(Photo : Courtoisie)

Documentaire : Ce train qui passait au coeur de nos villages

Par Simon Cordeau

D’abord un chemin de fer rêvé par le curé Labelle, maintenant un parc linéaire unique au monde, le P’tit Train du Nord traverse toujours le coeur de nos villages. Le documentaire La Grande Histoire du P’tit Train du Nord, diffusé cet automne, raconte comment il a influencé le développement des Laurentides, comment il rythmait la vie de ceux qui le côtoyaient, et sa valeur encore aujourd’hui pour lier nos communautés.

« On a rencontré des gens qui ont connu le train, qui l’ont pris, qui ont vu sa fin et la fermeture du chemin de fer. C’est un film historique avec des témoignages humains, de gens qui l’ont vécu », explique Jean-Nicolas Orhon, réalisateur, scénariste et monteur du documentaire.

Connecter les Laurentides

Dans le documentaire, l’historien Richard Lagrange explique comment les gares étaient et sont encore des centres névralgiques de nos communautés. Courtoisie

Dans le documentaire, on explique que les différentes régions du Québec se sont développées autour d’une rivière qui se déverse dans le fleuve Saint-Laurent, comme les rivières Saint-Maurice ou Richelieu. Mais celles des Laurentides, les rivières du Nord, Rouge, du Lièvre et Gatineau, se déversent dans l’Outaouais. Plus isolée, la région avait donc besoin d’un moyen de transport alternatif pour se développer durant la colonisation.

En plus d’apporter des colons vers le nord, le train change complètement l’évolution des Laurentides. Autour des gares se forment des noyaux villageois qui deviendront nos municipalités d’aujourd’hui. Le transport ferroviaire permet l’industrialisation de la région, des papeteries Rolland à Saint-Jérôme et Sainte-Adèle jusqu’à l’industrie forestière à Mont-Laurier, en passant par les scieries.

Surtout, les gares deviennent des centres névralgiques de communication, explique M. Orhon. « Ça rythmait la vie des gens. À la gare, les gens avaient l’heure grâce à l’horloge. Le train amenait aussi la poste dans les Laurentides. Il y avait même le télégraphe. Le train, vraiment, a relié les Laurentides au reste du monde. »

Plus tard, il permettra aussi le développement de la villégiature et du tourisme : estival pour ses lacs, automnal pour ses couleurs, et hivernal pour ses montagnes et ses sentiers de ski. D’ailleurs, le train trouve son surnom en raison des trains de neige. Ceux-ci amenaient les skieurs de Montréal la fin de semaine, mais ne comptaient que quelques wagons, contrairement aux longs trains de marchandise. On prenait donc le « P’tit Train du Nord » pour aller skier.

Unir la région

Le Parc linéaire du P’tit Train du Nord est utilisé en toutes saisons, par les locaux et les touristes. Courtoisie

À l’époque, construire le chemin de fer a pris beaucoup de temps. C’était d’abord un défi technique, de passer à travers les forêts, les montagnes et le territoire accidenté des Laurentides. Ensuite, il fallait négocier avec chacune des municipalités qu’il traverse, souligne-t-on dans le documentaire. Aujourd’hui, le P’tit Train du Nord traverse toujours 26 municipalités. Lorsque le train a cessé ses activités, il était donc vital de préserver ce long territoire qui lie toute la région. « Aujourd’hui, renégocier tout ça, ça paraît impossible », illustre M. Orhon. En 1996, l’emprise devient donc un parc linéaire multifonctionnel, un corridor vert qui profite tant aux locaux qu’à attirer des touristes. « C’est un bien collectif », ajoute le documentariste.

Les gares, elles aussi, ont dû être sauvées. Après l’arrêt du train, une démolition « systématique » de celles-ci avait commencé, apprend-on dans le documentaire. Mais des citoyens engagés se mobilisent et parviennent à sauver 13 d’entre elles. En plus de ponctuer le Parc linéaire et de lui donner un charme unique, les gares sont devenues des lieux de mémoire, où s’organisent des activités communautaires et culturelles. Encore aujourd’hui, elles sont au coeur de nos villages.

Avec son documentaire, M. Orhon voulait aussi préserver la mémoire vivante du train. « C’est un projet initié par la MRC d’Antoine-Labelle. On voulait beaucoup donner la parole aux gens qui ont connu le train. C’était ça, l’urgence. Plus ça va, plus ces gens se font vieux. Dans 25 ans, il n’y en aura plus, ou presque plus, des gens qui l’ont connu. […] C’était une autre époque. »


Horaire des projections

Des projections ouvertes au grand public et gratuites seront organisées partout dans les Laurentides. Les dates et les endroits seront annoncés prochainement. Consultez le site web de la MRC d’Antoine-Labelle pour tous les détails.

NDLR : Une version précédente de cet article indiquait par erreur des dates de projection en octobre. Il s’agissait toutefois des dates de lancement du documentaire dans les différentes MRC. Celles-ci sont sur invitation seulement. Désolé pour la confusion.


Le P’tit Train du Nord en chiffres

  • 234 km, de Bois-des-Filions à Mont-Laurier;
  • 13 gares;
  • 6 rivières et 7 lacs;
  • 26 municipalités.

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