Les archives du Nord : Les pubs d’autrefois
Par Simon Cordeau
La première édition du journal Le Nord paraissait en 1878 : il y a 145 ans. Comme aujourd’hui, des publicités apparaissaient aux côtés des articles, permettant au journal d’être rentable et aux lecteurs de découvrir les commerçants et produits locaux. Mais comment faisait-on, à l’époque, pour attirer l’attention des lecteurs et les séduire ? Voici quelques publicités cocasses trouvées dans les archives.
D’abord, les colonnes sont serrées et il y a peu de photos ou d’images, époque oblige. Pour se distinguer, les pubs jouent donc sur la typographie, en utilisant différentes grosseurs et polices. Parfois, c’est un peu excessif, comme cette pub de P. Simard, dans Le Nord du 22 novembre 1883. Elle utilise sept typos différentes, assez pour vous faire mal aux yeux.
Attirer l’attention
Souvent, on utilise des titres sensationnalistes ou trompeurs pour attirer votre attention. (Plus ça change, plus c’est pareil, me direz-vous !) Dans Le Nord du 23 novembre 1893, on nous vante des « Polices d’assurances données pour RIEN ». Mais plus bas, on lit qu’on obtient des coupons à chaque fois qu’on achète dans un commerce participant. Et quand on a assez de coupons, on peut s’assurer « gratuitement » ! J’imagine que c’est comme les cartes de points avant l’heure. Espérons seulement que vous accumulerez assez de coupons avant d’avoir besoin de l’assurance…
Dans Le Nord du 21 février 1901, le titre « Votre Seul Sauveur » accroche le regard. Mais si on continue à lire : « …des maux amenés par le sang vicié et impur : le Céleri Composé de Paine ». On vous vend donc un produit sensé purifier et enrichir le sang, à base de céleri. Décevante comme planche de salut !
Besoin d’un remontant ?
Surtout, ces annonces ont la réponse à tous vos maux ! Que ce soit un rhume, des maux de tête, des rhumatismes ou un mal de reins, les pages du journal regorgent de remèdes miracles. Parfois, ces publicités sont étonnement précises et détaillées. Surtout pour l’époque, on croirait qu’un peu de gêne aurait été naturelle. Pourtant, dans Le Nord du 21 février 1901, une annonce s’adresse aux « Femmes faibles et nerveuses ».
« Avez-vous aucun des symptômes suivants ? Nervosité, faiblesse, maux de reins, maux de tête, sensation d’accablement, rougeur, appétit variable, irritable, fatiguée, points, leucorrhée [pertes blanches], boutons sur le visage, yeux creux, aucune énergie vitale, etc. ? » Si vous vous reconnaissez, vous n’avez qu’à écrire à ce médecin de Chicago, qui vous promet de vous guérir avec son traitement révolutionnaire et « sans opération ». « Si vous êtes guérissable, nous vous le dirons. »
Sur la même page, il y a aussi un avis aux « HOMMES ! » du même médecin. « « A Warning Voice » est le titre d’un intéressant petit livre qui explique comment le POUVOIR SEXUEL est PERDU et peut être RECONQUIS. » Intéressé ? Ça tombe bien : « Il est envoyé gratis ». « Nous sommes les premiers spécialistes pour la guérison des rognons et de la vessie, la faiblesse sexuelle et l’impuissance, la syphilis, la gonorrhée, les émissions nocturnes, les écoulements et les rétrécissements. » Parlez-moi de ça, un médecin polyvalent !
Mais soyez rassurés : si vous avez le moral bas et êtes un peu timides, d’autres options s’offrent à vous ! Dans la même édition, une annonce vous suggère : « Si vous avez le « Spleen » ou si vous vous sentez épuisé, triste, sans énergie et que vous éprouvez un certain dégout pour le travail et même une répugnance à vous mouvoir, c’est un signe certain que votre système nerveux est fatigué et que votre sang est appauvrit ou vicié. Il fait donc avoir recours au VINS ST-MICHEL. »
À votre santé !