Gloria sort du moule : « Le droit et la magie d’être unique »

Par Simon Cordeau

Le livre Gloria sort du moule est en lice pour le Prix TD de littérature canadienne pour l’enfance et la jeunesse, qui remet une bourse de 50 000 $. Illustré par Bach et écrit par Guylaine Guay, l’ouvrage aborde la diversité corporelle et « le droit et la magie d’être unique », explique Guylaine en entrevue.

« Évidemment, c’est beaucoup de bonheur et de joie. C’est quand même un prix prestigieux. […] Je pense que j’ai même pleuré un peu ! », confie l’autrice de Saint-Jérôme, un sourire dans la voix. « C’est un livre important qui relate ma propre enfance. Gloria est une enfant grosse. Son corps fait réagir, et elle veut savoir pourquoi. Ça parle du moule, mais de joie aussi. »

Sortir du moule

Les parents aussi peuvent être changés par la littérature jeunesse, raconte Guylaine Guay. Courtoisie

« Je me rappelle : petite, j’étais une enfant grosse. Et c’était une malédiction ! On ne parlait jamais de ça, et il y avait beaucoup de moquerie et d’intimidation. Quand j’ai grandi, j’ai compris. C’est parce que je devais ressembler à certains modèles choisis pour nous », raconte Guylaine. Cela peut affecter la confiance en soi et, par extension, toute la trajectoire de vie. « Quel travail tu feras, quel impact tu auras sur la société, quelle vie amoureuse tu auras », illustre l’autrice.

Même s’il reste du travail à faire, au moins maintenant, on parle ouvertement de la diversité corporelle, se réjouit Guylaine. « Aujourd’hui, avec l’arrivée des réseaux sociaux, les gens prennent en main leur image et ils la diffusent avec assurance. Moi, je suis plein de comptes de filles grosses, partout dans le monde. Je suis une mannequin danoise, qui est magnifique et très grosse. Mais je n’ai pas eu ces modèles-là quand j’étais petite. »

Et puisque les diversités sont plus diffusées, les jeunes y sont plus réceptifs, qu’elles soient ethniques, sexuelles ou neurodivergentes, soutient Guylaine.

Ouvrir l’esprit et donner des ailes

Selon Guylaine, les livres jeunesse ont une force unique pour raconter, instruire et sensibiliser les enfants « sans qu’ils ne s’en rendent compte ». « L’imagination, c’est une porte d’entrée vers le merveilleux et la compréhension. […] Je ne vois rien de petit dans les livres jeunesse. C’est un art. Ça touche les enfants d’une façon qui peut peut-être changer toute leur vie. […] Ça ouvre l’esprit et ça donne des ailes. »

Pour preuve, elle cite l’impact qu’a toujours Gloria sort du moule. « Le livre est sorti il y a deux ans. Et encore aujourd’hui, j’ai reçu un courriel d’une enseignante à Sorel. Elle utilise justement le livre pour parler avec ses élèves de l’importance de respecter le corps de l’autre, et qu’on n’est pas tous faits pareils. »

« C’est très touchant de savoir que Gloria est devenu un outil pédagogique dans les écoles et les garderies. Les enfants sont tellement ouverts. Ils ne sont pas comme les adultes, qui sont bornés ! Ils ont cette ouverture-là à la différence », continue Guylaine.

De plus, ces livres sont aussi lus par les parents ou les grands-parents et, là aussi, ils peuvent faire une différence, souligne l’autrice. « C’est très touchant de rencontrer des femmes de mon âge dans les salons littéraires. Parfois, c’est la maman qui lit et qui a les larmes aux yeux. Elle aurait aimé avoir ce livre quand elle était jeune. On ne lui a jamais dit qu’elle pouvait venir d’un moule différent. C’est beau de se donner la permission à nos âges. »


Guylaine Guay a écrit un deuxième livre mettant Gloria en vedette : Gloria sème la joie. « Mon cerveau est rempli d’idées comme une ruche d’abeilles. Je sais que je peux faire de belles et grandes choses. Des choses comme semer des graines dans le jardin et faire pousser la joie ! »

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