(Photo : Simon Cordeau)

Hommage à nos brasseurs d’ici

Par Simon Cordeau

J’étais invité à l’inauguration des nouveaux locaux de Dieu du Ciel! à Saint-Jérôme, jeudi dernier. Assis au bar, je repensais à l’explosion phénoménale qu’a vécue le monde brassicole québécois ces dernières années. Avec cette humble chronique, je veux rendre hommage à nos brasseurs d’ici et au succès qu’ils ont su cultiver.

Lorsque Dieu du Ciel ouvre ses premiers locaux à Saint- Jérôme, en 2008, j’ai 19 ans. Les nombreux partys, au Cégep de Saint-Jérôme et à Lionel-Groulx, chez des amis et dans les sous-sols de nos parents, ponctuent nos études collégiales. À chaque party, on boit de la bière. On y sert surtout de la Molson et de la Budweiser : la même chose que mon père et mon grand-père boivent.

À chaque party, je me force à boire un verre, pour faire partie de la gang. Mais j’en déteste le goût. Pourquoi autant de personnes aiment la bière, si ça goûte ça?

L’épiphanie

Un jour, avec des amis, on cherche à la SAQ des bières différentes. Y a-t-il quelque chose de différent, de plus goûteux que la rousse de Boréale ou la Bleue de mon père? On demande conseil. L’employée admet que sa sélection est limitée… mais nous dit : « Il y a un nouvel endroit qui vient d’ouvrir, au centre-ville. Ça s’appelle Dieu du Ciel!. Vous devriez aller faire un tour. »

On se rend sur place. L’un de nous lance : « Il n’y avait pas un IGA, ici? » On entre. Sur le menu, une dizaine de bières aux noms exotiques : Péché mortel, Corne du diable, Fumisterie, Aphrodisiaque…

Dans la description, des mots qui nous laissent perplexes, qui semblent étrangers à notre conception de la bière : café, vanille, épices, fleur… Notre curiosité l’emporte. On commande des palettes de dégustation, et on plonge dans ce nouveau monde.

Pour nous quatre, c’est le coup de foudre. Une révélation divine. Ça peut goûter ça, de la bière?

Odyssée brassicole

Depuis, j’ai passé un nombre incalculable de soirées chez DDC. Surtout, mes amis et moi avons continué notre exploration du monde brassicole et de ce qu’il avait à offrir. Nous avons traversé le Québec pour goûter aux bières du Trèfle Noir à Rouyn-Noranda, aux créations de Pit Caribou à Percé et aux élixirs du Trou du Diable à Shawinigan. Nous avons fait des soirées de dégustation, qui devenaient des surenchères de produits plus rares, plus exquis, plus âgés ou plus déjantés. Et ce, jamais pour épater, toujours pour partager le bonheur de la découverte.

Passion locale

À ses débuts, cette exploration était ardue. Mais tranquillement, les bières de microbrasserie ont trouvé leur chemin dans nos épiceries et sur nos tables. D’abord niché, c’est devenu un produit grand public. Aujourd’hui, même la sélection de bières sans alcool est épatante, et celles-ci couronnent désormais nos soirées autrefois trop arrosées.

Surtout, plus besoin d’aller à l’autre bout de la province pour faire des découvertes. Juste ici, dans notre cour arrière, nos artisans brassent des merveilles (et des affaires d’or!). On peut goûter les bières épurées de Camp de Base à Saint-Adolphe, les surprenantes du Baril Roulant à Val- David, les fidèles de Saint-Arnould au Mont-Tremblant, les minutieuses et travaillées d’Ayawan à Val-Morin… Et quel fut mon bonheur lorsqu’une microbrasserie, Shawbridge, s’est installée dans ma ville natale de Prévost!

Et je suis sûr que j’en oublie. Le monde brassicole est tellement effervescent, bouillonnant d’idées et d’innovations, qu’il en est devenu, oserais-je le dire, grisant.

Mais pour moi, rien ne peut détrôner Dieu du Ciel!. Non pas parce qu’il s’agit d’une des meilleures microbrasseries au monde (25e au classement mondial, selon les prix RateBeer), mais simplement parce que c’est là que commence ma longue histoire d’amour avec la bière.

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