MÉLA verre & lumière : « Je me sens comme une alchimiste »
Par Simon Cordeau
L’artiste-verrière autodidacte Mélanie Laplante travaille le verre depuis plus de 15 ans. « J’ai commencé en faisant des bijoux, des pièces de verre que je monte en collier, en bague, et tout. Tranquillement, ces petites pièces sont devenues plus grandes, comme des assiettes décoratives et des bols. »
Avec son nouvel atelier à Saint-Jérôme, Mme Laplante peut maintenant faire des oeuvres plus grandes et faire elle-même d’autres étapes de la création. « À Montréal, j’avais un « grand sous-sol ». Mais là, j’ai vraiment un atelier de rêve. J’ai commencé à travailler le métal et l’argent, comme joaillière, pour compléter mes pièces de verre. Je ne trouvais pas les bases à mon goût. Donc là, je fais tout de A à Z, à la main. » Cela offre de nouvelles possibilités à l’artisane, qu’elle est bien excitée d’explorer.
Mme Laplante raconte que son beau-père était maçon et a construit la maison à Saint-Antoine il y a une soixantaine d’années. Mme Laplante y demeure depuis bientôt deux ans avec son mari et ses enfants. « Le train passe derrière chez nous. Notre plus jeune va à l’école à côté. C’est parfait. »
Parcourir le monde
C’est en parcourant le monde en solitaire que la jeune Mélanie Laplante a découvert l’artisanat. « Je suis partie quand j’avais 20 ans, en sac à dos, il y a 30 ans de ça. Dans ce temps-là, c’était beaucoup plus sécuritaire de voyager. C’était une période plus calme dans le monde. »
Pour gagner des sous, Mme Laplante travaille sur des bateaux de plongée et passe plusieurs années en mer. Elle traverse l’océan Pacifique Sud en voilier à deux reprises, et elle passe par Panama, Tahiti, les Îles Cocos, les Galápagos et les Marquises. « C’était vraiment magnifique. »
Puis elle débarque en Terre de Feu, à l’extrême sud du Chili. « J’ai remonté à pied l’Amérique du Sud jusqu’au Costa Rica. » Là, elle rencontre le père de ses premiers enfants, qui est artisan. Avec lui, elle commence à travailler le cuir, l’argent et la céramique. « Là-bas, tout est fait du début à la fin. Il n’y a pas de boutique d’artisanat », illustre la globetrotteuse.
Forger la lumière
Lorsque Mme Laplante revient au Québec, elle continue de faire de l’artisanat. « Je suis tombée dans le verre. Comme Obélix », raconte-t-elle en riant. C’est la première propriété du verre, sa lumière et sa translucidité, qui l’attire. Il y a aussi son mouvement, ajoute-t-elle. « C’est comme un liquide. C’est visqueux quand ça fond. Il y a un côté organique, et ça fait que les couleurs se mélangent. Les couleurs sont magnifiques, éclatantes. Même si elles sont douces et pâles, elles sont toujours cristallines. »
Pour créer ses oeuvres, la verrière achète des plaques de verre de différentes couleurs, qu’elle superpose en couches. « J’aime travailler la densité et même la transparence pour donner des effets. » Ensuite, elle met le tout au four à 1 500 °C pour que les couches fusionnent ensemble. « Ça devient une seule pièce. C’est là que la magie opère. »
Avec cette technique, Mme Laplante peut travailler sa pièce de manière « sculpturale ». Contrairement au verre soufflé qui est « mince et vide », ses pièces sont « épaisses et denses ». « Je fais des biseaux, des angles et des facettes, comme on taille les diamants ou les émeraudes. »
Du morceau « un peu grossier » qui sort du four, elle travaille pour le transformer en pièce délicate et lumineuse. « C’est comme magique. Je le fais, et chaque fois, je suis charmée. Je me sens comme une alchimiste », dit-elle émerveillée.
L’Empreinte des artisans
Mme Laplante est aussi vice-présidente du conseil d’administration de L’Empreinte, une coopérative d’artisans qui a une boutique-galerie dans le Vieux-Montréal, sur la rue Saint-Paul. « Ce sont des métiers d’art. Il y a différentes familles : le textile, la maroquinerie, l’illustration, la joaillerie, la céramique, l’ébénisterie aussi. »
Cette année, L’Empreinte fête d’ailleurs ses 50 ans. « Quelques artisans se sont mis ensemble pour avoir pignon sur rue et pour s’entraider. Tranquillement, la coop s’est développée. » Elle a maintenant plus de 23 membres, sans compter les artisans invités. « C’est comme une famille, avec tout ce que ça comporte. Et c’est une belle fierté », souligne Mme Laplante. Les membres vivent les mêmes enjeux, que ce soit comme artistes ou comme entrepreneurs. Ainsi, ils s’encouragent et se partagent des conseils, selon leur expérience.
En plus de faire rayonner les métiers d’art, la boutique-galerie permet d’offrir aux touristes des pièces uniques, faites à la main et qui reflètent le caractère de Montréal et du Québec, contrairement aux boutiques souvenirs et leurs produits « Made in China », indique l’artisane. « Il y a beaucoup d’artisans qui ne vivent que de L’Empreinte. Seul, ce serait impossible d’avoir pignon sur rue comme ça, sur Saint-Paul. »
Les produits MÉLA sont disponibles sur sa boutique en ligne : melanielaplante.com
La coop L’Empreinte et sa boutique-galerie permet de découvrir des artisans et des oeuvres de tous les métiers d’art : lempreintecoop.com