Marcel Desjardins : La discrète pièce maîtresse des Alouettes au recrutement
Par Luc Robert
Dans l’ombre des victoires des Alouettes à la Coupe Grey depuis la fin des années 1990, un élément passe souvent inaperçu : le discret Marcel Desjardins occupe un rôle de premier plan dans la confection des alignements, grâce à son recrutement hors-pair et ses contacts dans tous les milieux.
Le Franco-Ontarien de Burlington, en banlieue Est de Hamilton, épie les moindres gestes des joueurs universitaires, dans tous les recoins des États-Unis et du Canada, à la recherche des éléments qui s’adapteront le mieux aux énormes terrains de la LCF et à sa limite de trois essais.
« J’éprouve le plus grand respect pour Marcel, autant comme homme que stratège. À l’époque, il est arrivé avec nous du bureau de la ligue, après avoir servi d’adjoint à l’ancien Commissaire Larry Smith. Il a commencé comme dépisteur d’arrière-scène, mais on a vite constaté son flair dans l’analyse et la projection de ce que des espoirs peuvent devenir. Il a toujours eu un grand impact dans les succès des équipes auxquelles il a été associées. Je suis content de l’avoir convaincu de revenir dans le giron des Alouettes comme directeur général adjoint », a témoigné le directeur général des Alouettes, Danny Maciocia.
Contribuer à l’équipe sans la pression
Desjardins a été membre d’une dizaine d’éditions d’équipes s’étant rendues jusqu’à la finale de la Coupe Grey. Il a remporté le Saint Graal de la LCF à quatre reprises, dont trois fois à Montréal. À titre de directeur gérant, il a célébré la conquête de la Coupe Grey du Rouge et Noir d’Ottawa, en 2016. En plus de ses huit saisons à Ottawa, il a aussi œuvré pendant deux ans à la tête des Tiger Cats de Hamilton. À Montréal, il a été l’arme cachée de l’ex-directeur général Jim Popp.
« J’aime mon rôle actuel, un genre de conseiller spécial. Il y a toujours des gars qui sortent des universités que l’on ne connaît moins. On en a cinq ou six chez les Alouettes qui avaient moins de visibilité, mais dont nous avons trouvé des qualités essentielles au jeu de la LCF. J’aime décortiquer des rapports, visionner des films et donner mon opinion à Danny (Maciocia). Les Als me fournissent une liste de gars, que j’épluche avec Jean-Marc Edmé, le responsable du recrutement et de l’évaluation de l’équipe. J’aime m’impliquer dans les rouages quotidiens du football, contribuer à améliorer l’équipe, sans devoir me taper tous les à-côtés et la pression reliée à la moindre victoire ou défaite. Je peux tout faire dans la LCF, surtout gérer des alignements compliqués, des conventions collectives et le plafond salarial », a ajouté Desjardins, qui a eu une très bonne base, étant diplômé de l’Université Laurentienne de Sudbury, en Administration sportive.
Le nouveau système
Au tournant du millénaire, le recrutement s’effectuait encore sur place, partout en Amérique du Nord. Puis, les budgets de voyagement ayant connu des coupures, les échanges de DVD et d’informations sur les joueurs ont commencé à s’échanger à distance, sans trop se déplacer.
« Il y aura toujours de la présence sur place consacrée au recrutement. Mais de nos jours, l’arrivée du nouveau système Pro-Football Focus (PFF) a simplifié grandement les choses. Tu as accès par internet à tous les joueurs en Amérique, leur data et leurs séquences de jeux. Ça nous permet de faire des analyses à distance, avant d’effectuer des appels ou se déplacer pour un joueur », a fait remarquer Danny Maciocia.
Marcel Desjardins abonde dans le même sens, mais apporte des précisions.
« Les vidéos en montrent beaucoup sur un joueur, mais il n’y a rien de mieux qu’être sur place. Le langage corporel d’un gars dans diverses situations, déterminer si un joueur est compétitif sous pression ou s’il s’écrase, ce sont tous des détails que tu verras sur place ou en discutant avec son entraîneur. Avant, on enregistrait des matchs américains qui passaient à la télé. Là, l’information vient à nous grâce au système PFF. Et évidemment, en regardant des joueurs au Combine (les essais à Winnipeg), en les évaluant au camp à Saint-Jérôme, ou même en effectuant des entrevues individuelles avant le repêchage, cela te permet de confirmer ou de modifier ton opinion sur un joueur donné. La marge d’erreur n’est pas grande, car nous sommes plusieurs équipes à observer les mêmes gars. Il s’agit d’identifier les perles rares en fonction des besoins précis, pour maintenir une qualité maximum des effectifs, en fonction des blessures ou échanges potentiels », a ajouté Desjardins, qui a développé un œil de lynx avec les années.
Un précieux apport
« L’avantage d’avoir un gars expérimenté comme Marcel dans notre entourage, c’est que tu sauves du temps. Il va t’apporter des feedbacks (rétroactions) sur tout : qui ou quoi considérer dans une facette du jeu, qui observer plus en détails ou laisser de côté au recrutement. Il est capable d’offrir une opinion neutre et précise, sinon il connait quelqu’un qui nous fournira l’information. Ça n’a pas de prix, un gars comme lui », a achevé M. Maciocia.
Preuve que Desjardins est hautement considéré par l’organisation montréalaise, pendant notre entretien téléphonique avec l’homme de 57 ans, un certain Danny Maciocia a tenté de le joindre à deux reprises sur l’autre ligne de son cellulaire.