Maisons des jeunes: Un endroit pour se (re)trouver
Par Simon Cordeau
Les maisons des jeunes offrent un lieu de rencontres, une deuxième maison, une oreille attentive, un peu de sagesse et, au besoin, les outils pour travailler sur soi. Ou on peut juste s’y amuser sans pression. Tour d’horizon.
Après un incendie en octobre 2021, la Maison des Jeunes (MDJ) de Saint-Sauveur et Piedmont est enfin rouverte. Lorsque j’arrive, Martin est en train de monter des meubles et Sarah offre de me faire visiter. Les deux intervenants sont impatients de voir les jeunes retrouver leur chez-soi.
Au sous-sol, il y a une table de billard et une de ping-pong. Dans un coin, un punching bag permet de canaliser son énergie. La salle de musique donne accès à des guitares, des percussions et un clavier.
Au rez-de-chaussée, la télé et la console de jeux sont déjà installées. La cuisine, pleinement rénovée, permet aux jeunes de manger gratuitement. À l’étage, les bureaux attendent les ordinateurs qui arriveront demain. Ils servent aux travaux d’école, aux recherches, mais aussi à faire des CV. Il y a même un parc de basketball à l’arrière, avec des tables de pique-nique, où les jeunes se réunissent quand la maison est fermée.
Et comme la plupart des maisons des jeunes, l’endroit est ouvert à tous les jeunes du quartier âgés de 11 à 17 ans.
Créer des liens
Au-delà du mobilier, les maisons des jeunes sont surtout des lieux de rencontres, souligne Marie-Andrée Cyr, directrice de la MDJ de Sainte-Adèle. « C’est un lieu réconfortant, sécurisant, avec des adultes significatifs, disponibles et à l’écoute de manière inconditionnelle. Oui, il y a le matériel, la musique, les activités, tout ça. Mais c’est d’abord le lieu et les gens. »
Le contexte informel permet aux jeunes de rencontrer leurs semblables et de former des amitiés. « Les jeunes trouvent réponse à leurs besoins. Des fois, ça peut être d’avoir la paix, de ne rien faire. Des fois, c’est juste de jaser un peu. Et des fois, c’est d’écouter un film, ou de faire des activités fantastiques. »
Avec le temps, ils tissent aussi des liens avec les intervenants. Ceux-ci deviennent alors une ressource supplémentaire sur qui s’appuyer, continue Marie-Andrée. « Il y a plein de trucs qu’ils ne sont pas à l’aise de discuter avec leurs parents, mais qu’ils peuvent aborder avec les intervenants. Ils sont un livre ouvert avec nous, parce qu’on n’est pas là pour jouer à la police. Ça prend un certain temps, mais il se crée un lien de confiance et on les accompagne. »
Certains ont seulement besoin d’un peu de la sagesse des adultes, ajoute Carole Asselin, responsable de la MDJ de Saint-Sauveur et Piedmont. Discuter peut les amener à voir les choses autrement. « Moi, c’est quand ils disent : « Ah, vu de même! » », illustre-t-elle en riant.
Luc Charbonneau, le conjoint de Carole, souligne que ces liens persistent dans le temps. « Il y a des jeunes qui arrivent à 11-12 ans et qui restent jusqu’à 16-17 ans. »
« Il se crée des liens forts. On les aime d’amour », poursuit Marie-Andrée. « Certains arrivent à 18 ans et ils ont passé leur adolescence ici. Ils veulent continuer, donc on leur trouve un projet et ils deviennent mentors. »
Travailler sur soi
À Saint-Jérôme, l’Antre Jeunes a un mandat et une approche un peu différents, explique l’intervenante Cynthia St-Jacques.
« Notre mission, c’est d’aider les jeunes de 10 à 17 ans qui désirent travailler sur leur développement personnel et relationnel. » Pour ce faire, l’Antre Jeunes offre un encadrement plus serré et les jeunes doivent s’inscrire. Le plus important : c’est sur une base volontaire.
Certains jeunes veulent travailler sur leurs habiletés relationnelles, leur estime de soi, leur anxiété et la gestion de leurs émotions. Chaque jeune est attitré à un groupe et, chaque semaine, une activité permet de travailler sur une habileté spécifique. Cuisiner ensemble permet d’apprendre à être un bon coéquipier, par exemple, alors qu’une activité sportive peut aider à surmonter sa peur du ridicule.
« À travers ça, le jeune a aussi un suivi individuel avec son intervenante, sur ce qu’il veut travailler personnellement. » L’objectif, explique Cynthia, est que les jeunes apprennent à prendre leur place dans la société, à être en relation avec les autres et à développer leur pouvoir d’agir. « On remet le pouvoir dans leur vie. Tu as une place. Tu as une parole », illustre l’intervenante.
Et comme c’est sur une base volontaire, les jeunes s’engagent d’abord envers eux-mêmes.
« Ils développent une micro-société entre eux. C’est comme un petit laboratoire, où ils se sentent en sécurité et où ils peuvent se permettre d’essayer des choses. »
« Un bout d’éducation »
Même si, dans les autres maisons des jeunes, les adolescents vont et viennent de manière plus informelle, certains doivent parfois être ramenés à l’ordre. Si la présence est optionnelle, les règles, elles, ne le sont pas.
« C’est du travail! Mais même quand c’est « rough », c’est amusant », admet Sarah à Saint-Sauveur. C’est aussi l’occasion d’enseigner des notions de vivre-ensemble, de respect et d’harmonie.
« C’est une ambiance familiale. On intervient sur le tas, au quotidien. On fait un bout d’éducation avec eux », explique Marie-Andrée à Sainte-Adèle.
Pour Luc, il est surtout important de garder l’endroit sécuritaire et accueillant pour tous. « Si la mère d’une fille de 12 ans vient visiter à l’improviste, je ne veux pas qu’il y en ait un qui sent le pot et un couple qui fait du necking sur le divan », illustre-t-il.
Mais c’est rarement un problème, admettent les responsables. « On ne fait pas tant de discipline que ça. Ils sont très res-pectueux. Ils sont contents d’avoir un endroit à eux », souligne Marie-Andrée.
Luc, lui, n’hésite pas à montrer la porte aux plus récalcitrants au besoin. Mais plus souvent, ceux-ci deviennent des alliés efficaces.
« Ceux qui sont du côté plus noir de la Force, quand tu arrives à les ramener, ils deviennent tes plus fidèles. Ils aiment les règles, parce qu’ils se sentent en sécurité. »
Au bout du compte, c’est un puissant sentiment d’appartenance qui se développe, entre les jeunes, les intervenants et leur maison. « On tisse des liens très forts. Et on s’attache à eux », conclut Marie-Andrée.
–
Il y a des maisons des jeunes un peu partout dans les Laurentides. Voici comment les trouver.
Maison des Jeunes de Saint-Sauveur et Piedmont
57 avenue de l’Église, Saint-Sauveur
450 227-4129
mdjssp@gmail.com
Maison des Jeunes de Sainte-Adèle
95 rue Morin, Sainte-Adèle
450 229-7452
info@mdj-ste-adele.org
Maison des Jeunes Loco Local
1508 montée d’Argenteuil, Saint-Adolphe-d’Howard
819 327-5021
coordolocolocal@adolphins.com
Maison des Jeunes de Saint-Colomban
100 rue du Village, Saint-Colomban
450 436-1453, poste 6318
mdj@st-colomban.qc.ca
Maison des jeunes Rivière-du-Nord
655 rue Filion, Saint-Jérôme (près de la Polyvalente)
450 436-2573
maisondesjeunes@cafederuesos.com
Maison des Jeunes L’Avenue 12-17
450 boulevard de La Salette, Saint-Jérôme (Bellefeuille)
450 438-2691
Avenue1217@hotmail.com
L’Antre Jeunes
Inscription requise
655, 9e avenue, Saint-Jérôme
450 436-1547
info@antre-jeunes.org