Histoire de repreneuriat : Les hauts et les bas de l’achat d’une entreprise
Plusieurs entrepreneurs en fin de carrière cherchent des repreneurs pour acheter leur entreprise qu’ils ont mis tant d’années à bâtir. Le Journal a discuté de cette transition avec Philippe Dumoulein, qui a acheté au début de l’année l’entreprise Gaz Stat, basée à Saint-Jérôme. La compagnie qui existe depuis 20 ans est spécialisée en installation de tuyauterie et d’appareils fonctionnants au gaz naturel et au gaz propane.
« Notre compagnie est vraiment centrée sur le service à la clientèle et les services à domicile. On a des équipes de techniciens, des installateurs, une équipe qui s’occupe de la communication avec les clients et une équipe pour vendre des installations. Puis, on a aussi une division pour des systèmes de prévention de dégâts d’eau ainsi qu’une division commerciale plomberie et gaz », explique Philippe.
Entrepreneur depuis sa jeunesse, Philippe a toujours travaillé dans le secteur de la construction. Après avoir eu une expérience difficile avec sa dernière entreprise, il ne voulait pas recommencer à zéro le processus de démarrage d’une entreprise. « Mon dernier gros projet a été un échec total. J’ai eu du succès dans le passé dans d’autres types d’entreprises, mais ce projet a été un échec. La question qui m’est venue c’est : « Qu’est-ce qui vient après ça ? Après avoir mis quatre ans de ma vie et investi des sommes importantes dans un projet qui n’a pas été un succès ? » », raconte Philippe. « J’ai ensuite regardé si j’étais prêt à 40 ans à repartir dans un autre gros projet comme ça. Est-ce que j’étais prêt à mettre un autre cinq ans dans quelques chose ? Oui, mais il fallait que je trouve ce projet. »
Des options qui s’ouvrent
C’est donc par bouche-à-oreille qu’il a entendu parler de repreneuriat. « Je n’y avais jamais pensé : acheter une entreprise. En tant qu’entrepreneur, on se dit qu’on est mieux de partir les choses par nous-mêmes », dit-il. Philippe a donc contacté le Centre de transfert d’entreprises du Québec (CTEQ) qui aide les entrepreneurs à vendre et les repreneurs à acheter. « Quand j’ai vu le type d’entreprise à vendre, il y en avait vraiment des intéressantes. Après, c’est de faire des rencontres et de trouver un bon « fit ». »
Ainsi, pendant environ une année, il était dans la recherche d’une entreprise à acheter. « J’habitais à Gatineau, mais mon conseiller de la CTEQ m’a suggéré d’étendre mes horizons pour trouver quelque chose qui répondait vraiment à mes besoins. […] Ç’a été beaucoup de recherches et beaucoup de rencontres avec des entrepreneurs qui souhaitaient vendre leur entreprise », rapporte Philippe.
Puis, il a rencontré le propriétaire de Gaz Stat, André Brousseau. Il y a eu « un clic », dit-il. Philippe n’avait donc jamais travaillé pour l’entreprise avant de l’acheter. Une fois qu’il a rencontré le propriétaire, la transaction au complet a pris un an au total pour s’officialiser en janvier 2024.
Des avantages, mais aussi des défis
Quels sont les avantages d’acheter une entreprise déjà établie ? « Je dirais qu’il y a une composante de temps. Pour amener une entreprise où Gaz Stat est aujourd’hui, ça prendrait minimum cinq ans. En achetant une entreprise, je la prends où elle est en ce moment et je la fais grandir, tout en ayant un bon niveau de « cash flow » pour financer l’expansion. Acheter une entreprise est un gros investissement, mais toute l’infrastructure est déjà en place », explique Philippe.
Souvent, les entrepreneurs en fin de carrière auront des opportunités pour améliorer leur technologie ou des outils pour avoir plus d’efficacité, par exemple. « C’est donc de trouver quelque chose qui a un gros potentiel, de l’exploiter, puis de l’optimiser. C’est ce que je trouvais intéressant avec l’achat d’un entreprise : on prend quelque chose d’existant, et on le peaufine », souligne Philippe.
Apporter une vision
Un des plus gros défis lorsqu’on achète une entreprise est le changement, soutient Philippe. « Le changement pour les employés dans leur façon de faire par exemple. Il ne faut pas présenter le changement comme un fait accompli, mais plutôt amener l’équipe à partager la vision du futur de l’entreprise », rapporte l’entrepreneur. « C’est bien beau arriver et dire qu’on va faire plein de changements, si les employés ne partagent pas et n’embarquent pas dans la vision, c’est là que ce sera difficile. »
Pour Philippe, il est important d’inclure les employés dans l’élaboration de cette vision et d’avoir leur avis. Souvent, ce sont eux qui voient les problèmes et qui peuvent aider à les améliorer. « C’est de leur montrer comment on peut simplifier ce qu’ils font, sans effacer leur travail. » Puis, il faut aussi se concentrer sur ce que l’entreprise fait de bien, de bien comprendre la base et ce qui a fait son succès, « tout en se facilitant la vie en chemin ».