Les Patriotes de Saint-Stanislas : « On en a sauvé par le football »
Par Simon Cordeau
« Ce qu’il y a de beau avec le football, c’est que c’est un sport d’école. Tu ne peux pas y jouer si tu ne vas pas à l’école », explique Martin Faubert, coordonnateur du programme de football à l’école secondaire Saint-Stanislas, dans le secteur Saint-Antoine de Saint-Jérôme. L’école est reconnue pour la qualité de son programme de football et de son équipe, Les Patriotes.
Selon M. Faubert, faire partie de l’équipe est exigeant, mais c’est aussi un excellent levier pour encourager la persévérance scolaire. « C’est un poids de plus, mais c’est aussi une motivation. On en a sauvé par le football. Moi le premier, quand j’étais jeune, le sport me tenait occupé. Et les psychologues le disent : pour garder un jeune motivé, il faut que ce soit par les arts ou le sport. »
Développer une discipline
Les joueurs des Patriotes ont deux ou trois pratiques par semaine, qui durent chacune autour de deux heures. Ils jouent aussi en moyenne une partie par semaine, surtout l’automne. « Au printemps, il n’y a pas de parties, mais on fait des jamborees. » Il s’agit de « mini-parties » de 10-15 minutes, où l’équipe affronte l’offensive adversaire ou elle tente de percer sa défensive, explique M. Faubert. « Ça nous permet de placer les joueurs aux bonnes positions. »
Cet engagement sportif est « en surplus » des cours réguliers. Ainsi, les entraînements se font souvent le soir, après les cours. « Il y en a qui travaillent très dur pour cette conciliation-là. Ils passent leur journée à l’école, après ils font leurs devoirs, puis ils viennent à l’entraînement. Ça développe aussi une discipline de travail, pour qu’ils deviennent des bons citoyens, avec des structures », soutient M. Faubert.
Par le sport, les élèves qui ont un trouble de comportement ou de l’attention (TDA) peuvent également canaliser leur énergie. « On le voit, quand la saison est finie. De novembre à la mi-février, ils sont un peu plus agités et ça paraît », raconte l’enseignant. Les jeunes cherchent aussi de l’adrénaline, que le sport de compétition leur permet de retrouver sur une base régulière. « Il y en a qui carburent à ça. »
Ça prend beaucoup de monde
La réussite tant scolaire que sportive commence par un engagement. « Chaque année, on fait signer à chaque élève un contrat d’assiduité : aux cours et aux pratiques. Ça vient avec la signature des parents, de la direction, de moi et des éducateurs. Par ce contrat-là, l’élève s’engage », souligne M. Faubert.
Sans nécessairement avoir une grosse moyenne, les joueurs doivent avoir un rendement académique satisfaisant. « Si l’élève fournit les efforts, mais qu’il est sur le bord de l’échec, on se sert du levier du football pour le garder dans l’école. »
L’école offre ainsi de l’encadrement, comme du mentorat entre élèves. Mais elle assure aussi un suivi personnalisé des élèves. « La beauté de Saint-Stanislas, c’est que c’est une petite école et qu’elle est très encadrée. Tous les enseignants se voient chaque jour. On a 750 élèves, et les deux tiers font partie des équipes sportives », soutient M. Faubert.
Il se développe également un fort sentiment d’appartenance, tant envers l’école qu’envers l’équipe. « C’est un sport où on a besoin de tous les gabarits. Et c’est un sport d’équipe. Il y a douze joueurs sur le terrain, et tout le monde a sa job », illustre l’enseignant. Ainsi, les coéquipiers se complémentent et se soutiennent mutuellement.
Enfin, cet engagement demande également la collaboration des parents, précise M. Faubert. « Ils doivent venir les chercher aux pratiques. Et à l’automne, les sorties familiales, ce sont les matchs. » La moitié de ces matchs sont faits à domicile. Pour l’autre moitié, « on se promène : à Montréal, à L’Assomption, à Québec ».
Continuer au collégial
Dès le 4e secondaire, les joueurs « se font regarder » par les cégeps. Des coachs viennent même donner des conférences, ce qui encourage les élèves à persévérer et à se démarquer. « Tu as besoin de finir ton secondaire », illustre M. Faubert.
« On est en plein dans les camps en ce moment. Nos finissants sont pas mal tous placés au collégial. Ceux que non, c’est par choix. Donc le programme est vraiment un gros levier », continue l’enseignant.
Le Cégep de Saint-Jérôme n’a plus d’équipe de football depuis 2020. Mais les jeunes qui veulent poursuivre dans le football au collégial ont « l’embarras du choix », indique M. Faubert. « Lionel-Groulx recrute beaucoup. Il y a Montmorency et le Vieux-Montréal aussi. Certains vont à Saint-Hyacinthe ou à Valleyfield. Ce ne sont pas les places qui manquent pour jouer. »
M. Faubert aimerait bien que le Cégep de Saint-Jérôme forme de nouveau une équipe. Certains jeunes préféreraient rester dans la région. Et il croit que le territoire « d’ici à Mont-Laurier » forme beaucoup de joueurs de calibre compétitif. « Le bassin, on l’a. Il faut juste mettre l’équipe en place et que les gens y croient. Et ça prend quelque chose qui attire les jeunes à Saint-Jérôme. »