sa neige. Courtoisie

Mont Habitant a été la première station à éclairer ses pentes et à permettre le ski de soirée, raconte fièrement Shane. Mais au début, il s’agissait d’un risque, souligne Joan. « Je m’occupait déjà de l’école et du magasin. Et c’était difficile d’avoir du personnel le soir aussi. »

La station a également été parmi les premières à fabriquer sa neige. « Ça aussi, ç’a été un défi », admet Joan. Mais c’est désormais un essentiel pour toute station de ski. « Cette année, on a eu peu de neige. Malgré ça, les conditions sont excellentes, parce qu’on fait notre neige et qu’on l’entretient activement », souligne Shane.

Pour Joan et Shane, l’important est aussi de préserver et de transmettre les traditions. « Il y avait le bar après : Le Trappeur », se rappelle Joan. « C’était le meilleur. Il y avait des spectacles et du divertissement. Et dans ce temps-là, les gens buvaient un peu plus ! [Rires] » Le premier bar est passé au feu il y a plusieurs années. Il était au sous-sol, se souvient Joan. « Les enfants collaient leur visage dans les fenêtres. Ils attendent que leurs parents sortent ! » Aujourd’hui, Le Trappeur est encore est le lieu de rendez-vous des skieurs après une journée de descentes. « L’après-ski, ça fait partie de la culture », souligne Shane.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *