La mère des Laurentides
Par Simon Cordeau
Au début des années 1800, des colons commencent à s’installer au bord de la rivière du Nord, près de ce qui est aujourd’hui l’intersection entre l’autoroute 15 et la route 158. En 1821, la chapelle Saint-Jean-Chrysostome est construite. Le petit hameau de La Chapelle, qui deviendra Saint-Jérôme, vient de naître. Casimir-Amable Testard de Montigny est considéré comme son fondateur.
Puis la population se concentre plus au nord. En 1839, une nouvelle église est érigée pour être plus près des paroissiens. Dans le parc Labelle, en face de la cathédrale, un mur avec trois portes marque l’endroit. Le petit village s’appelle d’abord Dumontville, en l’honneur de la famille seigneuriale de la région. La municipalité de la paroisse de Saint-Jérôme, quant à elle, est formée en 1845.
Ville ouverte sur le monde
En 1864, la congrégation des Sœurs de Sainte-Anne arrive à Saint-Jérôme. En 1923, elles fondent l’École normale de Saint-Jérôme, où sont formées
les enseignantes du primaire de la région. C’est dans ce bâtiment qu’en 1967, le Collège Lionel-Groulx ouvre un campus, qui deviendra le Cégep de Saint-Jérôme en 1970. L’arrivée de l’institution académique, qui attire tant les jeunes que les nouveaux courants de pensée, amène Saint-Jérôme à s’ouvrir sur le monde.
En 2002, Saint-Jérôme fusionne avec ses voisines Saint-Antoine, Bellefeuille et Lafontaine. Alors que le train avait cessé ses activités en 1981, le train de banlieue arrive dans la capitale régionale en 2007. En 2010, l’Université du Québec en Outaouais y ouvre son campus, faisant de Saint-Jérôme une
vraie ville étudiante.
Le curé Labelle
Antoine Labelle devient curé de Saint-Jérôme en 1868 et le restera jusqu’à sa mort en 1891. On lui doit la colonisation des Laurentides, alors qu’il participe à la fondation d’une vingtaine de paroisses et à l’établissement de près de 5 000 colons au nord de Saint-Jérôme. On lui doit aussi la construction du chemin de fer, dont le tracé est aujourd’hui le Parc linéaire du P’tit Train du Nord. Le train arrive à Saint-Jérôme en 1876 et montera jusqu’à Mont-Laurier, où il arrive en 1909. C’est même Labelle qui convainc les Rolland de s’installer dans la région. Le courant de la rivière du Nord est idéal pour alimenter leurs papeteries qu’ils construiront à Saint-Jérôme puis à Sainte-Adèle.
Ville ouvrière
Trois usines participeront à l’essor industriel de Saint-Jérôme. La Rolland, qui produit du papier, arrive en 1883. La Boston Rubber, qui produit du caoutchouc et qui deviendra la Dominion Rubber, s’installe en 1897. Enfin la Regent Knitting Mills, qui produit du textile, arrive en 1916. Seule la Rolland existe encore aujourd’hui.
Avec ses trois usines et son chemin de fer, qui permet d’exporter les produits finis et qui amène des touristes, Saint-Jérôme grandit rapidement. Mais dans les années 1960, la mondialisation fait très mal à la ville ouvrière. En 1967, Saint-Jérôme a un taux de chômage de 25 %, et ceux qui travaillent ont le plus bas salaire… en Amérique du Nord! La capitale régionale doit se réinventer pour survivre.
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La ville doit son nom à saint Jérôme de Stridon (347-420). Considéré comme l’un des Pères de l’Église, il traduit la Bible en latin. Sa traduction, plus fidèles aux textes originaux, restera essentiellement la même jusqu’à nos jours, malgré quelques révisions à travers les siècles. Lorsque Gutenberg imprime le premier livre en Occident, en 1455, c’est cette Bible qu’il imprime.