Christian Huron, propriétaire de la librairie indépendance L'Arlequin. Photo : Simon Cordeau

L’Arlequin, une librairie indépendante

Par Simon Cordeau

En 2023, il y avait environ 160 librairies indépendantes au Québec. Ouverte depuis neuf ans, la librairie L’Arlequin à Saint-Sauveur est l’une des rares librairies indépendantes de la région. Son propriétaire, Christian Huron, raconte qu’ouvrir sa propre librairie était un rêve de longue date.

« Depuis que j’ai immigré au Québec en 1992, j’ai voulu entrer dans le domaine du livre. J’ai été libraire pendant deux ans. Ensuite, j’ai été représentant en librairie chez deux éditeurs. […] Un moment donné, pourquoi pas ? Je suis passionné. »

Le service

Photo : Simon Cordeau

Selon M. Huron, ce qui distingue une librairie indépendante des grandes chaînes, c’est d’abord et avant tout le service. « Pas nécessairement le service de livraison et de commande. Ça, c’est à peu près équivalent. […] Mais le service hyper personnalisé. On connaît les gens par leur prénom. Moi, si je n’ai pas de bon service, je ne suis pas libraire. »

Aussi, L’Arlequin est implanté dans une communauté, à Saint-Sauveur, et a pignon sur rue. Cela est très différent qu’être dans un centre d’achat, indique le libraire. « Les clients demandent des recommandations. À Saint-Sauveur, c’est une clientèle très allumée. »

L’accueil est particulièrement important, souligne-t-il, et manque cruellement dans les grandes surfaces. « Le compliment qu’on me fait tout le temps, c’est qu’on offre un service humain. C’est ça que les gens recherchent actuellement. Les gens ont besoin de ça avec l’électronique et les écrans. On en revient des monopoles et des achats sur Internet. Il y a une lassitude. »

Certains clients viennent plusieurs fois par semaine, voire chaque jour. « On est dans une société où il y a beaucoup de solitude. C’est vrai pour l’Occident en général », note le libraire.

Trouver le bon livre

Photo : Simon Cordeau

Comment M. Huron choisit-il quels livres présenter à sa librairie ? « Je ne tiens pas compte de mes goûts, mais de ceux des clients. La plupart des livres que je vends sont des nouveautés des deux dernières années. Donc je dois rester très à l’affût des nouveautés. J’écoute les émissions littéraires, etc. Les clients aussi m’en apprenne. Il n’y a aucune honte à ce que les clients m’apprennent mon métier ! », lance-t-il en riant.

Les succès littéraires reflètent aussi « l’inconscient collectif », croit le libraire. Il donne l’exemple de Rue Duplessis, où Jean-Philippe Pleau raconte son parcours de transfuge de classe, ou Le mage du Kremlin, un roman sur « l’éminence grise derrière Poutine ». « Ça crée des sujets de bouche-à-oreille. Tout le monde se sent concerné, en fait », illustre-t-il.

Surtout, il faut être à l’écoute des clients. M. Huron donne l’exemple d’une dame venue le 12 août et qui leur a dit : « Je ne sais pas quoi lire. Mais je veux acheter un livre québécois. » En discutant avec elle, il est possible de l’orienter vers un livre qu’elle appréciera. « La première question, c’est : qu’est-ce que vous lisez habituellement ? Ensuite, il y a des sous-questions. Quels auteurs lisez-vous ? Quels genres ? Avez-vous aimé votre dernier livre ? Cherchez-vous plus de la littérature d’été, une distraction, ou un polar suédois ? »

Les employés de la librairie présentent aussi leurs coups de coeur, ce que les clients apprécient beaucoup, indique M. Huron. « C’est un échange de confiance. Les gens sont rassurés si on écoute leurs besoins. »

Une librairie peut être un endroit stressant, indique-t-il. « Les gens ne veulent pas acheter un livre qu’ils n’aimeront pas. Les nouveautés d’Europe en grand format sont près de 45 $. Celles du Québec sont autour de 30-35 $. On ne veut pas se tromper. »


Les meilleurs vendeurs du moment, selon L’Arlequin

  • Rue Duplessis : Ma petite noirceur, de Jean-Philippe Pleau
    • Né d’un père analphabète et d’une mère peu scolarisée, Jean-Philippe Pleau a grandi à Drummondville, rue Duplessis, dans une famille ouvrière. Les circonstances de sa vie lui ont cependant permis de poursuivre des études universitaires en sociologie et de devenir animateur de radio. Il est aujourd’hui étranger au monde d’où il vient, sans vraiment appartenir à celui dans lequel il a abouti.
  • Ce que je sais de toi, d’Éric Chacour
    • Dans le Caire des années 1980, un jeune médecin suit un destin tracé pour lui. Entre son dispensaire et le prestigieux cabinet hérité de son père, Tarek n’a que peu de place pour se poser des questions. Mais la rencontre d’un être que tout semble éloigner de lui ébranlera son mariage, sa carrière et ses certitudes, ne lui laissant plus d’autre choix que l’exil.
  • Un animal sauvage, de Joël Dicker
    • Le 2 juillet 2022 à Genève, deux malfaiteurs s’apprêtent à braquer une grande bijouterie. Vingt jours plus tôt, Sophie Braun fêtait son anniversaire dans sa villa située au sein d’une riche banlieue, près du lac Léman. Mais son quotidien vacille doucement avec son mari et ses petits arrangements, son voisin obsédé par elle, et ce rôdeur qui lui offre un cadeau bouleversant pour ses 40 ans.
  • La femme au dragon rouge, de José Rodrigues dos Santos
    • Au cours d’une fusillade devant la terrasse d’un café du temple d’Or d’Amritsar, une jeune femme voilée est kidnappée en même temps que la touriste qui lui vient en aide. Découvrant qu’il s’agit, avec cette dernière, de Maria Flor, sa femme, le cryptologue Tomas Noronha part en Inde aux côtés de l’agent de la CIA Charlie Chang. Les indices laissés par Maria les mènent sur la piste de la Chine.
  • One Piece, d’Eiichiro Oda
    • Tout le monde a peur des pirates… sauf Luffy, qui rêve d’en devenir un ! L’adolescent imprévisible voit même les choses en grand : il veut devenir le plus fort de tous, le seigneur des pirates. Pour y arriver, il doit trouver un trésor légendaire, le One Piece. Mais si ce n’était qu’une légende ?

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *