(Photo : Nordy par Davy Lopez)

Les feuilles de Prévost reboiseront des sablières abandonnées

Par Luc Robert

En râtelant leurs feuilles mortes cet automne, les Prévostois aideront à reboiser des carrières et sablières abandonnées du Québec, pour les convertir en puits de dioxyde de carbone (CO2).

Pour une deuxième année consécutive, l’entreprise RAMO de Saint-Roch-de-l’Achigan, basée à l’est de Saint-Lin-Laurentides, récupère les feuilles mortes de la collecte spéciale de Prévost pour servir à stimuler des plantations de saules. Ces arbres vont créer de nouveaux puits de carbone et de nouveaux écosystèmes. Depuis 2006, la firme Ramo se spécialise dans la culture de saules et dans le développement de technologies environnementales végétalisées basées sur la nature.

« On effectue une petite économie, mais on pose un grand geste environnemental : ça va nous coûter 2 $ de moins de la tonne pour nous départir des feuilles d’automne et pour répéter le projet pilote de 2023. L’exercice permettra d’utiliser les feuilles d’automne, qui sont plus belles que celles du printemps et qui contiennent de belles matières carboniques », a expliqué M. Joey Leckman, conseiller du district no. 1 de Prévost.

Nouvelle vie

Ramo utilise les résidus verts comme paillage organique dans des plantations de saules. Cela a pour effet de maintenir l’humidité et d’enrichir les sols en place, ainsi que de limiter la présence de mauvaises herbes.

Cette année encore, les feuilles récupérées à Prévost iront engraisser des sablières en reboisement. Environ 120 tonnes métriques de feuilles provenant de la collecte spéciale des sacs de papier brun seront réutilisées.

« Dans 90 % de nos projets, on sauve de l’argent et on est regagnant en environnement. En utilisant les feuilles brunes d’automne, on reprend les nutriments à d’autres fins. Mais ça prend cette récolte spécifique, pas celles du bac brun, dont le compostage comprend d’autres matières », explique M. Leckman.

Les feuilles ramassées au printemps possèdent en effet des polluants et détritus liés à la fonte des neiges. Elles finiront dans des sites de compostage. Alors que les feuilles d’automne et leurs nutriments aideront les pousses de futures forêts de saules.

L’entreprise Ramo utilise également les feuilles pour faire des copeaux et des murs anti-bruits avec les saules. Par contre, dans les sablières désaffectées, le sol est souvent couvert de sable. Un bon terreau ajouté permettra alors aux saules de pousser et de conserver du carbone dès leur plantation.

« J’aime ce beau projet de redonner vie à une carrière. La tendance était de considérer les feuilles comme des déchets, mais les gens deviennent plus conscients. Un peu comme l’herbicyclage, qui consiste à laisser le gazon sur la pelouse après sa tonte, les feuilles mortes deviennent un engrais pour nos terrains. En microbiologie du sol, elles deviennent un buffet pour les insectes, qui les mangent et vont créer des micro-tunnels dans la terre. Au parc de la Coulée, par exemple, ça va créer des éponges. Dans les secteurs des Clos et de la place Bonair, ils étendent les feuilles, et cela permet au sol de mieux boire l’eau et de réduire les risques d’inondations. Évidemment, tu en laisses juste une certaine couche et tu disposes du surplus. Ça peut permettre de conserver un bon équilibre azote-carbone », illustre M. Leckman.

Dans les ex-carrières

Les règles d’Environnement Québec prévoient que les propriétaires doivent mettre en œuvre un plan de réaménagement et de restauration des anciennes carrières et sablières. Après avoir retiré les gravois, l’épandage de terre de surface « top soil » permet aux saules de prendre racine.

Des experts soutiennent d’ailleurs que pour chaque hectare de forêt de saules à croissance rapide développée, 10 tonnes de dioxyde de carbone (CO2) sont capturées chaque année.

Les résidus fournis par la Ville de Prévost permettent une valorisation des feuilles d’automne. Déjà, la Ville a banni l’utilisation des sacs en plastique, pour privilégier l’utilisation de sacs en papier, sur son territoire.

« On a développé une vision pour l’environnement, avec notre virage vert, soit un ensemble de changements de pratiques pour réduire graduellement l’empreinte écologique des activités de la Ville et de sa communauté. Il y a 10 ans, Prévost n’était pas sur la carte à ce niveau. On est devenu la référence en matière environnementale. D’autres villes nous appellent pour en apprendre plus sur nos pratiques. C’est un petit velours », souligne M. Leckman, un enseignant au niveau collégial.

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