Du calibre scolaire à la LCF : Les Québécois sont reconnus avoir du chien pour réussir ! » – L.-P. Bourassa
Par Luc Robert
Lorsque les Alouettes de Montréal ont remporté la 8e Coupe Grey de leur histoire, le dimanche 19 novembre dernier au stade Tim Horton de Hamilton, le spécialiste des longues remises, Louis-Philippe Bourassa, a complété la rencontre historique les deux mains bandées.
Pour le joueur de 32 ans, il n’était pas question de se plaindre des douleurs intenses aux phalanges qu’il ressentait, lui qui avait perdu la grande finale de la 106e Coupe Grey avec Ottawa, devant les Stampeders de Calgary, en 2018.
« Les mains d’un snaper, c’est mon principal outil de travail pour lancer la ballon entre mes jambes au botteur Joseph Zema (dégagement), ou à David Côté (placements et convertis). Ça aura pris une dizaine de minutes pour que les soigneurs m’installent les bandages, mais grâce à eux, j’ai pu compléter le match. Même dans la douleur, les Québécois sont reconnus avoir du chien pour réussir », a lancé le no. 50, en prélude à la visite des Als à la cafétéria de l’école secondaire Saint-Stanislas.
Unités spéciales
Bourassa semble tiré d’un moule différent des autres joueurs. Sélectionné par le Rouge et Noir d’Ottawa au 4e tour, 36e au total lors du repêchage 2017 de la Ligue canadienne de football (LCF), le natif de Shawinigan a fait sa niche dans la capitale fédérale pendant 5 ans, avant de faire son nid avec les Alouettes en 2023. Il servait de relayeur de ballon lors de la séquence record de 69 placements consécutifs réussis par le botteur d’Ottawa, Richie Leone.
« Les unités spéciales, c’est un concept d’équipe. Il faut que les trois maillons de la chaîne (relayeur, teneur et botteur) soient synchronisés. Je dis aux jeunes qui veulent devenir spécialiste des remises qu’il faut pratiquer plusieurs éléments : une technique identique de mouvements, des répétitions à grands volumes, une vélocité de lancer en spirale et surtout une constance. J’allais oublier la précision, qui devient aussi essentielle. La cible à l’autre bout pour les dégagements, se situe entre les hanches et les numéros avants du gilet du botteur. C’est toujours là que tu obtiendras du succès », a-t-il convenu.
À Hamilton, en battant les Blue Bombers de Winnipeg par la marque de 28-24, lors du match de la 110e Coupe Grey, les Moineaux remportaient à nouveau la coupe Grey, 13 ans après leur dernière conquête.
« La Ligue canadienne, c’est notre identité : du football à seulement trois essais, qui te forcent à développer de manière plus importante qu’ailleurs (LNF) tes unités spéciales. Ça reste une histoire de précision, si tu ne veux pas être sur la sellette. Et ça se pratique dès les rangs scolaires, collégiaux et universitaires. Puis, pour parvenir aux professionnels, il faut qu’on aille jusque dans nos tripes, sortir nos meilleurs blocs à l’attaque et nos meilleurs plaqués en défensive. Et le jeu physique, ça nous connaît bien, les Québécois», a repris le long snaper.
Travailleur de l’ombre
À 6’03’’ et 232 livres, Bourassa l’ex-Diablos de Trois-Rivières avoue que sa position représente celle d’un travailleur dans l’ombre.
« Ça prend des spécialistes comme nous pour faire un tout. Les carrières sont courtes et j’apprécie chaque saison de plus que je dispute dans la trentaine. J’ai bouclé la boucle, avec cette conquête de la Coupe Grey. J’arriverai serein au camp d’entraînement de Saint-Jérôme. Oui, je lutte toujours pour mon poste, mais j’ai le sentiment du devoir accompli. »