Dirty Devil Vodka : la pureté du goût
Par Simon Cordeau
Lorsqu’on produit des spiritueux, il est difficile de faire sa place sur les tablettes… et de la garder ! C’est pourquoi Dirty Devil Vodka offre un produit unique, explique l’entrepreneur de Morin-Heights François Tremblay, président et fondateur de Spiritueux St-Lucifer.
Sa vodka est la seule au monde à être mélangée à de l’eau hyper-oxygénée, grâce à un processus breveté. « Les nano-bulles d’oxygène vont chercher les impuretés de l’alcool. Ça rend son velouté unique. Notre vodka est très, très douce au nez et à la bouche. C’est ce qui nous démarque. » Elle est aussi distillée cinq fois et filtrée trois fois, pour rehausser cette douceur. Enfin, elle est faite à base de maïs. « Ça lui donne un goût un peu plus sucré et épicé, comparé aux vodkas à base de pomme de terre. »
Prendre les bons risques
L’entrepreneur de Morin-Heights a aussi lancé La Dolce Vita Seltzer, le premier seltzer québécois. « Le marché du prêt-à-boire est très difficile. Depuis les deux dernières années, il y a beaucoup de gros joueurs américains. Et la saison est tellement courte au Québec. Il y a eu de la pluie les trois derniers samedis… Donc pour le moment, on se concentre sur la vodka », confie M. Tremblay.
L’entrepreneur a d’ailleurs un modèle d’affaires différent des microdistilleries québécoises pour Dirty Devil Vodka. Toute l’opération, comme l’administration, l’entrepôt et les ventes, est établie à Morin-Heights. Mais la vodka, elle, est produite à Cowansville en Estrie, en sous-traitance.
« Ça nous permet d’investir notre énergie et notre argent dans la mise en marché, et ça diminue le risque. » M. Tremblay donne l’exemple de la Distillerie du St. Laurent, qui a dû se placer sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, en mars dernier. « C’est un produit phare, l’un des premiers gins au Québec. Ils avaient investi beaucoup dans l’équipement. Et probablement que les taux d’intérêt ont fait très mal. » Aussi, la plupart des microdistilleries qui ont leur propre équipement ne produisent que quelques jours par mois. En faisant affaires avec un sous-traitant qui utilise ses équipements « à plein », cela permet à la vodka d’être « très compétitive », explique M. Tremblay.
Comme Dirty Devil Vodka est produite pour plusieurs marchés, cela assure aussi un produit identique à chaque fois. « Ce n’est pas toujours le cas pour les microdistilleries. Certaines se font refuser des produits par la SAQ, parce qu’il y a des variations. Nous, on n’a jamais eu ce problème. » L’entrepreneur souligne que son modèle d’affaires n’est pas unique : Red Bull, par exemple, fait de même. « J’ai beaucoup d’admiration pour les vrais artisans. Il y a des petits produits extraordinaires, mais ce n’est pas toujours rentable. C’est un choix à faire, et nous, on met l’accent sur la rentabilité. On a des gros objectifs, et on y va pas à pas. »
Un pas à la fois
Toutefois, même avec un produit unique, il faut investir beaucoup en marketing pour se faire connaître, ici comme ailleurs. « C’est un énorme marché, la vodka. C’est bien beau être sur les tablettes, mais il faut que ça se vende. » Grâce à des dégustations en succursale de la SAQ et des ententes avec des restaurateurs, M. Tremblay fait connaître son produit. « On est la seule vodka québécoise sur le listing de LCBO, en Ontario. C’est très difficile : ils nous donnent six mois pour faire des chiffres. Sinon, ils nous enlèvent du listing. Nous, on a réussi », raconte l’entrepreneur.
En plus du Québec et de l’Ontario, Dirty Devil Vodka est vendue sur la cote est américaine jusqu’en Floride, et maintenant au Mexique, se réjouit M. Tremblay. Elle sera aussi la vodka officielle du tournoi de tennis Omnium Banque nationale, en août à Montréal et à Toronto. « On est très fiers. On aura un très grand espace cocktail à Montréal. »