L’environnement : un enjeu municipal
Par Simon Cordeau
On parle souvent de l’environnement comme d’un enjeu mondial, qui demande une collaboration internationale. Dans ce contexte, quel impact concret les municipalités peuvent-elles avoir sur l’environnement de leurs citoyens? Discussion avec des élus municipaux.
Un cercle vertueux
« C’est vraiment les municipalités qui peuvent tout faire, qui devraient tout faire », croit Joey Leckman, conseiller municipal à Prévost. Pour preuve, il donne le Virage vert, un plan d’action environnemental complet duquel Prévost s’est doté. Installation de bornes électriques, stationnements incitatifs, flotte de véhicules électriques, gestion des eaux usées et des matières résiduelles, plantation massive d’arbres, achat local : tout y est.
Cela fait dire à M. Leckman que Prévost est maintenant l’une des municipalités les plus environnementales.
« Beaucoup de groupes environnementaux nous ont dit : « Enfin, quelqu’un qui a fait le boulot pour de vrai. » »
Surtout, cela crée un effet d’entraînement, un « cercle vertueux » comme le dit M. Leckman. Les bornes électriques incitent davantage de citoyens à se procurer une voiture électrique. De nouveaux commerces s’installent, comme Le Pont Vert, une épicerie écoresponsable et zéro déchet. « C’est changer la dynamique de la ville! »
Protéger le territoire
Nathalie Rochon, mairesse de Piedmont, abonde dans le même sens. « C’est la raison pour laquelle je me suis lancée à la mairie il y a 3 ans! » Selon elle, les municipalités jouent un rôle central dans les enjeux environnementaux. « Les municipalités peuvent faire le lien concret avec les citoyens. Elles peuvent faire la différence. »
Mme Rochon donne l’exemple du Havre des falaises, un projet de développement amorcé avant son arrivée en poste. En renégociant avec le promoteur, la Municipalité est parvenue à réduire de 60% le nombre d’habitations prévues, et à transformer 17% du terrain en espaces verts. « Ces terrains sont choisis par la municipalité. Ils sont collés sur la réserve naturelle Alfred-Kelly, pour la protéger encore plus. »
Résultat : 22% du territoire de Piedmont est maintenant protégé. Toutefois, Mme Rochon rappelle qu’aucune taxe ne peut être prélevée sur ces espaces protégés. « C’est comme si on sacrifiait le développement de notre municipalité. Ça met une pression sur la taxation des municipalités. » Si ce fardeau financier était compensé par le fédéral, cela encouragerait les municipalités à protéger davantage de territoire, croit-elle.
La mairesse mentionne aussi que, outre ces grands projets, chaque petit geste compte. « On a installé des ruches. Nos bacs à fleurs sont rendus comestibles. On essaie vraiment d’aller un petit peu plus loin. »
La coopération des citoyens : aussi essentielle
Kathy Poulin, mairesse de Val-David, croit également que les municipalités peuvent avoir un grand impact, de par leur proximité avec les citoyens. Cependant, elle rappelle que les citoyens ont aussi leur mot à dire. « Oui, on a du pouvoir, mais encore faut-il que les citoyens embarquent là-dedans! »
Par exemple, la municipalité a installé des bacs pour collecter le polystyrène, mais ceux-ci devront être retirés. « Des citoyens mettaient n’importe quoi et le contenu était souillé. À l’écocentre, il fallait jeter tout ça », déplore la mairesse.
« C’est plus simple pour les municipalités d’emboîter le pas quand le mouvement vient du provincial. L’ampleur est plus grande, et c’est plus facile de le faire accepter auprès des citoyens. »
Partager la responsabilité
Un autre obstacle important : le manque de ressources. Les sacs de plastique seront bannis dans les commerces de Val-David à partir du 1er décembre, mais mettre cette mesure en place a pris beaucoup de temps. « On a trop de projets! On aurait plus d’ambition, mais on manque de ressources financières », explique Mme Poulin.
Encore une fois, la mairesse croit que le provincial pourrait aider, s’il interdisait aux industries de produire certaines matières non-recyclables ou non-compostables. « Ce qui est pernicieux dans tout ça, c’est que les municipalités vont agir auprès des citoyens, mais ça met beaucoup de pression sur ceux-ci. Si ce sont les industries qui doivent s’adapter, la responsabilité est partagée. »