Le Noël de Pierre Lapointe en spectacle
Pierre Lapointe sera en spectacle au Théâtre Gilles-Vigneault le 9 décembre prochain pour présenter son album Chansons hivernales. Autant les fans de Noël que ceux qui n’aiment pas cette fête trouveront du plaisir à assister au spectacle, raconte-t-il au Journal. Entrevue avec le chanteur sur le temps des Fêtes.
Quelle est votre relation avec le temps des fêtes ? Qu’est-ce que ça représente pour vous ?
Ça représente de très beaux souvenirs. Je suis né au lac Saint-Jean et j’ai passé toutes mes vacances de Noël et d’été là-bas. Mon père et ma mère ont dix frères et soeurs chacun, alors j’ai beaucoup de cousins et cousines, de mononcles et de matantes !
Maintenant, lorsque j’ai grandi, j’ai fini par avoir un regard très lucide et acide face à ces fêtes. La musique de Noël, les décorations; c’est super. Mais en même temps, il y a toujours quelque chose qui est là pour nous stimuler à dépenser le plus possible. Il y a aussi l’idée de voir la famille à tout prix, au point de se mettre dans un état de fatigue extrême pour essayer de combler toutes les pressions qu’on a.
J’ai un regard qui est plutôt aigre-doux. Et je crois qu’on le ressent à travers l’album et sur scène. C’est un spectacle qui plait aux gens qui adorent Noël et aux grincheux de Noël.
Est-ce que vous considérez cet album comme un de Noël ou d’hiver ?
J’ai appelé ça Chansons hivernales parce que je n’assumais pas trop le fait que c’était un album de Noël ! Je dis qu’on a le droit de l’écouter à partir de la mi-novembre, mais il prend tout son sens à partir du 1er décembre. C’est un album saisonnier, mais je fais aussi certaines chansons en tournée, comme Maman, Papa, peu importe le mois de l’année.
Comment éviter les pièges et clichés de l’album de Noël classique ?
Sans m’en rendre compte, je l’ai vu après que l’album soit sorti, j’ai probablement fait le première album queer de toute l’histoire des albums de Noël ! Je chante entre autres avec Mika une séparation qui se passe sous la neige. Mélissa Laveaux est sur l’album. L’illustration de l’album est signée par Pierre et Gilles, couple mythique de portraitistes parisiens. Ils sont d’ailleurs un des premiers couples gais du jet set parisien des années 1970. Sans m’en rendre compte, j’ai réussi à sortir des clichés. Mais il reste qu’il y a des cloches de Noël, on parle du mois de décembre, de l’esprit de Noël. J’ai la prétention de dire que je ne suis pas plate !
Quelle est l’ambiance lors du spectacle de Chansons hivernales ?
Il faut savoir que le cadre de ce spectacle est très précis et soigné. Visuellement, on a affaire à un décor qui, au départ, est un dessin de Pascal Blanchet. Puis, Geneviève Lizotte, avec qui je travaille depuis le tout début, a repris ce dessin et a fait un décor à partir de celui-ci. Il y a des bonhommes de neige géants, qu’on a fait faire sur mesure. C’est très beau. Les éclairages sont signés par Martin Labrecque.
Le cadre est très précis, mais quand on est sur scène et comment j’aborde le public, tout est libre. Je m’arrange pour que le party pogne ! Pour moi, un bon spectacle, c’est comme un bon repas entre amis. Il y a plein de bouffe sur la table, parfois on pleure, parfois on rit. C’est un peu désordonné et c’est comme une sorte de fouillis très agréable. Même si mon répertoire est assez triste et mélancolique par moments, je me suis arrangé pour que le spectacle soit très festif et joyeux !
Quel est votre lien avec les artistes invités, soit Mélissa Laveaux et Nathalie Simard ? Pourquoi les avez-vous choisies ?
Ce sont des personnes avec qui j’ai eu des connexions humaines et pour qui j’ai énormément de respect pour l’ensemble de leur travail. Lorsque je travaillais sur Chansons hivernales, j’écoutais énormément l’album de Mélissa Laveaux, Radyo siwèl, un album qui reprend des grands classiques créoles et qui sont actualisés. Mélissa a une voix extraordinaire. Je lui ai donc demandé si elle avait envie de participer à l’album puisque j’avais un rêve de chanter en créole. Je lui ai demandé de venir faire la tournée avec moi !
Nathalie Simard, je l’avais invitée à mon émission Deux par deux rassemblés à ICI Musique. On a une connexion cosmique. Et lorsque je l’ai vue chanter pour terminer l’émission, j’ai vu tout son corps qui s’animait. J’ai vu qu’elle transpirait la musique et j’ai été extrêmement ému et touché par qui elle était.
J’ai toujours juste des gens touchants et émouvants, qui n’ont pas peur d’être qui ils sont, autour de moi. Cette tournée est à cette image.
En rafale
Êtes-vous un amoureux de l’hiver ?
J’aime toutes les saisons. J’aime surtout quand les saisons arrivent. Mais après quelques semaines, j’en ai marre ! Je trouve l’hiver long, mais j’ai tendance à embrasser la nouveauté avec amusement. Je suis toujours très heureux et je trouve que l’hiver a quelque chose de rassurant.
Pour tout dire, le moment où il commence à faire noir vers 16 h, pour moi c’est la période de l’année que je préfère. J’adore cette ambiance et je trouve ça magnifique !
Meilleur album de Noël de tous les temps ?
Celui d’Ella Fitzgerald. Si on veut juste l’écouter comme ça, de manière nonchalante, c’est très agréable. Et si on veut s’arrêter et s’intéresser d’un point de vue plus intellectuel aux arrangements, à sa voix, on devient happé par plein de détails d’une grande qualité.
Meilleur album de Noël québécois ?
J’ai envie de dire l’album de Tricot machine que je trouve assez le fun, dans toute sa naïveté et sa candeur. Je trouve que ce sont deux artistes qui sont arrivés avec une proposition très forte. Ça reste un album très agréable à écouter !