(Photos : Simon Cordeau)

Microbrasseries: Sur place ou sur les tablettes?

Par Simon Cordeau

« Ah! Des microbrasseries, tu en as presque à tous les coins de rue maintenant. C’est fou! », lance Guylaine Beaudoin, copropriétaire du Shack à Bière de Saint-Sauveur. Il est donc de plus en plus difficile pour les microbrasseries de se tailler une place sur les tablettes des épiceries et des commerces spécialisés. Et pour les clients, de s’y retrouver.

C’est pourquoi Éric St-Martin, maître-brasseur d’Anorak à Morin-Heights, n’envisage pas de distribuer ses bières dans les épiceries. Il y a déjà trop de choix. « Moi-même, je rentre là et je fais de l’anxiété à m’en choisir une », raconte-il en riant.

Pour faire sa place sur les tablettes, il faut d’abord produire du volume, explique-t-il. Et garder sa place est encore plus difficile. « Tu es super populaire pour deux semaines. Après tu ne fais plus de ventes. Tu ne construis pas de pérennité. »

Anorak commence bien à distribuer ses bières ailleurs que sur place, mais uniquement dans des boutiques spécialisées, où les clients peuvent se faire conseiller.

« Il y a toujours des nouveautés »

Au Shack à Bière, Guylaine estime qu’elle a entre 400 et 500 bières différentes. Le nombre exact est impossible à savoir, confie-t-elle, puisqu’il change tout le temps. Elle me pointe une caisse qu’elle est en train d’inventorier. « Tu vois ça, c’est nouveau. Il vient de la brasser cette semaine. Il y a toujours un roulement. Il y a toujours des nouveautés. »

Comment choisit-elle quelles bières vendre? « Les représentants viennent vendre leurs produits et tu choisis. » C’est que la plupart des brasseurs ne peuvent pas faire affaire avec un distributeur à cause de leur permis, explique Éric. « Il faut que ce soit moi qui aille porter chez le détaillant, ou que le détaillant vienne la chercher chez nous. »

Cependant, certaines microbrasseries sont plus en demande, et il est difficile de mettre la main sur leurs produits. Brewsky par exemple, établi à Montréal, brasse des IPA très houblonnées… et très recherchées. Chaque semaine, Guylaine reçoit un courriel lui indiquant combien de caisses sont disponibles. Si elle les veut, elle doit aller les chercher elle-même à Montréal. Et c’est même Brewsky qui établit le prix de revente. « Mais c’est rare, ceux qui font ça. »

Toutefois, même sur les tablettes des boutiques, le contenant peut être plus important que le contenu. « Les gens achètent une étiquette, parce qu’ils n’ont pas encore goûter à la bière. Elle est enfermée dans la canette », illustre Éric.

Guylaine abonde dans le même sens. Elle me montre des canettes de Noctem, qui affichent des chats sur un fond psychédélique coloré. « Souvent les filles font : « Aw! Je ne sais pas ce qu’il y a dedans, mais je la veux » », raconte-elle.

À la microbrasserie cependant, les clients peuvent goûter quelques gorgées, faire leur choix, puis repartir avec la bière qu’ils aiment, ajoute Éric.

Tourisme brassicole

« Le plus rentable, c’est la consommation sur place. Tu ne peux pas dépasser ça. Ensuite, c’est la vente pour emporter sur place, comme il n’y a pas d’intermédiaire », souligne le maître-brasseur.

Surtout, le tourisme brassicole gagne en popularité. Les amateurs de bière s’organisent des tournées pour essayer les différentes microbrasseries d’une même région, par exemple. Si les microbrasseries se font compétition sur les tablettes, elles s’entraident lorsqu’elles sont voisines.

« Mon plus grand rêve, c’est qu’une micro s’installe juste en face », admet volontiers Éric. Ainsi, les amateurs qui s’arrêteraient chez le voisin pour essayer ses bières passeraient ensuite chez lui, et vice-versa.

Quoi boire cet été?

Les bières disponibles évoluent selon l’inspiration des brasseurs et les saisons. Pour l’été, Guylaine du Shack à Bière recommande des blondes douces, comme les pilsners, qui se prennent bien sur une terrasse.

Cette année, les bières smoothies sont très prisées. Brassées avec des fruits frais, elles sont juteuses et faciles d’accès : on croirait presque que ce n’est pas de la bière! Cependant, elles sont plus coûteuses, et il est important de les garder au froid. Sinon, les fruits à l’intérieur continuent de fermenter, et votre canette risque d’exploser.

Les blanches, les sûres et les bières aux petits fruits sont aussi très populaires, par leur profil rafraîchissant et léger.

Évitez les styles plus lourds, comme les brunes ou les stouts, qui vous assommerons sous le soleil.

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