(Photo : Marie-Catherine Goudreau)
Léandre Raymond-Desjardins, propriétaire des Jardins de la Fourchette.

Cultiver face aux changements climatiques

Par Marie-Catherine Goudreau

Il fait 30 degrés Celsius dehors en cette première semaine de juillet, mais le ressenti dans le champ est d’au moins 40 degrés. « C’est une année particulièrement difficile. On a eu un printemps inondé et un été super sec, avec des gros orages. Ce sont des pointes qui complexifient le travail chaque fois », soutient Léandre Raymond-Desjardins, propriétaire de la ferme maraîchère les Jardins de la Fourchette à Mirabel. Mais ces températures difficiles ne l’arrêtent pas, car sa passion peut surmonter bien des épreuves.

Léandre a baigné longtemps dans le domaine de la restauration en tant que cuisinier. Il est donc habitué à des conditions de travail difficiles. « Je travaillais dans un restaurant qui utilisait beaucoup des produits locaux. Ça m’a ouvert les yeux sur la qualité des produits des travailleurs agricoles d’ici. Je voulais être de ce côté là de la chaîne », raconte-t-il. Ainsi, souhaitant se rapprocher de la production de légumes et de la terre, il a quitté le milieu pour aller travailler à la Ferme des Quatre-Temps. Celle-ci forme des agriculteurs selon les principes de l’agriculture « biointensive ». Il s’agit d’un système de culture permettant d’obtenir plus de rendement sur des petites surfaces.

Celui qui a grandi sur une ferme de foin avec des parents éleveurs de chevaux de course était en terrain connu lorsqu’il a démarré sa ferme en 2020. Il loue donc la terre familiale pour son entreprise. « C’est tellement dur avoir une terre agricole en ce moment. Si je n’avais pas eu cette opportunité, je n’aurais pas réussi à démarrer ma ferme », dit-il. Après une première année à partir de zéro, il a aujourd’hui deux employés qui travaillent à la ferme, en plus de sa conjointe qui l’aide.

Une agriculture responsable

« L’environnement, c’est au coeur de nos valeurs », souligne Léandre. Mais sous ses yeux de cuisiniers, sa priorité était surtout d’avoir des produits de qualité, et cela passe par la production à petite échelle, croit-il. Il allait donc de soi de suivre les pratiques biologiques et écoresponsables lorsqu’il a démarré ce projet.

Il a d’ailleurs obtenu une certification biologique Québec Vrai en mai dernier. Le maraîcher suit également les principes de l’agriculture regénératrice. Selon lui, il s’agit de donner plus à la nature que ce que tu lui en demandes. « Par exemple, on évite de labourer, on essaie de favoriser l’émancipation des micro organismes dans le sol, de ne pas changer les strates de sols, etc. »

« Ce qui est rassurant, c’est qu’on a l’impression de travailler à limiter les changements climatiques. Mais en même temps, on les subit de plein fouet. »

-Léandre Raymond-Desjardins

« Au lieu de se battre contre les écosystèmes, on essaie de venir s’imbriquer, comme des engrenages, pour y contribuer », explique l’agriculteur.

Il utilise aussi la pratique des « planches permanentes ». « Le but de cette pratique est de préserver la structure du sol en évitant de le labourer en profondeur et de retourner les couches du sol. Cela a pour effet de bouleverser l’écosystème, dont celui de nos précieux amis les vers de terre », peut-on lire sur le site web.

Un métier difficile et stimulant à la fois

« Autant que ce métier est difficile, autant qu’il est passionnant et ultra stimulant. On en apprend tous les jours et on s’ennuie jamais. Mais il faut aimer relever des défis. Il y a quelque chose de vraiment gratifiant dans le fait de faire pousser des légumes pour nourrir les gens », dit-il.

Les changements climatiques ajoutent une difficulté supplémentaire au domaine, qui dépend principalement de la température. « On a atteint un record hier avec la température la plus élevée jamais enregistré sur la Terre. Des feux de forêts et des inondations, il va en avoir encore plus », déplore Léandre. « Ce qui est rassurant, c’est qu’on a l’impression de travailler à limiter les changements climatiques. Mais en même temps, on les subit de plein fouet », affirme-t-il.

Un des autres grands défis, c’est la distribution des légumes. Ainsi, Léandre opte pour plusieurs options pour vendre ses produits. Il se rend dans des marchés, propose une formule d’abonnement à des paniers avec le Réseau des fermiers de famille, puis vend aussi ses légumes à des restaurants. « Pour l’instant, ce sont des restaurants à Montréal et Laval, mais j’aimerais bien distribuer à certains des Laurentides. »

Par chance, Léandre peut compter sur des clients fidèles qui reviennent au poste chaque année.


Où trouver les produits des Jardins de la Fourchette ?

  • Les dimanches de 9 h à 13 h au marché de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson
  • Les vendredis de 9 h à 18 h au marché Jean-Talon à Montréal
  • Brasserie Herman à Prévost : Les jeudis en formule 5 à 7
  • Abonnement aux paniers aux points de ramassage suivants :
    • Sur place à la ferme à Saint-Janvier (Mirabel)
    • Le P’tit magasin à Saint-Sauveur
    • Cégep de Saint-Jérôme

Pour plus de détails, visitez leur site web.

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