Karine Belzile est antiquaire de deuxième génération. Courtoisie

Le Cabinet de curiosités du MAC LAU

Par Simon Cordeau

Le printemps, c’est l’occasion de faire du ménage. Mais peut-être que dans votre grenier ou votre sous-sol se cachent des trésors qui ont plus de valeur que vous ne le pensez ! Le Musée d’art contemporain des Laurentides (MAC LAU) organise donc un cabinet de curiosités en guise d’événement bénéfice, le 14 avril prochain. Le public est invité à venir porter et à faire évaluer leurs objets rares ou insolites. Ils pourront ensuite en faire don au musée. Puis le 11 mai, lors du Cabinet de curiosités, bingo et autres délectations, les objets recueillis seront vendus lors d’un encan silencieux. Un reçu fiscal sera remis aux donateurs.

C’est Karine Belzile, propriétaire du Chick Shack Antique & Vintage et participante à l’émission La Fièvre des Encans, Nouvelle génération à Historia, qui évaluera les objets. Entrevue avec une antiquaire de deuxième génération curieuse et passionnée.

L’expertise

« Je viens de Lachute. Mes parents étaient de grands collectionneurs et de grands antiquaires. Je suis née dans l’antiquité », raconte Mme Belzile. Selon elle, l’expertise pour évaluer la valeur des objets vient d’abord et avant tout avec la connaissance. « Elle s’acquiert avec les années, à force d’en voir, d’en toucher, d’en vendre, d’en acheter et de faire des erreurs. »

Mais cette connaissance vient aussi des livres, souligne l’antiquaire. « Mon père a fondé la bibliothèque de Lachute. Les livres ont toujours eu une grande importance dans notre famille. Les livres importants sur l’antiquité, je les ai lus. »

Ensuite, différents réflexes et indices permettent d’évaluer l’objet : sa provenance, son âge, sa marque, son fabricant, son état, sa rareté, etc. « Souvent, l’objet a plus de valeur s’il est plus vieux », explique Mme Belzile. Aussi, un objet européen aura moins de valeur qu’un objet similaire québécois, puisqu’il n’appartient pas à notre patrimoine, donne-t-elle en exemple.

Dans le doute, Internet peut devenir « une bibliothèque infinie d’information ». « Il y a beaucoup d’objets qui se retrouvent en vente, sur les eBay et Etsy de ce monde. » Aussi, les encanteurs mettent souvent leur catalogue en ligne. Cela rend facile, pour n’importe qui, de trouver des objets comparables à celui qu’on tente d’évaluer, indique Mme Belzile.

« Quand tu es antiquaire, tu en apprends tous les jours. Parce que tu ne peux pas tout savoir : il y a trop d’objets ! […] J’aime ça d’amour, regarder ces objets-là, comment ils ont été fabriqués, par qui, pourquoi, et comment on vivait dans ce temps-là », confie l’antiquaire.

Rareté et demande

Si les connaissances et l’expertise sont essentiels pour reconnaître un objet, ce n’est pas tout. « Tu peux expliquer l’histoire de l’objet et sa rareté. Mais c’est quand tu le mets sur le marché que tu apprends sa valeur », indique Mme Belzile. « Ce qui détermine la valeur de l’objet, c’est combien quelqu’un est prêt à le payer. »

Le marché évolue également à travers le temps. L’antiquaire donne l’exemple d’un rouet, qui servait au filage de la laine ou d’autres fibres. « C’est un objet magnifique en soi. Ça fait partie de notre patrimoine québécois. Mais ça ne vaut même pas 25 $ sur le marché actuellement. Ça ne sert à rien et les gens ne savent pas où le mettre dans la maison. Alors qu’il y a 40-50 ans, ça se vendait des centaines de dollars. »

À l’inverse, des enseignes commerciales de Coca-cola ou de Pepsi, par exemple, sont « très populaires et peuvent se vendre des milliers de dollars », même si elles étaient produites à la chaîne. « Parce que les jeunes en cherchent. Mais dans 20 ans, est-ce que ce sera aussi populaire ? Je ne sais pas. »

Faire un peu de recherche

Durant la collecte au MAC LAU le 14 avril, Mme Belzile cherchera donc des objets rares ou très en demande. « Souvent, je suis appelée à faire des évaluations chez les gens. Les gens pensent qu’ils ont des trésors. Et malheureusement, il n’y a rien. Leur grand-mère avec un set de cuisine, de salon ou de chambre, mais il y en a plein sur les réseaux sociaux », avertit-elle cependant.

Mme Belzile invite donc les gens à faire un peu de recherche eux-mêmes avant de venir porter leurs objets. « Il ne faut pas que ça devienne un débarras. On recherche surtout des biens qu’on peut revendre pour lever des fonds. Et il faut faire attention aux prix en ligne. Celui à 50 $ est peut-être vendu alors que celui à 800 $ ne l’est pas. Il faut plus qu’un comparable pour être certain. »

Durant la soirée bénéfice, il sera aussi possible de rencontrer Richard Gagnier, chef à la restauration du Musée des Beaux Arts de Montréal, et Elizabeth Lauzon, conservatrice du MAC LAU, qui donneront « des conseils judicieux de conservation préventive », indique-t-on. Les billets vendus lors de l’événement serviront aussi à enrichir la collection musée, à développer des programmes éducatifs et à assurer la conservation.


Quoi : Cabinet de curiosités : la collecte

Quand : 14 avril de 11 h à 16 h

Où : MAC LAU, 101 place du Curé-Labelle à Saint-Jérôme

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *