L’Entre-Gens : Briser l’isolement
Par Simon Cordeau
À Sainte-Adèle, le café communautaire L’Entre-Gens est ouvert à tous, mais est surtout fréquenté par des personnes dans la soixantaine. Sa mission première est de soutenir les gens en situation de vulnérabilité et de briser l’isolement, explique la coordonnatrice Élise Gauthier. « Vivre de l’isolement, c’est un peu tout le monde finalement. Ça peut être toi ou moi, à différents degrés et selon les évènements de la vie : un décès, un déménagement, une perte d’emploi, etc. »
L’endroit est toujours animé et chaleureux. « On ouvre à 9 h. Et souvent, autour de 8 h 30, on commence à avoir des gens devant la porte. C’est tout le temps plein de monde. » Des repas sont offerts à prix modique les mercredis, jeudis et vendredis midis. « On peut servir 80 repas. On a une cuisinière, excellente d’ailleurs, qui fait des miracles avec un petit budget », se réjouit Élise.
Soutenir
« Les gens en situation d’itinérance et ceux qui restent dans des motels, ils viennent beaucoup ici. » La crise du logement, aussi, accentue la vulnérabilité des gens. Cela peut les mener dans un cercle vicieux, explique Élise. « Ça accentue les problématiques de santé mentale, de dépression et de consommation. Quand tu es dans un environnement où tu n’as pas de confort et que tu es déjà vulnérable au départ, ç’a l’effet d’une bombe. »
Certains arrivent au café démunis. « J’ai passé la nuit dehors, j’ai froid, j’ai faim, je ne sais pas où aller », illustre la coordonnatrice. En plus de les accueillir, le café peut les référer aux bonnes ressources, grâce au réseau d’organismes avec lesquels il travaille étroitement.
Et parfois, certains ont seulement besoin d’un endroit pour se déposer, prendre un café et être au chaud. « Une dame fréquente le café. Elle vient tous les jours. Mais ç’a pris peut-être un an avant qu’elle réussisse à s’ouvrir un peu. Elle était vraiment sur la défensive. Mais elle venait quand même : elle s’assoyait et prenait un petit café. Nous, on ne va pas bousculer non plus. On respecte le rythme de chacun », raconte Élise.
Socialiser
Cela dit, certains viennent au café simplement pour socialiser. « Je viens quasiment tous les jours. On vient pour se désennuyer, parler avec le monde. On blague tout le temps », raconte Guy. Autour de la table, une demi-douzaine de clients partagent un café, discutent, se taquinent, rient ensemble. « J’ai du fun avec eux. On ne se prend pas au sérieux, personne. On s’accepte tels qu’on est », renchérit Diane. « Pour moi, c’est comme mon deuxième chez-nous », ajoute Denis.
« Il y a beaucoup de gens qui se sont connus à travers les repas et les activités. Et ils se voient à l’extérieur : ils vont marcher ensemble, ils s’invitent chez l’un et chez l’autre. Ça aide vraiment à développer des relations amicales », rapporte Élise. D’ailleurs, les grandes tables amènent les gens seuls à s’assoir ensemble, à faire connaissance et à jaser.
Vivre ensemble
Le café favorise aussi la mixité sociale, grâce à sa clientèle diversifiée. « Les gens sont très ouverts. Certains sont des retraités de milieux plus aisés. Et à côté, à la table, la personne qui mange là est en situation d’itinérance. Mais tout le monde se respecte et s’accueille. C’est vraiment très chaleureux », se réjouit la coordonnatrice.
Pour Élise, il était très important que le café ne devienne pas un « ghetto », mais qu’il soit plutôt représentatif de la société. « La communauté, c’est ça : ce sont des jeunes, des vieux, des personnes riches et pauvres, avec des problèmes de santé mentale ou non. La vie, c’est ça. Donc ici, c’est la vraie vie », illustre-t-elle.
Il y a aussi un piano et une guitare, mis à la disposition des clients. « Deux fois par mois, on a des musiciens professionnels qui viennent faire un spectacle, après dîner. » On propose également des ateliers, tant créatifs que portant sur la santé. Il y a aussi un bazar, où on peut acheter des vêtements, de la vaisselle, des disques, etc.