Célébrer la diversité avec des recettes interculturelles
Par Simon Cordeau
Pour clôturer ses Tablées interculturelles, le Carrefour Jeunesse Emploi (CJE) des Pays-d’en-Haut lance son livre Recettes interculturelles des Pays-d’en-Haut. Celui-ci présente les 12 recettes réalisées lors des ateliers culinaires, et permet de découvrir des aliments exotiques et de célébrer la diversité culturelle tout en cuisinant.
Pour Cynthia David, du CJE, trois mots ont guidé la réalisation du projet des Tablées interculturelles : reconnaissance, culture et accueil. « Et il y a un mot qui s’est ajouté : célébration », a-t-elle souligné lors du lancement. La population de la MRC des Pays-d’en-Haut ne compte que 7 % d’immigrants, alors que la moyenne provinciale était de 14,6 % en 2021. L’objectif était donc d’intégrer les membres des communautés culturelles, de renforcer leur sentiment d’appartenance, et de sensibiliser les acteurs locaux, dont les élus, à la diversité.
Cuisiner ensemble
Pour ce faire, le CJE a tenu 12 ateliers culinaires, les Petites Tablées interculturelles, à l’École Hôtelière des Laurentides, de 2021 à 2023. Un chef issu de la diversité ethnoculturelle y présentait un plat de son pays d’origine. Les participants, des jeunes et des élus de la région, suivaient la recette, tout en s’entraidant et en discutant.
« On a beaucoup de communautés culturelles dans la MRC. […] On a fait des belles rencontres », s’est souvenu André Genest, préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut, lors du lancement. « À chaque Petite Tablée, on se disait : « Wow ! C’était la meilleure » », a raconté France Léveillé, du CJE, contente du succès des ateliers. En tout, 127 personnes ont participé aux Petites Tablées.
Découvrir
En plus de faire découvrir une nouvelle culture, les recettes mettent à l’honneur des ingrédients exotiques. Lorsque nous avions participé à l’une des tablées pour un reportage, en novembre 2021, le chef Rafael Meirelles nous avait fait cuisiner un bobò de camarão : une spécialité du Brésil qu’il affectionnait particulièrement. Parmi les ingrédients se trouvaient du manioc : une racine semblable à la pomme de terre. « Le manioc est très versatile. Au Brésil, c’est un des ingrédients qu’on utilise le plus. On peut en faire une crème, des frites, de la farine, de la gomme… C’est fantastique ! S’il y a un ingrédient qui pourrait représenter le Brésil, ce serait le manioc », avait expliqué Rafael.
En plus d’ouvrir les horizons des participants, ces ingrédients peuvent jouer un rôle déterminant dans l’intégration des nouveaux arrivants, explique Cynthia. Elle donne l’exemple des pois pigeons, que la chef Maydone Finley utilise dans sa recette des Bahamas. Lors de la Grande Tablée, les organisateurs ont dû faire « toutes les épiceries de Mont-Laurier à Laval, et même à Montréal » avant d’en trouver, raconte Cynthia. Selon elle, l’accès à ces aliments permet aux personnes immigrantes de se sentir chez elles. Depuis, des épiceries de Saint-Jérôme ont d’ailleurs ajouté les pois pigeons à leur inventaire, se réjouit Cynthia.
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À la fin de l’année, les ateliers culinaires étaient couronnés d’une Grande Tablée interculturelle, où les recettes étaient préparées par des élèves de l’École Hôtelière. C’était l’occasion de partager un repas tout en faisant des découvertes culinaires et culturelles.
Avec le livre de recettes, on souhaite rendre accessibles ces découvertes au grand public. Recettes interculturelles des Pays-d’en-Haut sera d’ailleurs disponible sur le site web du CJE bientôt. Son lancement était fait dans le cadre de la Semaine québécoise des rencontres interculturelles.
Le projet a été rendu possible grâce, entre autres, à une subvention du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI). Les organisatrices espèrent une suite. Si elles parviennent à obtenir la subvention de nouveau, les prochains ateliers pourraient se ternir dès le printemps 2024.